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La comédie du Sommet !

Certaines déclarations ou actes de personnalités de la haute sphère de l’Etat inspirent cette analyse. A partir de ces faits, l’opinion est fondée à se demander si la direction dans laquelle les dirigeants l’engagent augure de bonnes perspectives pour le pays. Pour ma part, je reste dubitatif sur la qualité des mécanismes de fonctionnement ou de gestion des affaires dans le pays, en un mot la gouvernance mise en œuvre notamment ces dernières années. Les grèves de la Cosynap, des agents des douanes ou des enseignants ont donné l’occasion aux gouvernants de proclamer une fois de plus leur intention de raffermir l’autorité de l’Etat. L’analyse permet cependant d’identifier ceux qui mettent à mal cette autorité. Quand un ministre de la république en vient à relever des directeurs de leurs fonctions, que ceux-ci pour des questions de procédure n’obtempèrent pas et restent en poste des mois durant, il y a matière à réflexion. Qui peut être tenu dans ces conditions pour responsable du manquement à l’autorité de l’Etat ? La contradiction et la guerre d’intérêts entre partisans d’un même pouvoir sont souvent la source de situations conflictuelles dont le pays fait depuis toujours les frais. On peut y ajouter l’activisme des groupes politico religieux et leur influence dans le choix des grandes décisions de l’Etat laïc du Bénin. De plus, les citoyens qui ne se sont pas encore remis du coma de la Lépi, découvrent avec stupéfaction la précipitation avec laquelle le chantier de la révision de la Constitution du 11 décembre 1990 a été ouvert. En procédant ainsi qu’ils le font, les députés de la mouvance présidentielle sont-ils assurés de porter véritablement les aspirations du peuple béninois et d’aider au renforcement de la démocratie? Le peuple peut être contraint à l’obéissance pendant un temps, mais jamais tout le temps. Sur un autre plan, d’aucuns affirment que la gestion du pays repose pour l’essentiel sur les effets d’annonce. Les faits ne manquent pas pour étayer leurs propos. En voici quelques uns : i- pendant que les réformes annoncées à grand renfort de publicité se font attendre, on note l’embrouillement par les initiateurs des domaines concernés par ces réformes : aujourd’hui personne ne sait à quoi s’en tenir, s’agissant du PVI ; ii- le gouvernement annonce une prévision de 600 mille tonnes de coton pour la campagne de 2006 alors que de 2006 à 2011, aucune campagne cotonnière n’a enregistré la moitié de cette prévision soit 300 mille tonnes; iii-le Chef de l’Etat a appris et démontré à l’opinion publique que le dégagement de l’enceinte portuaire des véhicules gros porteurs relève de ses charges et qu’il sait s’en acquitter avec compétence. Résultat : le port est toujours encombré. ; iv- la marche verte contre la corruption organisée par le Chef de l’Etat au début de son premier mandat, n’a donné aucun résultat ; malgré l’adoption de la loi anti-corruption et l’occupation de l’administration publique, des offices et sociétés d’Etat par les commissaires militaires du gouvernement, le phénomène de la corruption ne semble pas reculer ; il est au contraire devenu plus endémique et v- l’adoption tambour battant de la charte du gouvernement. Si les Béninois en ont entendu parler, ils n’ont pas remarqué de nouveaux comportements des membres du gouvernement. Pendant ce temps, nos gouvernants continuent d’inventer. La nouvelle trouvaille s’appelle charte nationale pour la gouvernance du Bénin. En fait, l’imagination est une bonne chose quand elle permet de réaliser des bonds qualitatifs. Si non, c’est une comédie. On peut déjà s’interroger sur la pertinence du mode de gestion par l’Exécutif du dialogue social avec les partenaires sociaux. Le spectacle gratuit offert dans ce cadre au palais de la présidence de la république par le président du bureau national de l’association des parents d’élèves en s’agenouillant pour demander pardon à qui l’on ne sait, est caractéristique du peu de sérieux que certains accordent aux problèmes brûlants. En vérité, la démarche du gouvernement dans la gestion des conflits avec les travailleurs défie l’entendement. L’admiration plusieurs fois affirmée du Chef de l’Etat pour le sérieux des Chinois au travail tombe avec les ballades de générosité de ses ministres à l’intérieur du pays à l’issue de la gestion approximative des malaises sociaux par le même gouvernement. Au surplus, certaines déclarations des gouvernants rendent pantois le citoyen. Le ministre qui voit le président de la république en lion blessé renseigne sur la nature des rapports qui existeraient entre ce dernier et ses collaborateurs. Trêve de débat pour ceux qui sont toujours à la recherche de boucs émissaires qui endosseraient les décisions incohérentes ou qui s’écartent de l’intérêt général. Car le rapport qui existe entre le lion et les autres animaux est fait de terreur, de violence gratuite et de domination aveugle, de sorte qu’aucun animal ne peut se permettre des libertés dans l’entourage du roi de la forêt. Le ministre qui prend conscience de cela et qui continue d’être dans l’environnement du lion encourt un grand risque, par défaut d’appréciation des capacités de nuisance du lion. Que le chef de l’Etat laisse percevoir de lui l’image de lion blessé, il y a lieu de s’en inquiéter et d’avoir des appréhensions quant à la conduite efficiente des hommes et de leur émancipation, à la qualité des échanges entre les membres du gouvernement ou entre le président de la république et ses ministres. L’absence de cohésion est l’une des causes de contre performance des organisations politiques ou sociales. Au demeurant, le prochain cinquantenaire démarre très mal pour le Bénin si les choses doivent continuer ainsi. Beaucoup de signes montrent que la construction de notre pays ne sera pas chose aisée, surtout que nous aimons nous rassasier un peu trop de formules plates et creuses du genre : « Dieu aime le Bénin », ou encore, « le Bénin est le laboratoire de la démocratie ». L’organisation d’une nouvelle conférence nationale est la solution préconisée par l’un des participants de la conférence de février 1990 pour venir à bout des maux qui minent le Bénin en 2012 et qui sont la résurgence de ceux qui ont provoqué cette conférence. Et pourtant, ce sont ceux qu’on peut à tort ou à raison désigner comme les principaux acteurs de ladite conférence qui ont investi aujourd’hui la plupart des centres décisionnels de l’Etat. Cet échec, c’est d’abord le leur, même s’ils n’en ont cure. Ils rivalisent d’ingéniosité, leur objectif étant de se rendre incontournables. En effet, ils sont les premiers à crier à la perte des valeurs, à proclamer leur attachement à l’éthique et à organiser beaucoup de bruits autour de ces thèmes. C’est à l’opinion elle-même de savoir, à l’instar de La Fontaine, que ces flatteurs veulent vivre à leurs dépens. Puisque ces gens refusent de se cacher parce que sans scrupule, c’est au peuple d’être vigilant pour éviter de continuer à être leur proie facile. Pour en venir à la conférence de février 1990, elle apparaît avec le recul, dans son mode d’organisation, comme une thérapie inadaptée ou peu efficace face aux maux qui empêchent le Bénin de décoller. L’approche pédagogique qui permet de venir à bout des problèmes du pays est l’éducation par l’exemple et cet exemple doit venir du haut. Il appartient au peuple de se montrer plus vigilant et plus déterminé pour exiger que le haut incarne l’idéal républicain fait liberté, de justice, de travail et de patriotisme. Paul C. ABITAN

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