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ECONOMIE

 

Mission de l’Union Européenne sur la campagne cotonnière : Des dizaines de milliards de déficit révélées

Il y a quelques jours, il a été dit en filigrane dans une de nos récentes parutions, que le prix de revient du coton issu de la campagne 2012-2013 serait largement au dessus de son prix de vente. Des experts de l’Union Européenne viennent de confirmer la chose. Le Trésor public va perdre des dizaines de milliards de francs Cfa à l’issu du processus de  la campagne cotonnière 2012-2013.

 

 A l’entame, il faut rappeler que suite aux dysfonctionnements constatés dans la filière au cours de la campagne 2011/2012, le Gouvernement a pris la décision de suspendre l’Accord Cadre signé avec l’AIC et de faire gérer, à titre exceptionnel, la campagne 2012/2013 par les Institutions d’Etat, la Sonapra, l’ONS, le CeRPA, les CeCPA et l’ensemble de l’Administration Centrale. Il faut ajouter aussi que dans le cadre des différents appuis que l’Union Européenne apporte au Bénin, il existe un projet d’appui à la filière coton. Une mission d’évaluation dudit projet effectuée courant octobre-novembre 2012, a produit un rapport qui répond à de nombreuses interrogations.

 

Grâce à cette mission de l’Union européenne, on apprend par exemple qu’en tout et pour tout c’est 336.603 ha qui ont été ensemencés cette année grâce à la distribution de 8.915 tonnes de semences dont 4.894 tonnes fournies par AIC. La mission de l’Union Européenne après avoir écouté les égreneurs privés sur le taux que leur propose le gouvernement et le taux auquel ils réalisent d’ordinaire le travail d’égrenage, conclut que « …Si la négociation aboutissait à un forfait inférieur, la prise en compte de ce dernier dans le bilan de la campagne augmenterait d’autant le résultat global de la filière, mais pourrait pénaliser à terme les industriels… ».

 

Dans le même rapport d’évaluation, il est dit d’une part que le coût du coton sur le marché international est plus que dépressif, que compte tenu de la forte baisse anticipée des importations chinoises, les perspectives pour le reste du monde en 2012/13 sont fortement baissières. D’autre part on apprend que les provisions actuelles de la Chine grosse importatrice du coton sont telles  que son arrivée sur le marché est plus qu’hypothétique.

 

 

 

Un extrait qui en dit long

 

Mais au-delà de toutes les données (non exhaustives)  révélées plus haut le plus intéressant pour le béninois est de savoir ce que rapporte finalement le coton issu de la campagne 2012-2013 aux caisses de l’Etat.  A ce propos le rapport de la mission d’évaluation est arrivé à la conclusion qu’on est face d’ « un bilande campagne 2012/2013 particulièrement déficitaire pour les finances de l’Etat. ».

 

Voici les explications contenues dans l’extrait ci-dessous.

 

« … La prise en compte de ces diverses hypothèses permet d’attendre un résultat négatif qui dans le meilleur des cas atteindra 9.1 milliards de f CFA et dans le pire des cas 19.7 milliards f CFA. Mais à ce déficit d’exploitation il conviendra d’ajouter les subventions intrants (9.4 milliards) et perspectives de gap lié au remboursement partiel des produits de traitement (4.5 milliards) portant le déficit de campagne respectivement à 29.4 milliards dans le meilleur des cas et 39.7milliards dans le pire des cas (cf. annexe 15). Ces hypothèses sont bâties sur un taux de change €/$ de 1,30. Il convient enfin de préciser que ces hypothèses ne prennent pas en compte :

a. Le cout des agents du Ministère qui ont été mobilisés pour 80% de leur temps depuis mars 2012 à ce jour. Le budget du Ministère étant de 51 milliards, on peut estimer de manière très grossière que 40 milliards ont servi la filière coton.

b. Au cours de la mission, sont arrivés les engrais initialement commandés par le Gouvernement pour la campagne 2012/2013 mais qui ne pouvaient arriver à temps. S’ils sont imputés sur la campagne 2013/2014, il va sans dire qu’en trésorerie, ils doivent être réglés, dans le meilleur des cas, avant fin décembre 2012 sinon avant, suivant les termes des contrats. Cela peut représenter 24 milliards à débourser en plus.

c. Pour la campagne 2013/2014, le cout de ces engrais devra tenir compte des charges de stockage sur 6 mois.

 14. Une analyse différente de celle présentée par l’ONS. La perspective d’un résultat positif de 8 milliards de f CFA présentée par l’ONS est difficile à expliquer mais peut provenir d’un certain nombre d’éléments que l’on peut imaginer sans pour autant pouvoir certifier qu’ils peuvent justifier cette différence, n’ayant eu aucune explication sur le mode calcul:

 a. La non prise en compte des 20 f /kg de fonctions critiques en considérant que la Recherche dispose d’un budget, que les semences ont été préparées par l’AIC, que l’encadrement par les CeCPA et le cout des nouveaux moniteurs sont pris en charge dans le budget de l’Etat etc. Ces fonctions critiques représentent 8 milliards f CFA

 b. Une négociation avec les égreneurs qui ne prend pas en compte les charges fixes. Suivant le déroulement des négociations entreprises entre le Gouvernement et les égreneurs, il semble que le remboursement des charges fixes d’égrenage pose un problème et n’était pas envisagé au niveau attendu par les égreneurs. La suppression de ce remboursement dégagerait certes 4 milliards f cfa mais poserait un grave problème de confiance pour l’avenir. Comment imaginer qu’un futur investisseur puisse envisager intervenir dans la filière dans ce contexte de mauvaise appréciation de ses couts.

c. La suppression des frais généraux de structure en considérant que les activités menées par SONAPRA et l’ONS en substitution des égreneurs ne génèrent aucun frais généraux. Cela représente 6 milliards f CFA. Même en prenant en compte ces écarts, le résultat est toujours négatif et doit par ailleurs intégrer la subvention engrais et le non remboursement à 100% des crédits, retenu comme hypothèse de base.

15. Des options de transformation locale pour éviter la chute des cours internationaux. Lors de la mission, certains des interlocuteurs ont émis l’hypothèse de faire transformer partie de la fibre produite par les industries nationales. Cette hypothèse fort intéressante à priori risque malheureusement de ne pouvoir avoir d’impact significatif sur le résultat pour deux raisons :

a. Sur les 8 unités industrielles recensées, 5 sont actuellement fermée avec arrêt d’activité et sur les 3 résiduelles, une seule semble être en pleine activité et deux tournent au ralenti.

b. Les contrats passés avec les égreneurs, pour ce qui est de la détermination des prix de cession de la fibre, se réfèrent au cours international moins les frais non exposés, ce qui signifie que cette option ne se dégage pas de la tendance à la baisse des cours internationaux.

 

                       Francis Z. OKOYA

 

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