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DECLARATION DU PARTI COMMUNISTE DU BENIN

 


PARTI COMMUNISTE DU BENIN (P.C.B)

01 B.P. 2582 Recette Principale Cotonou (Rép. du Bénin)

 Cél. : 97 98 35 65 – Site :www.la-flamme.org

 

 

 LA CORRUPTION DE DIRIGEANTS SYNDICAUX : UNE GANGRENE A ERADIQUER POUR ALLER DE L’AVANT

 

Dans un papier en date du 06 mai 2012, le Secrétariat Exécutif National de la Fédération des Syndicats de l’Education Nationale affiliée à la CSTB (FéSEN/CSTB), ripostant aux actions de sabotage de la grève lancée par la FéSEN pour les 08 et 09 mai 2012, a dénoncé les comportements par trop douteux de certains responsables du Front des Trois Ordres d’Enseignement. Il s’agit de :

 

1.- la rencontre secrète d’une délégation du Front avec Boni Yayi à Tchaourou le 04 mars 2012 ;

 

2.- la rencontre de sept (7) membres de la direction du Front le 06 mars 2012 à la Présidence de la République de 18 heures à 22 heures pendant que les délégations des autres composantes étaient éconduites, alors que toutes les composantes réunies avaient dirigé dans la matinée du 06 mars une manifestation de rue à la Primature ;

 

3.- l’attitude de complicité manifeste des responsables du Front avec la tentative de corruption organisée par le Ministre DJEMBA le 16 avril dans son bureau à l’endroit de responsables du mouvement enseignant, tentative avortée par la vigilance des responsables de la FéSEN.

 

Bien sûr, on peut penser que ces dénonciations par la FéSEN viennent confirmer ce dont tout le monde se doutait bien. En effet, Boni Yayi et son gouvernement, ébranlés par la fermeté des enseignants, ont été les premiers à mettre à nu leurs agents soudoyés. Ainsi, le jeudi 08 mars 2012, alors que conformément aux conclusions des négociations de la veille, les participants syndicaux à la Commission Permanente de Négociations Gouvernement/Syndicats attendaient des propositions du gouvernement, le Premier Ministre Koupaki suivi de tous les autres ministres présents ont formellement et d’entrée de jeu accusé Paulin Gbénou, porte-parole du Front des Trois Ordres d’Enseignement, de manquer à son engagement pris avec Boni Yayi de mettre fin à la grève en cours. Ensuite, le 12 mars 2012, lors de la sinistre séance organisée au Palais de la Présidence de la République, Boni Yayi lui-même a dénoncé nommément Paulin Gbénou et ses acolytes de la direction du Front comme des «enfants qu’il reçoit tout le temps à leur demande et à qui il ne refuse rien». La corruption active de dirigeants syndicaux était ainsi avouée par le Chef corrupteur lui-même, le Président de la République. Il apparaissait déjà nécessaire que le mouvement syndical en particulier, le mouvement associatif en général engage un combat contre ce fléau en son sein.

 

