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camarade et ami PRESIDENT HUGO CHAVEZ: MERCI POUR TOUT!

Mercredi 6 mars 2013

J'ai troué ce beau texte sur le blog de JACQUES TOURTAUX. Je n'ai pas pu résister.Lisez plutôt

 

 

 

Chavez, aussi vivant que le peuple vénézuélien

Ceux qui subissent jour après jour, depuis tant d’années, loin d’ici, la personnalisation médiatique des démocraties latino-américaines pour en faire des « dictatures » ou des «populismes» seraient sans doute étonnés de connaître les réactions des mouvements sociaux et des gouvernants latino-américains à l’annonce du décès du président Hugo Chavez à Caracas, ce mardi 5 mars 2013, à l’âge de 58 ans. Mais quel grand média dira le mélange de douleur, de fierté pour le travail collectif accompli, de mobilisation populaire et de volonté de vivre pour livrer les batailles de l’avenir, ce « tout ne fait que commencer » qui remplit ce soir les avenues, les places publiques du Venezuela ?

 

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Evo Morales parle au peuple bolivien dès qu’il apprend le décès de Hugo Chavez, La Paz, 5 mars 2013.

Parmi les nombreux leaders qui voyageront pour être présents aux côtés du peuple vénézuélien, il y a le brésilien Lula da Silva qui dit « son sentiment de fierté d’avoir vécu et travaillé aux côtés de Chavez, pour l’intégration de l’Amérique Latine et pour un monde plus juste », l’ex-président hondurien Manuel Zelaya et l’ex-président paraguayen Lugo, tous deux renversés par un coup d’État de l’oligarchie, et pour qui « Hugo Chávez est un de ces hommes qui ne meurent jamais parce qu’il est dans le coeur du peuple latino-américain », le président de l’Uruguay José Mujica qui exprime « sa confiance dans le peuple et dans la démocratie vénézuélienne » et explique que sa « douleur prend une autre dimension parce qu’ il n’a jamais connu quelqu’un d’aussi généreux » et salue « un militant de première ligne, un des plus grands hommes d’État et visionnaires de notre Amérique », le président équatorien Rafael Correa pour qui « Hugo, ce guerrier invincible dans les urnes, sera plus vivant que jamais, éclairant, guidant, inspirant ces révolutions irréversibles pour la souveraineté, la dignité, la vraie liberté, la justice, la joie, le bonheur » ou le Président de Bolivie Evo Morales, ému jusqu’aux larmes : « Nous sommes blessés par le décès du frère, du compagnon Hugo Chávez, mon frère solidaire, mon compagnon révolutionnaire, latino-américain qui a lutté pour la Grande Patrie comme le fit Simón Bolívar en donnant sa vie pour la libération du peuple vénézuélien. Je regrette de dire que les oligarchies impériales sont sûrement en train de faire la fête, que les médias et l’opposition à Chavez ont démontré leur inhumanité, leur incapacité de respecter un patient et un peuple qui souffre. Mais tant pis, le plus important est que nous luttons pour cette libération pour laquelle a lutté Chavez. Et les peuples qui luttent pour leur liberté, sont aujourd’hui unis : c’est le plus important. Chávez sera présent dans toutes les régions du monde, parmi tous les mouvements sociaux pour accompagner ces grands processus de changement, de construction de l’égalité, après tant d’années de soumission et de pillage ».

 

Lire le récent message de Hugo Chavez : « Lettre à l’Afrique« ,

 

http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/02/24/lettre-dhugo-chavez-a-lafrique-21-fevrier-2013-formons-un-seul-peuple-un-seul-continent-nous-ne-pouvons-rien-attendre-sinon-de-nous-memes/

 

Hugo Chavez à la rencontre du peuple haïtien.

 31 de marzo de 2011. Hugo Chávez junto con su homólogo boliviano, Evo Morales, saluda a la gente durante su visita al país andino. © AFP Aizar Raldes

31 mars 2011, en Bolivie.

