Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

LETTRE D'UN AMI

 

 

 

   
     
 

Aladji Ahovi

 

 

   
     

À

 

Si vous avez quelques billets de US dollars et que vous ne saviez pas quoi en faire la prochaine fois que vous vous rendez en aux USA ou n’importe out ou votre carte de crédit le permet je vous invite à acheter ce livre : The invisible history of human race : how DNA and history shape our identity and our futures par Christine Kenneally édition Viking. Le livre coutait USD 27.95 en 2014. Mais si vous n’aviez pas le temps de lire les 355 pages ou gaspiller vos sous, je vais vous résumer la partie la plus intéressante du bouquin. Selon l’auteur de ce livre la culture encore plus que les gènes est le facteur clé qui définit les valeurs d’une société et les interactions au sein d’une communauté. Les économistes Nico Voigtländer et Hans-Joachim Voth ont constaté que les communautés, villages et villes allemandes qui ont massacré les juifs il a 600 ans quand la peste bubonique ravagea l’Europe furent également les  premières à massacrer les juifs en 1920 lors des pogroms anti-juifs en Allemagne. Ces mêmes communautés furent les premières à livrer les juifs aux nazis en 1940 lors de la planification de la solution finale.

Les professeurs Nathan Nunn et Leonard Wantchekon (brillant béninois) dans une série de recherches ont constaté que les régions les plus pauvres de l’Afrique ont été celles que les marchands d’esclaves ont le plus exploitées. Ces régions ont subi des décennies de razzias qui font que tout étranger était considéré comme un potentiel kidnappeur. Pire dans ces régions pauvres les locaux en sont arrivés à un se méfier mêmes des chefs de villages, de communautés ou de clans devenus pour nombreux les collaborateurs des négriers. Car certains leaders en arrivaient à vendre parfois les membres de leurs communautés, de leurs clans voir pire de leurs familles directes. Ces comportements ont fini par érodé totalement toute confiance au fil du temps selon les deux chercheurs. Des siècles après selon le professeur Wantchekon et son collègue américain les populations qui ont subi les razzias négrières sont caractérisées par un tissu économique insignifiant et une méfiance permanente dans tous leurs rapports et échanges ainsi qu’une absence réelle de confiance entre les gens mêmes dans les cellules de base (famille, clan, communauté). Le lien social dans ces communautés qui a été brisé il a des siècles durant la traite transatlantique n’a jamais été réparé pour permettre l’instauration d’échanges commerciaux pouvant assurer la prospérité de ces communautés. Le constat est cruel ces communautés restent profondément pauvres. Cette thèse de Wantchekon me semble plus digeste que celle de Nicholas Wade qui dans son livre A troublesome Inheritance (que je ne vous invite pas à acheter) attribue la faiblesse des économies africaines à notre profile génétique qui décourage la confiance mutuelle.

Ma conclusion reste la même mes ancêtres d’Agbomey ont participé malheureusement et activement participé au crime le plus horrible crime contre l’humanité et je suis leur descendant et cette cicatrise morale et historique je la porterai non pas comme une croix mais un rappel et je ne pourrai jamais justifier ou trouver des situations atténuantes à l’horreur de traite transatlantique. Et à ceux dont les communautés ont subi directement les razzias de mes ancêtres d’Agbomey je ne peux que me mettre à genoux et demander pardon au nom de mes ancêtres pour les horreurs que vos ancêtres ont subies : crimes commis par ignorance et pour l’appât de gain. Ma deuxième remarque est la suivante et je précise je ne parle pas d’aucun politicien en particulier. Le vol de deniers publics n’est pas génétique (ce serait insulter des familles entières, des clans et des communautés). Le vol de deniers publics est plutôt le fruit d’une culture de l’impunité totale et de l’absence de compte rendu. Nul n’est génétiquement voleur à moins d’être un cleptomane et dans ce cas l’individu est un déviant. J’ai joint l’article des professeurs Wantchekon et Nunn (en anglais). Le chemin est long épineux, glissant tortueux et sans filet de secours pour monter au sommet de l’unité nationale et du développement. Je ne suis pas forcément certain que nous allons en jouir mais si nous refusons de faire un pas chacun dans la bonne direction les uns vers les autres, nous allons nous retrouver dans 100 ans au même point comme aujourd’hui en 2015 après 55 ans d’une comique indépendance.  On ne peut pas vivre ni développer une nation avec les coups bas et les faux coups. Ca n'a jamais marché et ce n'est pas au Bénin que ca va marcher.

Bonne fin de semaine et mes amitiés

Aladji Ahovi.

Je publie ce point de vue sur mon blog en raison de l'identité de vue entre l'auteur et moi.

 

 

 

Les commentaires sont fermés.