Ce fléau a pris au Bénin sous le Renouveau et davantage sous le Changement et la Refondation des proportions inouïes. Déjà sous le pouvoir de Soglo, des appels de suspension de mots d’ordre de grève lancés au petit matin du jour de démarrage du mouvement par des responsables opportunistes sans aucune consultation des bases, au-delà du piétinement des normes d’éthique syndicale, ont eu pour motivation essentielle la corruption de responsables. Il en été ainsi du mouvement étudiant. Ces responsables étaient ainsi récompensés en espèces sonnantes et trébuchantes pour leur trahison de la cause des travailleurs. A leur exemple, des éléments arrivistes se sont lancés dans la création de syndicats, avec le soutien des gouvernants, pour diviser les travailleurs et s’enrichir par la promotion à un poste de directeur et pour «bouffer». Yayi, avec sa politique systématique de dépendance à sa propre personne a accéléré le phénomène. Le mécontentement des travailleurs et leurs légitimes revendications sont devenus pour ces arrivistes un fond de commerce sur lesquelles ils spéculent. Et dès que des mouvements sont engagés sur la pression de la base, ces responsables s’organisent pour en récolter le maximum de profits personnels ; et après s’être bien vendus, ils se mettent fébrilement à rechercher eux-mêmes des «médiateurs» (parmi les anciens présidents, les hautes personnalités religieuses ou traditionnelles) afin de couvrir leur trahison et la conduite des luttes au garage. Ainsi s’expliquent la multiplication des syndicats, notamment au niveau des enseignants et des étudiants ainsi que la pratique nauséeuse des responsables du Front. Ces responsables agissent donc pour la plupart comme de véritables affairistes, spéculant consciemment sur la révolte des affamés et des opprimés. Les officines des puissances impérialistes, pour combattre le mouvement émancipateur révolutionnaire au Bénin se sont également investies pour susciter des organisations dites de la société civile qui ne vivent que des subventions étrangères. Le ton est ainsi donné à la création d’ONG avec pour principal objectif, capter les ressources étrangères.

 

Le mouvement en cours des enseignants aura permis des avancées. Tout d’abord, il a permis à tout le monde de voir la réalité de la nature du pouvoir de Boni Yayi, une autocratie d’un autre âge, mensongère et inhumaine. Il aura aidé à isoler les traîtres bien connus tel Martin Bakary et autre Madjidi (responsable du COSEN) qui ont appelé ouvertement à l’écrasement du mouvement devant les menaces du despote. Mais, il inaugure un autre chantier, plus important, plus difficile mais plus essentiel, celui du combat au sein du mouvement syndical contre la corruption active des dirigeants qui vendent les intérêts et les sacrifices de leurs militants pour des sous.

 

Le phénomène de corruption de responsables syndicaux ne date pas du pouvoir de Boni Yayi et ne se limite pas à notre pays. Il est inhérent à la lutte des classes exploiteuses et oppresseuses contre les exploités et les opprimés. Le pouvoir oppresseur, afin d’affaiblir les luttes des opprimés, tente toujours de corrompre les dirigeants. Il y a, bien  connu, ce que Anne Kruger de la Banque Mondiale a dénommé la « corruption douce », quotidienne, à travers les avantages et privilèges pécuniaires non mérités que l’on miroite et accorde aux responsables syndicaux ; il y a les ristournes à travers les multiples séminaires et autres instances rituelles de « dialogue social » d’où rien ne sort. Mais, les révélations du genre de ce dont parle le papier de la FéSEN s’attaquent à la corruption active de dirigeants au cours d’un combat où la carrière et la vie des milliers d’hommes, de femmes et de leurs enfants sont en jeu. Que des responsables tels Anselme Amoussou, Paulin Gbénou, Tony Hodonou conduits par Martin Bakary se rendent dans le plus grand secret à Tchaourou à l’insu de tous y compris de leurs propres camarades du bureau du Front pour aller négocier des engagements avec Boni Yayi qui menaçait et humiliait les enseignants, voilà un comportement de traîtres qui constitue une entrave à lever pour aller de l’avant. Que des responsables du Front acceptent d’être reçus à l’écart de tous les autres combattants avec qui ils venaient de mener une lutte d’ensemble comme ce fut le cas le 06 mars, voilà qui indique que l’on ne lutte pas pour des intérêts du mouvement mais, pour ses propres intérêts égoïstes. Que l’on refuse de rejeter et de dénoncer une autorité qui tente de vous acheter pendant les combats, voilà qui indique que l’on devient, non plus un délégué des travailleurs mais, un commis, un agent des autorités au sein des travailleurs. Et tant que de tels commis, de tels agents demeurent à la tête des mouvements, ils conduiront ceux-ci au garage. Et c’est justement ce que tentent de faire actuellement du mouvement enseignant messieurs Paulin Gbénou, Valère Dotonou et autre Anselme Amoussou.