 18 de diciembre de 2007. El presidente venezolano abraza a su homólogo boliviano, Evo Morales, durante la XXXIV Cumbre del Mercosur en Montevideo. © AFP Pablo Porciuncula

Avril 2009. Hugo Chávez offre à Barack Obama le livre d’Eduardo Galeano « Les veines ouvertes de l’Amérique Latine » lors d’un Somet des Amériques à Puerto España, Trinidad y Tobago.

Mars 2008. Chávez salue son homologue argentine, Cristina Fernández de Kirchner, à Caracas.

Concert à Caracas, août 2004. Photos publiées aujourd’hui par le chanteur cubain Silvio Rodriguez sur son Blog http://segundacita.blogspot.com/

 

URL de cet article : http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/03/06/chavez-aussi-vivant-que-le-peuple-venezuelien/

 

Lettre d’Hugo Chavez à l’Afrique (21 février 2013) : « formons un seul peuple, un seul continent, nous ne pouvons rien attendre sinon de nous-mêmes »

Publié par Venezuela infos dans Afrique, citoyenneté, Culture afro-vénézuélienne, impérialisme, Internationalisme/Solidarité, relation Sud-Sud, souveraineté, unité latino-américaine

Au moment où une part croissante de la gauche européenne se convertit au « droit d’ingérence » qu’elle critiquait il y a quelques années et où, complices de l’impunité, les médias occidentaux minimisent les milliers de victimes civiles de bombardements « humanitaires » ou « laïcs » (Afghanistan, Libye, Mali, etc…), les latino-américains ne sont pas dupes des habits neufs du colonialisme. Ils savent qu’au-delà du contrôle des matières premières, c’est l’unité politique du Sud qui est visée. La volonté des gouvernements progressistes latino-américains de développer des relations Sud-Sud (suivant la ligne tracée du Congrès de Panama organisé par Bolivar en 1828 au sommet de Bandoeng en 1955…) n’a rien à voir, contrairement à ce que martèlent les médias occidentaux, avec un quelconque « appui aux dictateurs ».

 

Lorsque le président brésilien Lula da Silva signa avec la Turquie un Pacte appuyant le droit de l’Iran à développer l’énergie nucléaire civile et qu’il critiqua « l’ ingérence des occidentaux dans les élections et dans la vie politique de l’Iran », quand les présidents Evo Morales, Cristina Fernandez ou Rafael Correa notamment, signent d’importants traités et contrats avec les iraniens, ils ne font qu’appliquer ce qu’il y a plus de trente ans un certain Régis Debray conseillait au prince à propos des pays du « socialisme réel ». Plutôt que d’entrer dans le Disneyland de la Guerre Froide en les ostracisant, développer une stratégie plus subtile et plus ambitieuse, garder des relations politiques et diplomatiques avec eux, pour les influencer dans le bon sens et garder son mot à dire.

 

En Amérique Latine, la concrétisation par des gouvernements de gauche de la démocratie participative, des droits de la femme, de l’éco-socialisme, etc… ne peuvent qu’influencer dans le bon sens la construction d’un monde multipolaire des trois-quarts de l’humanité. On ne peut qu’être frappé en comparaison par le néant idéologique qui caractérise le discours de gouvernants européens devenus simples « commis de commerce » vis-à-vis des nations du Sud (voir le récent sommet UE-CELAC à Santiago du Chili).

 

Lorsque les occidentaux (y compris de gauche) raillèrent et rejetèrent la proposition de nombreux gouvernements latino-américains, soutenue par l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), d’entamer des pourparlers diplomatiques en Libye afin d’éviter une guerre meurtrière, la présidente argentine sut exprimer le sentiment d’un continent : « Quand je vois les gens dits civilisés régler leurs affaires à coups de bombes, je suis fière d’être latino-américaine ».

