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EXTRAITS DU MANIFESTE DU PSD-BELIER (10-13)

 

 

Mais ce n’est pas la paresse seule qui est la marque des intellectuels militaires et civils de notre pays.

 

 

                                      LA GOURMANDISE

 

Une autre caractéristique des hommes et des femmes qui ont gouverné notre pays pendant ces trente dernières années est la gourmandise.

 

Nous affirmons encore, contre tout le monde peut – être, que les intellectuels militaires et civils de notre pays sont gourmands, très gourmands et leur gourmandise s’étale partout. Les effets de ce vice sont visibles à tous les coins de rues et sont désastreux pour notre société. Comme les intellectuels militaires et civils sont paresseux et qu’ils veulent pourtant disposer et posséder des biens matériels et de toute urgence, il ne leur reste plus qu’une possibilité pour accéder à ces biens, à savoir la main mise sur le pouvoir d’Etat et l’utilisation de ce dernier comme pourvoyeur des richesses. Et c’est ce qui s’est passé.

 

         Pendant ces trente années de ce qu’il est convenu d’appeler indépendance juridique, une course effrénée au pouvoir s’est engagée et cette course se poursuit. Et il est bon d’en rappeler quelques épisodes saillants qui ont endeuillé le peuple, parce que les intellectuels militaires et civils gourmands et paresseux ont voulu conquérir le Pouvoir d’Etat.

 

Ce sont les intellectuels militaires et civils  qui ont lancé  les populations les unes contre les autres au cours des années 60. Chaque béninois d’un certain âge sait aujourd’hui que les blessures occasionnées par ces exactions n’ont pas encore toutes disparu.

 

Ce sont les intellectuels qui par leurs manœuvres, ont détruit la cellule familiale pendant les années de leurs luttes intestines. Les paysans, les ouvriers, les artisans sont utilisés pour des forfaits dont les auteurs sont précisément les intellectuels militaires et civils  mais seuls les paysans et les autres couches démunies de la population ont le plus souffert de ces manœuvres.

 

Ce sont les intellectuels militaires et civils qui ont provoqué en 1970 les affrontements sanglants au sein des populations lors des élections criminelles de mars.

 

Ainsi dans leur lutte pour la prise du pouvoir, les intellectuels militaires et civils n’ont reculé devant aucune méthode et comme on l’a vu, ils ont utilisé précisément les plus viles : le mensonge, la diffamation, la gabegie, l’incitation à la guerre civile, l’excitation des bas instincts des populations pour les opposer dans des affrontements régionalistes et fratricides, pour développer des haines stériles au sein des populations.

 

Le résultat, c’est précisément la paralysie de ces populations face au travail productif qui seul peut les libérer de la misère et des autres fléaux. Cette honteuse et criminelle guerre pour la prise du pouvoir se déroule sur un fond d’intolérance accrue et d’exclusivisme radical difficilement imaginables.

 

Et lorsqu’un groupe d’intellectuels militaires et civils met la main sur le pouvoir d’Etat, il engage la course aux biens matériels et à l’enrichissement illicite. Le pouvoir d’Etat est la poule aux œufs d’or.

 

La chose publique devient la chose privée et tout le pays devient une propriété privée du groupe qui a mis la main  sur le pouvoir d’Etat. Et ce groupe qui se renouvelle mais dont les éléments sont de même essence est une véritable classe de brigands officiels qui sur la base de leur position au sein de l’appareil d’Etat procèdent à des détournements de fonds publics si importants qu’ils se retrouvent du jour au lendemain à la tête d’immenses richesses.

 

En Europe la bourgeoisie a acquis sa domination  économique avant de renverser la féodalité et lui arracher la domination politique. Au Bénin et en Afrique c’est le pouvoir d’Etat qui sert d’instrument aux intellectuels militaires et civils pour imposer leur domination économique sur les couches sociales démunies.