 

Le mouvement associatif et, plus particulièrement, syndical ne se fortifie qu’en combattant et en éjectant de ces rangs et de sa tête les éléments corrompus et vendus. Des gens pensent et disent que la dénonciation des traîtres, des vendus et corrompus divisent le mouvement. Généralement, ce sont les hommes du pouvoir qui répandent ces bruits de division en voulant faire porter la responsabilité aux dirigeants probes et intègres. Or, les véritables et seuls diviseurs du mouvement émancipateur, ce sont les éléments corrompus et vendus. Si on prend pour exemple le mouvement en cours dans le milieu enseignant, il est clair que les diviseurs sont, en plus des Bakary et autres Madjidi, les Gbénou, Dotonou, Amoussou, etc. Ce sont ces hommes nourris par le pouvoir qui font tout pour enliser les luttes, les conduire au garage.

 

Des responsables de masse intègres et probes ont donné des exemples publics de comportements dignes face à la corruption. Ainsi, Laurent Mètongnon, Secrétaire Général de la FESYNTRA-Finances, a dénoncé publiquement la tentative de corruption faite à son égard par le ministre des Finances d’alors en 2005 dans la lutte contre les tentatives de maintien de Kérékou au pouvoir. En 2007, André Assè, Président de l’UNSEB, a dénoncé dans un papier volant la tentative de corruption organisée par la Présidence de la République à l’égard de la délégation de l’UNSEB qu’il a dirigée pour une rencontre avec Boni Yayi. Il y a sûrement et certainement d’autres exemples de rejet de la corruption active. Mais, il faut aujourd’hui plus que jamais qu’ils soient révélés, connus pour éduquer l’ensemble du mouvement, le fortifier.

 

Si cette dénonciation des tentatives de corruption active est un devoir des responsables de masse impliqués, le plus important reste l’attitude des militants à la base, l’attitude des masses combattantes. Il est vrai que le premier devoir du militant est de s’acquitter de ses obligations statutaires : accomplir diligemment ses tâches et payer ses cotisations. Mais, il y a plus ; il y a le contrôle de l’activité des dirigeants pour que l’organisation entière atteigne ses objectifs. Ce qui permet, autorise, couvre la corruption de responsables élus, c’est l’absence de contrôle de leurs actions par les militants. Or, le contrôle de l’activité des responsables élus se fait en temps ordinaire, en dehors des moments de lutte, à travers l’exigence de tenue régulière des instances statutaires et les comptes rendus publics des décisions : réunion régulière des bureaux, des conseils syndicaux, des congrès, éditions de journaux, publication des résultats des rencontres et séances avec les autorités. Sans exigence de la tenue de ces instances et la publication des résultats et décisions, il s’instaure progressivement, insidieusement une atmosphère d’opacité où les responsables syndicaux peuvent se croire tout permis et tout autorisé. Bien sûr, alors que les autorités rendent compte à leurs mandants (et l’obligation de compte rendu est érigée aujourd’hui en règle de bonne gouvernance), dans le même temps elles parlent de secret des délibérations pour freiner les comptes rendus des délégués syndicaux à leurs mandants, les travailleurs. Il est alors clair qu’un responsable syndical qui se sentirait lié par le secret de délibération avec l’employeur pour se refuser à faire le compte rendu à sa base devient du coup un agent complice, un agent comploteur au service de l’employeur. Il se transforme en un bureaucrate, un bonze syndical coupé des préoccupations des masses, des travailleurs. L’exigence des comptes rendus réguliers est par conséquent un droit et un devoir des travailleurs à la base pour le renforcement de leurs organisations et le maintien de dirigeants probes à la tête.