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Lettre du Président Hugo Chavez aux participants du IIIème Sommet Afrique-Amérique latine et Caraïbes (Guinée Équatoriale, février 2013)

Caracas, 22 février 2013.

 

Frères et sœurs,

 

Recevez mon plus fervent salut bolivarien, unitaire et solidaire, avec toute ma joie et toute mon espérance pour le déroulement de ce III° Sommet tant attendu des Chefs d’État et de Gouvernement d’Amérique du Sud et d’Afrique.

 

Je regrette vraiment, du plus profond de mon être de ne pouvoir être présent physiquement parmi vous pour vous réitérer, par une sincère accolade, mon irrévocable engagement en faveur de l’unité de nos Peuples. Je suis présent, cependant, dans la personne du Chancelier de la République Bolivarienne du Venezuela, le camarade Elias Jaua Milano, à qui j’ai demandé de vous transmettre la plus vive expression de mon amour pour ces continents qui sont plus que frères, unis par de solides liens historiques et destinés à avancer ensemble vers leur rédemption pleine et absolue.

 

Je le dis du plus profond de ma conscience : l’Amérique du Sud et l’Afrique sont un même peuple. On réussit seulement à comprendre la profondeur de la réalité sociale et politique de notre continent dans les entrailles de l’immense territoire africain où, j’en suis sûr, l’humanité a pris naissance. De lui proviennent les codes et les éléments qui composent le syncrétisme culturel, musical et religieux de notre Amérique, créant une unité non seulement raciale entre nos peuples mais aussi spirituelle.

 

De la même manière, les empires du passé, coupables de l’enfermement et de l’assassinat de millions de filles et de fils de l’Afrique mère dans le but d’alimenter un système d’exploitation esclavagiste dans leurs colonies semèrent dans Notre Amérique le sang africain guerrier et combatif qui brûlait du feu que produit le désir de liberté. Cette semence a germé et notre terre a enfanté des hommes aussi grands que Toussaint Louverture, Alexandre Pétion, José Léonardo Chirino, Pedro Camejo parmi beaucoup d’autres, avec pour résultat, il y a plus de 200 ans, le début d’un processus indépendantiste, unioniste, anti-impérialiste et reconstructeur en Amérique Latine et caribéenne.

 

Ensuite, au XX° siècle, vinrent les luttes de l’Afrique pour la liberté, ses indépendances, contre ses nouvelles menaces néo-coloniales, Patrice Lumumba, Amilcar Cabral pour n’en citer que quelques-uns. Ceux qui, dans le passé nous ont conquis, aveuglés par leur soif de pouvoir, ne comprirent pas que le colonialisme barbare qu’ils nous imposaient deviendraient l’élément fondateur de nos premières indépendances. Ainsi, l’Amérique Latine et les Caraïbes partagent avec l’ Afrique un passé d’oppression et d’esclavage. Aujourd’hui plus que jamais, nous sommes fils de nos libérateurs et de leurs hauts faits , nous pouvons dire, nous devons dire avec force et conviction, que nous unit aussi un présent de lutte indispensables pour la liberté et l’indépendance définitive de nos nations.

 

Je ne me lasserai pas de le redire, nous sommes un même peuple, nous avons l’obligation de nous rencontrer au-delà des discours formels dans une même volonté d’unité et ainsi unis, donner vie à l’équation qui devra s’appliquer dans la construction des conditions qui nous permettront de faire sortir nos peuples du labyrinthe dans lequel le colonialisme les a jetés et, par la suite, le capitalisme néo-libéral du XX° siècle.

 

Pour cela, je veux évoquer la mémoire de deux grands combattants pour la coopération sud-sud comme l’ont été les deux ex présidents du Brésil et de la Tanzanie, Luis Ignacio « Lula » da Silva et Julius Nyerere dont les apports et les efforts ont permis, en leur temps, la mise en place de magnifique forum pour une coopération solidaire et complémentaire comme l’est l’ASA (1).

