PAUL KPOFFON
A l'occasion du DECES du Camarade PRESIDENT HUGO CHAVEZ, je publie cette oraison funèbre prononcée lors de l'enterrement de notre camarade PAUL KPOFFON. C'est une partie de mon message à tout le peuple vénézuélien, à tous les combattants vénézéliens, à tous les progressistes du monde!
MESSAGE DE LA MASPECO A L’OCASION DES
OBSEQUES DE
PAUL KPOFFON
Aujourd’hui 24 Avril 2004 nous venons accomplir envers toi un de ces devoirs qu’on accomplit avec émotion, un de ces devoirs qu’on accomplit le plus souvent en larmes,.Ce n’est pas à la MASPECO de dire aux hommes ,aux femmes et aux enfants présents ici aujourd’hui quand tu es né, où tu es né et les différentes professions que tu as exercées. C’est là une mission dont beaucoup d’autres peuvent valablement se charger avec plus de bonheur que la MASPECO.
Que peut donc dire la MASPECO qui soit valable à tes yeux ?
Certainement que toi tu nous dirais de continuer à nous battre pour le BIEN bien que tu saches toute la difficulté qu’implique un tel combat..
Tu nous dirais certainement de continuer à cultiver en nous et autour de nous le BEAU du point de vue moral alors que tu sais très bien que la culture du BEAU dans notre pays aujourd’hui , la culture du BEAU est , disons- nous une mission presque impossible.
Tu nous dirais certainement de continuer à cultiver en nous et autour de nous le GRAND comme valeur, de tout faire pour donner du Bénin une grande idée.
Tu nous dirais très certainement de continuer, comme par le passé, à défendre la VERITE par tous les moyens et quoi que cela puisse nous coûter.
Tu nous dirais certainement de combattre sans concession le mensonge qui actuellement dans notre de notre pays prend l’allure d’un véritable fléau.
Oui, nous savons ce que tu veux de nous pour nous l’avoir dit et redit tant de fois.. Mais nous de la MASPECO , nous ne savons pas ce qu’il faut dire à tes enfants, aux membres de ta famille et à tes amis rendus extrêmement tristes par ton départ.
Peut-être pourrons- nous trouver quelques mots en te regardant.
Chers parents et chers amis , derrière ce visage faussement austère se cache, chacun le sait , un homme très affable qui adore rire et faire rire. Nous ne nous sommes jamais lassés de l’écouter et nous gardons dans notre mémoire les nombreuses histoires qu’il nous a si souvent racontées et qui paraissaient toujours nouvelles dans sa bouche. Des compétitions incroyables avec des vainqueurs surprenants. Nous allons essayer de sortir de notre mémoire une ou deux de ces petites histoires si instructives que tu prenais plaisir à nous raconter afin que nous soyons toujours sur nos gardes et que jamais nous ne relâchions notre vigilance.
Un roi très riche décide de marier sa fille. Comme lui-même est très riche il n’a plus besoin de biens matériels, c’est pourquoi il décide de donner sa fille en mariage au prétendant qui sera le plus rapide .Le cheval se porte candidat et il pense qu’enfin il va avoir la femme de son rêve, ne voyant dans le royaume aucun homme capable de l’affronter à la course. Et c’était vrai. Tous les autres citoyens qui venaient postuler faisaient effacer leur nom dès qu’ils apprenaient que le cheval était candidat et qu’il s’était d’ailleurs mis à s’entraîner depuis plusieurs jours. Tous les matins en effet le cheval faisait le tour du royaume au galop. Il ne restait plus que trois jours pour que la belle princesse FIWA soit donnée en mariage au prétendant le plus rapide. Vers le soir BESE est allé se faire inscrire. BESE c’est la grenouille. BESE ne pouvait pas résister à l’attrait qu’exerçait sur lui l ‘incomparable beauté de la princesse FIWA. Quand il se portait candidat, il ne regardait pas les autres prétendants.
Lorsque la couse commence le cheval fait dix galops et demande : «BESE A DJA A ? »
( BESE est-ce que tu viens ?)
Et BESE de répondre « N’ DJA . »( je viens ! ) Encore dix galops : même question, même réponse.
Le cheval est surpris de la résistance de BESE et c’est pourquoi il accélère sa course. Cent galops. Le cheval pensait avoir enfin liquidé définitivement BESE de la compétition mais lorsqu’il pose la question à son concurrent il est encore plus surpris puisque BESE a répondu entre ses jambes. Le cheval accélère de plus belle et lorsqu’ au bout de deux cents galops il pose la question, il entend la réponse non plus derrière, mais devant. Désormais et ce, jusqu’à la fin de la compétition , le cheval ne pourra plus rattraper BESE. BESE gagnera la course et recevra la main de la Princesse FIWA. Compétition incroyable, vainqueur surprenant.