 

Ces intellectuels qui dans leur grande majorité n’ont, par  eux-mêmes, aucun mérite notable, sont parvenus à force de vol, de viol, d’escroquerie et de brigandage à se constituer d’immenses richesses en quelques années d’exercice du pouvoir d’Etat.

 

Pour chaque oligarchie régnante, le bénin est purement et simplement une propriété privée.

 

C’est à ce niveau qu’on comprend que les affrontements politiques n’ont pour seul objectif que de changer de place aux dirigeants. Ce n’est pas une autre politique qu’on veut mettre en marche, on veut prendre la place de celui qui est là pour faire comme lui, c’est-à-dire, disposer des biens matériels du pays.

 

Dans ces conditions, on comprend mieux que rien n’ait changé depuis trente ans. Et quand rien ne  change dans la conduite des affaires de l’Etat, ce sont les hommes qui meurent ; ainsi les populations ont vu leur souffrance augmenter pendant ces trente années. Or ce qu’il faut, c’est précisément une autre politique, une politique autre.

 

Il est évident que l’expérience en cours, celle du PRPB est plus nocive et plus néfaste que tout ce qui l’a précédée en raison à la fois des procédés utilisés que des résultats obtenus. C’est tout simplement un viol des consciences et un vol organisé des richesses du pays. Le résultat est étonnant : destruction de la société tout court, dans ce qu’elle a d’intime et d’essentiel à savoir l’école, la santé, l’agriculture. Et pourtant quel enthousiasme les  discours n’ont-ils pas soulevé ? On comprend ainsi que la seule expression des aspirations des populations ne signifie absolument rien et que le plus criminel des hommes peut emprunter la voix du plus innocent.

 

La gourmandise des intellectuels militaires et civils se manifeste dès leur arrivée à quelque poste de responsabilité que ce soit.

 

Le président de la République considère que le pays tout entier lui appartient ; les ministres considèrent, chacun en ce  qui le concerne que le domaine qui relève de son autorité lui appartient ; le Directeur Général d’une société considère que la société lui appartient. Pour les uns et pour les autres, l’objectif n’est pas de bien entretenir ce qu’ils disent leur appartenir, mais d’en disposer comme bon leur semble, pour le dilapider, le spolier, le détruire.

 

Notre pays est géré au jour le jour, comme une épicerie, sans perspective sans prospective.

 

Dans cette gestion d’épicier, les intellectuels militaires et civils aiment s’occuper des projets et tous les cadres militaires et civils sans exception se livrent une véritable bataille pour la gestion des projets ; depuis les constructions de routes jusqu’au projet de développement industriel. Toute cette guerre se livre pour avoir les commissions qui sont payées sous différentes formes, sous formes de bâtiments livrés clefs en main, sous forme de versement dans les comptes bancaires…

 

Dans ces conditions les entrepreneurs, ayant corrompu les responsables, ne se préoccupent plus de leur engagement dans la réalisation des ouvrages du projet, ils en profitent pour exécuter les travaux  comme ils veulent et c’est toujours le pays qui perd, puisque celui qui doit contrôler est déjà  corrompu. Conséquence, le pays s’endette au profit de l’entrepreneur étranger ou non et du béninois gourmand, et naturellement les travaux réalisés n’en valent pas la peine.

 

Le projet décrit et le projet exécuté n’ont jamais les mêmes caractéristiques ; la différence est toujours dans la poche des entrepreneurs et de ceux qu’ils ont corrompus.

 

Certaines souscriptions des populations pour la réalisation de certaines infrastructures d’intérêt communautaire tels les centres de santé, les pistes, les maternités, les puits sont purement et simplement détournées par les intellectuels militaire et civils de telle façon que les populations perdent sur tous  les tableaux, tandis que les intellectuels militaires et civils gourmands gagnent disons plutôt volent, sur tous les tableaux. D’abord ils détournent les fonds publics destinés préalablement à ces réalisations, ensuite ils détournent les souscriptions volontaires  et ou obligatoires des populations destinées à ces mêmes infrastructures.