 

Cependant, les temps que nous vivons nous obligent à consacrer nos plus profondes et urgentes réflexions à l’effort nécessaire pour transformer l’ASA en un véritable instrument générateur de souveraineté et de développement social, économique, politique et environnemental.

 

C’est sur nos continents que l’on trouve les ressources naturelles, politiques et historiques suffisantes, nécessaires, pour sauver la planète du chaos où elle a été conduite. Faisons que le sacrifice indépendantiste de nos ancêtres qui nous offre le jour d’aujourd’hui serve à unifier nos capacités pour transformer nos nations en un authentique pôle de pouvoir qui, pour le dire avec le père Libérateur Simon Bolivar, soit plus grand par sa liberté et sa gloire que par son extension et ses richesses.

 

Les paroles de cet immense général uruguayen José Gervasio Artigas résonnent toujours dans mon âme et dans ma conscience : « Nous ne pouvons rien attendre si ce n’est de nous-même ». Cette pensée si profonde renferme une grande vérité que nous devons assumer, j’en suis absolument convaincu.

 

Notre coopération sud-sud doit être un lien de travail authentique et permanent qui doit tourner toutes ses stratégies et ses plans de développement soutenable vers le sud, vers nos peuples.

 

Quoiqu’en aucune manière nous ne nions nos relations souveraines avec les puissances occidentales, nous devons nous rappeler que ce ne sont pas elles qui sont la source de la solution totale et définitive pour l’ensemble des problèmes de nos pays. Loin de l’être, quelques-unes d’entre elles appliquent une politique néo-coloniale qui menace la stabilité que nous avons commencé à renforcer sur nos continents.

 

Frères et sœurs, je voudrais rappeler pour ce III° Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’ASA, l’esprit de fraternité, d’unionisme et de volonté qui a dirigé le déroulement de ce II° merveilleux Sommet dans l’île de Margarita, au Venezuela, qui nous permit d’adopter unanimement les engagements de la Déclaration de Nueva Esparta. Je souhaite avec beaucoup de foi et d’espérance que nous puissions récupérer à Malabo l’impulsion et l’effort de ce moment extraordinaire pour notre processus d’unité, le Sommet de 2009, qui a montré autant par sa fréquentation massive que par la quantité et le contenu des accords atteints.

 

Depuis le Venezuela, renouvelons aujourd’hui notre plus ferme engagement dans le renforcement du Secrétariat Permanent de la Table Présidentielle Stratégique de l’ASA avec ses principales tâches et fonctions pour accélérer le rythme dans la consolidation de nos institutions et obtenir ainsi une plus grande efficacité dans notre travail conjoint.

 

Je regrette avec beaucoup de douleur et de peine que tout notre travail commencé formellement depuis 2006 ait été interrompu par les forces impérialistes qui prétendent encore dominer le monde. Ce n’est pas un hasard, je le dis et je l’assume pleinement, que depuis le Sommet de Margarita, le continent africain ait été victime des multiples interventions et des multiples attaques de la part des puissances occidentales.

 

Les nombreux bombardements et invasions impériaux empêchant toute possibilité de solution politique et pacifique aux conflits internes qui ont commencé dans diverses nations d’Afrique, ont eu comme objectif principaux de freiner le processus de consolidation de l’unité des peuples africains et, en conséquence, de miner les progrès de l’union de ces états avec les peuples latino-américains et caribéens.

 

La stratégie néo-coloniale a été, depuis le début du XIX°, de diviser les nations les plus vulnérables du monde pour les soumettre à des rapports de dépendance esclavagiste. C’est pour cela que le Venezuela s’est opposé, radicalement et depuis le début, à l’intervention militaire étrangère en Libye et c’est pour le même motif que le Venezuela réitère aujourd’hui son rejet le plus absolu de toute activité d’ingérence de l’OTAN.