Pour toi cher et regretté ami KPOFFON PAUL si un roi veut marier sa fille, s’il dit que c’est au plus rapide qu’il va la donner, si les deux concurrents retenus sont le cheval et la grenouille tout le monde sait que le cheval part gagnant. Et pourtant c’est bien lui qui perdra et c’est la grenouille qui gagnera. Comment cela était-il possible ? Comment se tirer d’affaire dans une situation aussi difficile ? Tu en savais le secret et c’est ce que tu tenais à nous communiquer : lorsqu’à la fin tu proclamais le vainqueur tout le monde se mettait à se creuser le cerveau. Compétition incroyable, vainqueur surprenant.
HA a perdu son beau –père. HA c’est le Gorille. Chacun sait ce qu’une telle information implique. C’est souvent plus que de la mer à boire. HA sait que toute défaillance dans l’accomplissement d’une telle tâche entraîne une honte dont on ne se défait pas jusqu’à la fin de sa vie. C’est pourquoi il décide de prendre les choses en main. Il va voir la belle-famille et lui demande de lui attribuer une place afin qu’il y reçoive ses invités. Ses beaux-parents ont accueilli la demande avec beaucoup d’ironie et de ricanement : puisque chacun sait que HA n’a aucun moyen financier et donc son histoire de se préparer pour recevoir des invités devait relever d’une gigantesque blague. Mais qu’importe, se sont- ils dit et ils autorisent HA à occuper la place qui lui plaira.
HA est allé inspecter toute la maison et a choisi sa place. Il restera juste à l’entrée de la maison mortuaire. Les gendres qui sont très riches ont promis de déployer toute leur force afin d’écraser les pauvres et humilier les filles qui sont allées épouser des hommes sans moyens. Beaucoup de gendres sont allés louer les services de dizaines de femmes pour transporter les bagages jusqu’à la maison mortuaire, pour préparer les repas et assurer la distribution des mets. Pendant des jours personne n’a revu HA dans les environs, chacun imaginant qu’il est entrain de se préparer. Trois jours avant les obsèques HA est allé demander le programme des obsèques. Puis il retourne à la maison. Et le jour des obsèques il s’installe sur sa place avec son groupe et commence à faire ses numéros. Tous ceux qui arrivent s’arrêtent pour regarder HA dans ses prouesses. Bientôt il devient impossible d’entrer dans la maison mortuaire tant le public qui veut regarder le spectacle est compact., On se presse, on se bouscule ,on veut voir HA sauter ici , on veut le voir sauter là , on veut le voir se tenir debout sur un pied, on veut le voir tirer un meuble avec ses dents. On entend partout s’élever des acclamations interminables avec des viva. Tous les riches ont abandonné leur place pour aller acclamer HA et même leurs invités ne savent plus où retrouver ceux qui les ont invités. Vous êtes certainement au faîte de votre gloire si vos adversaires qui voulaient vous écraser , sont obligés de vous acclamer . Et HA donc, au faîte de la gloire demande, triomphant, à sa femme :
« Qui donc est en train d’enterrer son beau-père ici et maintenant ? » La réponse est connue de tout le monde.
PAUL KPOFFON ,
Tu avais le secret de ces histoires. Aujourd’hui nous venons te dire au revoir parce que nous gardons l’espoir que nous nous reverrons et que notre union autour des valeurs que nous avons défendues ensemble constitue déjà pour nous une patrie.
Que faut-il vous dire , à vous qui êtes ses enfants ?
Paul Kpoffon ne vous a certainement pas laissé en héritage beaucoup de biens matériels. Il ne vous a certainement pas laissé des dizaines de millions de francs à vous partager. Mais il vous a laissé une grande quiétude, une grande tranquillité . Vous n’aurez pas à baisser la tête en voyant venir des gens connus ou inconnus de vous. En prenant aujourd’hui le départ, il a redressé votre tête et vous a appelés à marcher la tête haute. Le respect qu’inspire son nom se répandra sur vous et bien des Béninois de votre âge auraient souhaité avoir un père tel que lui.
Quant à vous membres de sa famille et des familles alliées , la MASPECO n’a pas apporté des mouchoirs pour vous essuyer les larmes, non. Ce n’est pas de cela que vous avez besoin. Nous venons unir nos pensées aux vôtres pour saluer ensemble le départ d’un grand homme, grand par les idées qu’il a défendues toute sa vie , grand par la vie qu’il a menée, grand par l’indomptable fidélité dont il a fait preuve et le plus souvent en bravant l’adversité Devant la dépouille mortelle de tels hommes les larmes n’ont pas de place. La famille KPOFFON peut être fière d’avoir donné un tel fils à la nation béninoise. Nous venons donc en ces lieux avec une grande sérénité pour vous demander de nous donner ,de donner à la nation béninoise d’autres KPOFFON PAUL.
Quant aux amis du défunt , la MASPECO les félicite pour avoir choisi un tel homme comme ami. Le choix lui-même est révélateur de ce que vous êtes ou tout au moins de ce que vous aimez. Que Dieu vous comble tous, enfants , membres de la famille ,et amis et qu’il daigne accepter PAUL dans sa demeure éternelle.
Merci à vous tous.