 

Dans le domaine scolaire la gestion des projets destinés à l’école suscite des interrogations, en particulier celle de la caisse Ecole Nouvelle.

 

Ceux qui ont accepté les sacrifices, ne  peuvent pas ne pas se révolter de la façon cavalière dont ces importants fonds ont été dilapidés. Ce que l’estomac a englouti a pris largement le pas sur ce que l’école, en tant qu’institution, en a retiré. Là encore la gourmandise des intellectuels militaires et civils a frappé très durement. Les directions centrales veulent assurer la paternité de tel ou tel projet, non pas tant parce qu’elles ont des idées de construction, mais parce qu’elles ont l’estomac de destruction, qui broie et réduit en boue tout ce qui est destiné à être autre chose que de la boue. Et ceux qui rampent la nuit, et ceux qui crient le jour, tous sont allés dans les ministères pour y ‘’bouffer’’ du Bénin. Maintenant c’est fait.

 

Mais la course ne va pas seulement en direction des ministères. Les sociétés d’Etat et les sociétés provinciales constituent des objets importants d’ambition.

 

D’une façon générale lorsqu’un intellectuel militaire ou civil est nommé à la tête d’une société, il pense en tout premier lieu à la caisse de ladite société, aux chéquiers, aux clefs des véhicules et à tous les autres biens de la société et il commence aussitôt à en disposer comme il veut. Il pense ensuite à se construire une villa dans les beaux quartiers de la ville, il pense aux maitresses et aux boîtes de nuit. Rien dans son comportement ne reflète le souci pour le travail qu’il doit faire pour rentabiliser la société qu’on lui a confiée et améliorer les conditions matérielles et morales des travailleurs.

 

Comment expliquer que l’on échoue dans une entreprise qui a le monopole de la vente des médicaments ?

 

L’ONP avait le monopole de la vente de tous les médicaments. Au moment où il va en faillite, c’est à l’émergence de dizaines de pharmacies privées qu’on assiste. Comment comprendre cette faillite autrement que par la gourmandise de ceux qui ont dirigé cet office ? Aujourd’hui, il suffit de voir comment fleurissent les pharmacies privées pour comprendre que ceux qui ont dirigé l’ONP jusqu’à la faillite doivent des comptes à leur propre conscience, si toutefois ils en ont encore une.

 

Il en est de même de l’AGB qui disposait du monopole de la vente des denrées de première nécessité et pourtant elle est tombée en faillite ! AGB en faillite, les petits employés sont jetés au chômage et dans la misère, les dirigeants  sont nommés à d’autres postes de responsabilité supérieure et la danse continue.

 

Il en est de même des fermes d’Etat. L’objectif des fermes d’Etat est de produire en quantité des denrées nécessaires à la consommation des populations. Mais les fermes d’Etat devraient être aussi des laboratoires de recherche sur nos produits en vue de leur amélioration sur les techniques culturales afin d’aider nos paysans à entrer progressivement dans la production de l’époque moderne. Les intellectuels commis à ce travail ont systématiquement ‘’bouré’’ les fonds alloués à ces fermes à tel point que l’on se retrouve aujourd’hui avec des chômeurs sur les bras et la disparition sans trace de la plupart des fermes. Ici aussi, la paresse et la gourmandise ont frappé.

 

Dans les sociétés d’Etat, le schéma est toujours le même. On est nommé et on met aussitôt le couvert et la fête se termine par des ouvriers renvoyés et réduits au chômage, avec ce que cela implique comme faim, misère, maladie et mort. Et toujours le sauvetage des responsables directs de ces crimes : on les envoie à d’autres directions et  à la tête d’autres entreprises qu’ils détruisent de la même façon. Ainsi la SONIAH, la SOBEPALH, la SONAPAL vont disparaître laissant derrière elles des morts tandis que les responsables, eux, iront continuer ailleurs leur sale besogne. Eux ne souffriront jamais des affres de la vie. Seuls les petits sont condamnés à mort.