 

Face à la menace extra-régionale pour empêcher l’avance et l’approfondissement de notre coopération sud-sud, je le dis avec Bolivar dans sa Lettre de Jamaïque de 1815 : « Union, union, union, cela doit être notre plus importante consigne. » Notre Gouvernement renouvelle, en ce III° Sommet de l’ ASA dans cette république sœur de Guinée Equatoriale, son absolue disposition à avancer dans le travail nécessaire pour consolider notre coopération dans les secteurs que j’ai personnellement proposées à notre dernier sommet, dans la belle île de Margarita. Energie, Education, Agriculture, Finances et Communication continuent d’être nos priorités et pour celles-ci, nous réitérons notre engagement pour avancer dans des initiatives concrètes comme Petrosur, l’Université des Peuples du Sud ou la Banque du Sud, pour ne citer que quelques exemples. Dans le secteur de la communication, nous proposons, depuis le Venezuela, que cet effort que nous avons réussi à mettre en place ensemble dans différents pays de l’Amérique du Sud, TeleSur, s’articule avec l’Afrique afin qu’il puisse accomplir depuis ces latitudes sa principale fonction : relier les peuples du monde entre eux et leur apporter la vérité et la réalité de nos pays.

 

Enfin, je veux renouveler à tous mon désir que les résultats projetés lors de ce III° Sommet ASA nous permette de transformer ce forum en un outil utile pour conquérir notre définitive indépendance en nous plaçant à la hauteur de l’exigence de l’époque et comme le dirait le Libérateur, le plus de bonheur possible pour nos peuples. Je suis un convaincu, simple et obstiné, nous réussirons à mener à bien cette cause que nos libérateurs et martyres nous ont transmise depuis des siècles. Nos millions de femmes et d’hommes présentés en sacrifice pour leur pleine et absolue liberté. Avec le père infini, notre Libérateur Simon Bolivar, je dis une fois de plus : « Nous devons attendre beaucoup du temps, son ventre immense contient plus d’espérance que de faits passés et les prodiges futurs doivent être supérieurs aux anciens ».

 

Marchons donc vers notre union et notre indépendance définitive. En paraphrasant Bolivar, je dis maintenant : « Formons une patrie,un continent, un seul peuple, à tout prix et tout le reste sera supportable. »

 

Vive l’union sud-américaine et africaine !

 

Vive l ’ASA !

 

Jusqu’à la victoire toujours !

 

Nous vivrons et nous vaincrons !

 

Hugo Chavez Frias

 

Note :

 

(1) ASA : América del Sur/Africa.

 

Traduction Gaston Lopez

 

URL de cet article : http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/02/24/lettre-dhugo-chavez-a-lafrique-21-fevrier-2013-formons-un-seul-peuple-un-seul-continent-nous-ne-pouvons-rien-attendre-sinon-de-nous-memes/

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Le troisième sommet Afrique-Amérique du Sud, qui a réuni une soixantaine de chefs d’État à Malabo (Guinée Équatoriale) du 20 au 23 février 2013 a permis la signature de 27 accords de coopération sud-sud dans tous les secteurs d’activité. La réunion se poursuivra à Caracas le 26 avril 2013.

 

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Au Venezuela, la marche vers la démocratisation des médias

 

 

 

 

Après la nouvelle loi du travail (1) élaborée et promulguée en mai 2012 sur la base de plus de 19000 propositions venues des syndicats et d’autres organisations de travailleurs, les vénézuéliens discutent, élaborent une nouvelle loi fondamentale pour la démocratie. Son but sera de renforcer les droits de la communication populaire dans un paysage encore dominé par les médias privés (2). Ce texte sera soumis en 2013 au vote des député(e)s de l’Assemblée Nationale. Conversation avec Jesús Suárez, actuel président de Catia TVe, télévision communautaire enracinée dans l’ouest populaire de Caracas.

 

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Jesús Suárez, président de Catia Tve, Caracas février 2013. Photo : T.D.