 

Pendant les moments de lutte, non seulement ces comptes rendus au jour le jour deviennent des nécessités expresses mais, le succès des luttes requiert des dispositions particulières que l’histoire a consacrées. Il s’agit de la mise en place de comités et de la tenue régulière, voire quotidienne d’assemblées générales souveraines des combattants. Le mouvement de grève, une fois lancé, exige, pour sa poursuite et sa victoire, d’être dirigé pratiquement par des comités mis en place par des Assemblées Générales des grévistes. Ces assemblées générales et leurs comités libèrent les responsables syndicaux qui peuvent se consacrer aux négociations avec les autorités et à la recherche de soutien du mouvement avec d’autres secteurs et d’autres forces. Ce sont ces assemblées générales qui examinent les résultats des négociations et décident souverainement de la suite du mouvement. Ces assemblées générales assurent la mobilisation des forces des combattants, organisent la lutte contre les nervis du pouvoir, contre les briseurs et les saboteurs. Ces assemblées générales souveraines libèrent ainsi également les responsables syndicaux des multiples pressions qui s’exercent sur eux de la part du pouvoir, de parents, d’amis, de partenaires plus ou moins occultes.

 

Les mouvements de masse qui ont connu de grands succès ces temps derniers ont été conduits de cette manière par des assemblées générales souveraines de travailleurs. Ainsi, le mouvement des masses tout au long de l’année 1989 et qui a renversé le pouvoir autocratique de Kérékou a été conduit par des Comités, les mémorables Comités d’Action qui organisaient et dirigeaient des assemblées générales pour des décisions adéquates. Plus récemment en 2010, la grève des enseignants du Supérieur qui a duré plusieurs mois et a abouti à la satisfaction totale de leurs revendications a été conduit par des assemblées générales souveraines avec un comité spécial de crise. Les luttes au ministère des Finances sous la direction de la FESYNTRA-Finance aboutissent généralement à des résultats satisfaisants pour les travailleurs justement à cause de la tenue hebdomadaire d’assemblées générales souveraines.

 

Evidemment, les responsables bureaucrates, vendus et corrompus ne sont pas disposés à libérer les assemblées générales. Ils s’en servent au mieux quand cela leur est utile. On comprend pourquoi, actuellement, les responsables vendus du Front dispersent et fuient les assemblées générales ou leur dénient leur caractère souverain dans la décision et la conduite des mouvements.

 

Aujourd’hui, les travailleurs, la jeunesse et le peuple sont confrontés à une tâche urgente, vitale pour leur avenir, celui de la démocratie et du pays : renverser le pouvoir despotique, corrompu et failli de Yayi-Koupaki pour un pouvoir des travailleurs et des peuples qui garantisse les libertés, le contrôle de la gestion du bien public ainsi que l’instruction dans les langues nationales. Le pouvoir autocratique de Yayi manie en plus du mensonge et de la force brutale, la corruption tous azimuts comme arme de destruction des mouvements de protestations et de représentation des populations. Il achète et entretient des députés, des maires et élus locaux, des chefs de partis politiques des haute et petite bourgeoisies, des responsables des associations dites de la Société civile, des chefs religieux des églises diverses, des dignitaires traditionnels. Il achète des journalistes et des marcheurs pour la publicité permanente à sa personne et le lynchage médiatique des dirigeants probes. Il a acheté et entretient des responsables syndicaux. Il démarche assidûment ces responsables au moment des actions de grève et de protestation. Alors, pour vaincre Boni Yayi et renverser son pouvoir de malheur, il faut, aujourd’hui plus qu’hier, indexer, isoler et éjecter des rangs des combattants les responsables corrompus et vendus. Il faut les dénoncer sans retenue. Il faut exiger le fonctionnement régulier des organisations. Et au moment des luttes, il faut instaurer des assemblées générales souveraines qui investissent des comités pour la direction pratique des combats. Il faut débarrasser le chemin des vendus qui barrent la voie à la satisfaction des revendications, la voie de l’émancipation, de la dignité et du salut national.                                                                                                         

 

Cotonou, le 25 mai 2012

 

Le Parti Communiste du Bénin

 

 

 

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