 

Dans  le domaine financier, ce sont trois banques qui assurent la circulation monétaires dans notre pays. La BBD, la BCB et la CNCA. Comment toutes ces banques sont-elles allées en faillite ? La gourmandise des intellectuels  militaires et civils est la seule cause de cette honteuse faillite. L’argent ne se perd pas il est toujours quelque part.

 

Quand il disparaît, il ne disparaît jamais pour tout le monde.

 

Et c’est ce qui nous est arrivé. Des milliards de francs, fruit de l’effort de petits épargnants et du labeur du peuple ont disparu. La conséquence néfaste de cet état de chose, est qu’une fois encore, nos populations, au lieu de s’intégrer activement dans le processus de la circulation monétaire mondiale vont se rétracter et se remettre à thésauriser, ce qui porte un coup très dur à la création, au travail productif  et à l’activité commerciale. Mais en même temps ces milliards se retrouvent ailleurs car ils ne sont perdus que pour le pays et les petits épargnants.

 

Dans l’industrie la situation n’est guère plus brillante, l’incompétence des cadres et leur gourmandise ont conduit les unités industrielles à l’impasse. Ainsi ONIGBOLO et la Sucrerie de Savè, après avoir englouti des dizaines de milliards sont pratiquement bradés, en tout cas pour ce qui concerne au moins la société sucrière. Et les privés se frottent les mains parce qu’ils ont eu presque gratuitement ce que la sueur et le sang du peuple ont permis de bâtir.

 

Ici comme partout ailleurs la paresse et la gourmandise des intellectuels militaires et civils ont frappé très durement le peuple.

 

On peut continuer la liste sur plusieurs pages. Mais ce n’est guère utile la démonstration est déjà faite et très amplement que la cause fondamentale de la situation dans laquelle nous vivons aujourd’hui, en cette fin d’année 1989 est la paresse, l’incompétence, l’incapacité notoire des intellectuels militaires et civils et leur gourmandise sans bornes, des caractéristiques qui ont engendré au sein de notre peuple des conséquences désastreuses et néfastes.

 

Mais avant d’aborder ces conséquences, il convient de dire un mot très bref sur le mensonge comme arme de bataille des intellectuels militaires et civils de notre pays.

 

L’arme de prédilection que les intellectuels militaires et civils manient avec le plus de dextérité dans leur vie privée comme dans leur vie publique pour atteindre leurs objectifs est le mensonge. Dans leur majorité les intellectuels militaires et civils de notre pays sont menteurs.

 

Ils se mentent à eux-mêmes, ils mentent aux autres, ils mentent à leurs subordonnés, ils mentent à leurs chefs, ils mentent au peuple, ils mentent par mesquinerie, ils mentent par escroquerie, ils mentent par jalousie, ils mentent pour calomnier, ils mentent pour diffamer, ils mentent par lâcheté, ils mentent par paresse, ils mentent par gourmandise, ils mentent par haine, ils mentent pour faire du mal. Ils mentent pour esquiver la manifestation de la vérité qui pourrait les confondre. Ils sont faux. Ils sont capable d’affirmer et de soutenir le faux envers et contre tous, juste pour pouvoir manger. Ils ont acquis une grande habileté à mentir.  Ils manifestent une facilité inquiétante à accueillir le mensonge, à le divulguer, à le propager et à régler leur comportement individuel et collectif sur la base du mensonge propagé. Leur amour pour le mensonge est un chef d’œuvre de honte et d’ignominie.

 

Ainsi, donc, depuis 1960 et particulièrement depuis 1972, les intellectuels militaires et civils, paresseux, gourmands et armés du mensonge ont conduit le pays à la tombe.


(MANIFESTE DU PSD-BELIER 1990 pp10-18)


 

 

 

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