 

 

 

Thierry Deronne – Jesús, tu es un des organisateurs des assemblées citoyennes qui façonnent la loi de la communication populaire. Peux-tu nous parler de ce processus ?

 

 

 

Jesús Suarez - Au Venezuela nous avons souvent commencé « à l’envers ». C’est le cas des télévisions communautaires comme Catia Tve qui fut parmi les premières à sortir de la clandestinité et à être légalisées, avec Teletambores. Tout ça grâce à une astuce qui nous a permis de contacter le président en 2000. Celui-ci a intuitivement saisi l’enjeu. Il a commencé à connecter les fils d’une solution au problème de l’illégalité des médias populaires : il fallait créer un cadre pour autoriser les émissions de notre télévision à laquelle participaient les habitants de notre quartier depuis des années.

 

Entre ce premier règlement légal de 2000, et le 30 mars 2011 où nous avons relancé le débat populaire autour d’une nouvelle loi, plus ambitieuse, dix ans ont passé, dix ans d’efforts permanents d’apprentissage des outils mais aussi de formation à un nouveau concept de communication. Après leurs actions de résistance face au black-out des médias privés lors du coup d’État contre Chavez en 2002, nos médias populaires ont perdu une part de leur visibilité, ont perdu de l’importance pour certains fonctionnaires. Dans certains secteurs de l’État on s’est dit : « ils sont en train de s’éteindre, laissons-les disparaître ». Notre loi va recouvrer cette visibilité, réaffirmer notre présence après tout ce travail de fourmis, nous avons résisté à tout et nous continuerons à tenir bon. En 2013, nous revenons tous ensemble, avec des idées différentes, parfois opposées, vers cet espace de discussion qu’est l’Assemblée Nationale, pour qu’elle contribue à propulser le débat sur la communication populaire au plan national. La conjoncture actuelle est historique : il est possible d’impulser des lois d’initiative citoyenne, depuis la base populaire. C’était une des promesses des dernières législatives : que les lois ne soient plus faites d’en haut mais que les citoyens puissent les rédiger depuis leurs espaces de vie, de travail, de production.

 

 

 

T.D. – Quels sont les principaux points en discussion ?

 

 

 

J. S. - Nous parlons d’organisation : pourquoi créer des médias ? Comment servent-ils les luttes, l’organisation ? Le second thème, qu’on a souvent tendance à reléguer en bas de liste, c’est l’aspect économique. Impossible de parler des ressources nécessaires sans d’abord répondre clairement à la question de l’objectif du média. Beaucoup d’espaces étaient en voie d’asphyxie par faute de moyens, à deux doigts de fermer. La loi viendra à leur secours, pour leur dire « tenez-bon, il y a une lumière au bout du tunnel ». Pour nous, politiquement, ce qui est non-négociable, c’est de continuer à subir la dictature commerciale sur le patrimoine public des ondes, il est temps de changer. Eux savent que nous voulons les substituer et dès qu’ils en auront l’occasion, ils chercheront à nous écraser de nouveau, comme lors du coup d’État de 2002.

 

 

 

T.D. – Comment évolue le débat ?

 

 

 

J.S. - Dans le débat qui a lieu aux quatre coins du pays et qui est organisé par des courants, des génération très différentes, au-delà des accords de fond sur les besoins techniques, il y a une grande diversité d’opinions. Par exemple, sur comment écrire un scénario, comment le réaliser avec les gens. Il y a une grande discussion sur le rythme, les couleurs, l’esthétique mais aussi sur les niveaux de décision du mouvement des médias populaires, du local au national. En 2013, nous avons fait approuver cinq premiers articles de cette loi. Le processus d’approbation a été freiné à cause des différents processus électoraux mais aussi parce que le travail de l’assemblée s’est porté d’abord sur la loi du travail.

