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EXTRAITS DU MANIFESTE DU PSD-BELIER (7-10)

 

      Ces hommes qui ont fait le malheur de notre peuple se retrouvent parmi les magistrats, les docteurs, les ingénieurs, les infirmiers, les agents des services de santé, les agents des services agricoles et les agents de tous les autres secteurs de l’activité nationale, tous intellectuels.

         Et pourtant aujourd’hui, des docteurs, des ingénieurs, des agents et cadres des autres secteurs de l’activité nationale souffrent de la misère, de la faim et des autres fléaux que des intellectuels militaires et civils ont imposés au béninois. Cela démontre qu’il ne suffit pas que des docteurs, des ingénieurs, des agents des services agricoles et de santé et des autres secteurs de l’activité nationale soient au pouvoir pour que les aspirations de ces diverses couches socioprofessionnelles soient satisfaites.

         C’est parce que, il faut désormais s’en convaincre au sein des professions des groupes d’individus, quelquefois très opposés du point de vue politique peuvent exister et existent effectivement.

         Mais il s’agit de savoir comment ces hommes qui ont causé la misère, la faim, la pauvreté et la maladie des populations de notre pays ont procédé pour parvenir à ce résultat lamentable.

         Dans la tentative de la résolution de cette question nous sommes naturellement  amenés à identifier les caractéristiques essentielles des intellectuels militaires et civils de notre pays.

                                  LA PARESSE

La première de ces caractéristiques est la paresse.

Nous affirmons, contre tour le monde peut-être, que dans leur immense majorité les intellectuels militaires et civils  de notre pays sont paresseux.

 Que ce soient les militaires de toutes spécialités portant sur leurs épaules les grades les plus élevés avec ou sans école de guerre, que ce soient économistes, les gestionnaires, les ingénieurs ou autres professeurs nantis des diplômes les plus impressionnants, les intellectuels militaires et civils de notre pays, dans leur immense majorité, sont paresseux.

         Cette paresse les rend incapables de créer au sens véritable de ce mot.

En effet depuis trente ans, c’est difficilement que l’on  trouvera quelques ingénieurs agronomes ayant été capables de mener à terme une expérience dans le sens d’améliorer la productivité du travail dans l’agriculture. Et pourtant chacun sait que les ingénieurs agronomes pullulent dans notre pays.

S’agissant de la transmission des connaissances, on est aujourd’hui en droit de se demander si nos enseignants de tous les ordres d’enseignement ont tous le droit d’avoir la conscience tranquille, car de temps en temps convient de se regarder dans la glace ici , ce sont les élèves et les étudiants. Il n’est pas sûr que ces derniers aient toujours sur leurs professeurs d’université, des lycées et collèges l’idée que ces professeurs se font d’eux-mêmes.

S’agissant de ceux des intellectuels nantis des diplômes d’économie et de gestion, la paresse est si ancrée chez certains d’entre eux qu’ils sont incapables de gérer les sociétés qu’on leur a confiées et les exemples sont nombreux où ils ont conduit à la faillite leurs propres affaires ou celles dont ils ont hérité ou même celles de leur femme ou de leurs proches parents.

 

Cette paresse prend chez certains l’allure d’une incompétence notoire et c’est cette incompétence qui explique en grande partie les faillites des nombreuses sociétés dont la disparition du point de vue économique ne s’explique pas autrement.

La plupart des intellectuels qui se disent volontiers patriotes et même grands patriotes, passent tout leur temps à pleurnicher et à se demander ce que le pays fait pour eux, au lieu de se poser la question de savoir ce qu’ils font pour leur pays ; la plupart ne sont  patriotes que lorsqu’ils sont assurés d’un poste de responsabilité au niveau  du pouvoir d’Etat, et ce, quel que soit ce pouvoir. Sinon ils abandonnent le pays, fuient sous d’autres cieux. Leur amour pour la patrie ressemble beaucoup plus à l’amour du chien pour la viande fraiche.

Au pouvoir, les intellectuels militaires et civils de notre pays, non seulement sont paresseux, mais  ils tentent aussi de répandre partout la paresse autour d’eux. Ils mettent un point d’honneur presque pathologique à couvrir de calomnie quiconque entreprend un quelconque travail productif et sont habiles à couvrir de gloire les paresseux et els médiocres comme eux.

Il y a chez les intellectuels militaires et civils comme un refus délibéré et catégorique de faire un effort quelconque de réflexion qui débouche sur un travail productif.

Et l’on est amené en les regardant dans leur ensemble, à se demander pourquoi la nature n’a pas été plus favorable vis-à-vis de notre pays.

Cette attitude néfaste qu’ils ont vis-à-vis du travail doit être considérée en elle-même comme un véritable fléau social, une véritable gangrène qui ronge le corps  social de notre pays. Car il ne faut pas oublier que ce sont les intellectuels qui ont créé la puissance de l’Europe, des Etats-Unis ou du Japon et que leur rôle en Union Soviétique est immense.

 

Il n’y a pas, il ne saurait y avoir de développement scientifique, technique et technologique sans action vigoureuse et souvent très courageuse des intellectuels.

Dans notre pays les intellectuels militaires et civils qui ont accaparé le Pouvoir d’Etat, se sont complus pendant trente ans dans une vie de facilité, faite le plus souvent de débauche et ils ne voient pas que leur paresse est plus préjudiciable à notre société que tous les impérialismes réunis.

Les hommes et leurs systèmes n’ont appris à respecter sue ceux qui travaillent et se dotent des moyens pour protéger le fruit de leur travail.

Si dans notre société le mérite et l’effort occupaient régulièrement la place qui leur revenait, le plus grand nombre de ces minables qui nous ont gouvernés pendant ces trente dernières années et surtout depuis 1972 croupiraient dans la médiocrité et dans l’oubli. Mais hélas aujourd’hui encore c’est la paresse qui tient le haut du pavé et ceux qui veulent travailler pour que vive et grandisse le Bénin, non seulement sont tournés en dérision mais ils sont aussi réduits au silence et à l’inaction.

 

Et pourtant chacun doit savoir que l’occident n’a pu bâtir son environnement culturel actuel que sur la base essentielle d’un  travail ardu de ses intellectuels, et ce, pendant des générations entières. Chacun devrait se convaincre que nous aussi, nous ne pouvons édifier un environnement culturel viable que par le travail et non par la paresse ou par la répétition idiote de clichés surannés.

 

Mais ce n’est pas la paresse seule qui est la marque des intellectuels militaires et civils de notre pays.

 

 

(MANIFETE DU PSD-BELIER 1990 pp7-10)



 

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