 

 

 

T.D. Au Brésil les Sans Terre parlent d’une nécessaire « réforme agraire des ondes ». Seule l’Argentine a osé légiférer pour redistribuer les fréquences quasi monopolisées par le latifundio commercial et pour équilibrer l’espace public hertzien, en octroyant un tiers au privé, un tiers au public et un tiers aux associations. Que proposez-vous pour démocratiser le spectre radio-électrique ?

 

 

 

J.S. - La discussion a été dure. Mais pour nous un contrôle du spectre hertzien à la manière des argentins ne garantirait rien de plus que : « tu as droit à un tiers ». Cela signifierait que beaucoup de collectifs devraient se battre pour entrer dans ce tiers. Et quand ce tiers arrivera à saturation, où entreront les autres ? Notre réflexion part du principe de refuser le confinement à un « morceau » du spectre. Battons-nous pour 100 % de spectre citoyen. Il y aussi débat sur la puissance de transmission. Nous revendiquons le droit de transmettre non plus seulement à l’échelle locale mais nationale. Nous sommes 560 radios et un peu plus de trente télévisions communautaires. Le problème est que parfois la puissance ne te permet pas de transmettre au-delà de deux pâtés de maison. Les médias sont faits pour atteindre un grand nombre de personnes, la faiblesse de transmission revient à sous-utiliser un outil tel que la télévision.

 

 

 

T.D. – Lors de discussions des collectifs avec la Commission Nationale des Communications en 2000, certains défendaient le concept de communauté de travail plutôt que celui d’une communauté limitée à un espace réduit. Par exemple, une communauté de pêcheurs s’étendant sur toute la côte ou comme en Bolivie, une radio des mineurs fonctionnant sur toute une cordillère. D’autres redoutaient une perte d’identité communautaire si l’échelle de transmission passait du local au national… Qu’en est-il aujourd’hui ?

 

 

 

J. S.In fine, c’est le téléspectateur qui choisit, qui zappe. Mais la fréquence doit offrir une qualité de transmission. Un émetteur de télévision exige beaucoup plus de puissance qu’une radio. Par exemple ici à Catia Tve nous avons besoin de 2,5 KiloWatts ou plus pour atteindre tout Caracas. C’est pour cela que nous avons besoin d’une loi. L’autre jour je discutai avec Angel Palacios et je lui disais que la télévision est un phénomène massif, plus lent que la radio en termes de production, qu’elle est un phénomène culturel en soi et qu’elle est aussi un média pour temps de paix. En cas d’agression militaire, nous ne pourrions pas faire grand chose. Nous ne pourrions pas déménager tous nos équipements, et même ainsi, au premier essai de transmettre, on nous localiserait et on nous détruirait. Contrairement au Salvador où la guérilla déplaçait en permanence son émetteur de radio, lançait les nouvelles et changeait de lieu. La radio peut mieux résister en temps de guerre. Mais la télévision a besoin de temps pour produire. En temps de paix les gens peuvent voir une multiplicité de chaînes simultanément et notre proposition est simplement que toutes les chaînes soient disponibles pour le téléspectateur. Pourquoi ne pourrions-nous voir ce que font les habitants de Petare ou de Barlovento ou de Mérida ?

 

 

 

Si produire prend du temps, imagine combien de temps il faut pour produire huit heures de production inédite par jour. Faute de capacité de production beaucoup sous-utilisent leur fréquence. Quand est sorti le règlement des médias communautaires en 2000 tout le monde dans le pays s’est dit : « je peux monter ma télévision, il me suffit d’une antenne, d’une caméra et d’un émetteur ». Sauf que beaucoup ont sous-estimé la base opérationnelle, le comment et le pourquoi faire une télévision. A quoi bon tant d’efforts pour ne transmettre que deux heures par jour ? Ensuite est venu le choc avec la culture dominante d’une télévision commerciale aux images brillantes, aux fonds simplifiés, au rythme rapide.

 

 

 

T.D. – Vous proposez que chaque fois qu’une concession donnée à un média pour exploiter le patrimoine public du spectre hertzien arrive à son terme, l’État octroie la concession prioritairement à un média communautaire.

 

 

 

J.S. - Exactement.

 

 

 

T.D. – A ce rythme ne faudra-t-il pas attendre longtemps pour que la proportion de médias populaires puisse soulever la chape de plomb commerciale ?

 

 

 

J.S. - La puissance de transmission des télés populaires est déjà en train de passer de 25 Watts à 750 Watts, puis à 1 KiloWatts et enfin à 2,5 KiloWatts. On n’a pas eu besoin de loi pour le faire ! La loi permettra de recadrer la vision des fonctionnaires d’État mais il n’y aucun texte qui nous a interdit de monter en puissance ! La seule limite se trouvait dans ce règlement de 2000 qui obligeait le média à ne transmettre que sur sa communauté locale. A présent une communauté ne va pas se voir seulement chez elle, elle va être visible pour les autres. Fondamentalement notre discussion est : ouvrons le spectre hertzien, ouvrons les ondes radio et TV, mais ouvrons aussi la puissance.

 

 

 

T.D. – Le Venezuela vient de faire un bond technologique en passant à la télévision numérique, ce qui multiplie le spectre quasi à l’infini, avec de nouvelles chaînes en tout genre, une haute définition et une plus grande facilité de réception pour la population. Cela veut dire aussi que le secteur privé peut croître à l’infini…

 

 

 

J. S. - Débat difficile ! Les concessions données au secteur privé ont augmenté en effet, en même temps que les concessions octroyées aux médias communautaires. La question fondamentale serait : comment nous organiser pour produire des contenus au point que les gens nous regardent plus que les chaînes privées. Nous pouvons disposer de mille chaînes mais il s’agit de la relation avec le public. Les gens reçoivent des dizaines de fréquences via DirectTV mais les statistiques montrent qu’ils ne regardent vraiment que 4 ou 5 chaînes. C’est un grand thème de notre débat : le processus de la formation audiovisuelle. Comment faire pour que le plaisir qu’éprouve une famille à se voir ici puisse être ressenti par une autre famille qui n’a rien à voir avec elle, là-bas, à l’autre bout du pays.

 

 

 

Si on rassemble les talents, les forces productives sur une seule fréquence communautaire sur Caracas, pour pouvoir créer chaque jour des programmes inédits, on peut imaginer que cette chaîne va captiver davantage que les chaînes séparées actuelles. L’oeil va pouvoir sauter d’une télénovéla populaire réalisée dans la Pastora, à ce que fait mon ami à Petare, au récit d’une expérience passionnante qui se déroule à Gramoven.

 

 

 

Par rapport à l’État le thème fondamental de notre loi est de réaffirmer notre lutte, notre vision historique : l’État doit apporter les moyens, les ressources suffisantes et conséquentes, pour que la propriété publique, citoyenne, démocratique des ondes radio et de télévision, devienne réalité, c’est-à-dire pour que nos médias puissent produire beaucoup plus et puissent émettre avec toute la puissance, sans limite.

 

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Rencontre de télévisions communautaires à Barlovento du 20 au 22 février 2013 pour discuter de la loi de communication populaire : Teletambores, TV Limón et Zamora TV (État d’Aragua), Selva TV (Amazonas), Calipso TV (Bolívar), TV San Joaquin et TV Mora (Carabobo), ALBA TV, TV Caricuao, Catia TV, TV San Agustin (Caracas), Coro TV (Falcon), Lara TV et Kabudare TV (Lara), TV Bailadores et Tatuy TV (Mérida), Afro TV, TV

 

Petare, Guatopo TV et Telecimarron (Miranda), Montaña TV, Rubio TV, Jaureguina TV, Alternativa TV (Táchira), Tarmas TV (Vargas), Bolívar TV et Camunare Rojo (Yaracuy) et Canal Z et Quijote Tv (Zulia). Photo : Alba TV.

 

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