Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Kérékou et la trahison des intérêts du peuple béninois.(4)

 

   



    Le Discours a été un coup de tonnerre dans un ciel ensoleillé. C’est un discours novateur que le peuple attendait depuis des années. Le langage  était nouveau, révolutionnaire, un langage inattendu pour un chef d’Etat. Avant le 30 Novembre 1972, quiconque parlait de lutte contre la domination étrangère, de lutte contre le colonialisme, le néo-colonialisme et l’impérialisme   se retrouvait en prison. Et voilà que le chef de l’Etat donne raison à toutes les forces anti-impérialistes en choisissant leur proposition POUR UNE POLITIQUE NOUVELLE D’INDEPENDANCE NATIONALE. Ce jour a été un   grand jour pour les travailleurs et pour la jeunesse de notre pays. Ce fut le jour du pacte entre les forces anti-impérialistes, anticolonialistes et anti-néocolonialistes et le Gouvernement Militaire  Révolutionnaire, en particulier avec son chef Mathieu Kérékou.  

Comment a-t-il géré ce pacte ?

Je vais  à présent essayer de passer en revue la gestion de ce pacte par Kérékou. Je partirai des extraits du Discours Programme  pour aboutir à ce que j’ai constaté dans leur mise en application.  C’est le résultat qui nous dira si nous pouvons en notre âme et conscience présenter Kérékou à la jeunesse de notre pays comme un modèle.

               PREMIER EXTRAIT   

 -La caractéristique fondamentale et la source première de l’arriération de notre pays est la domination étrangère.

  (DISCOURS  PROGRAMME du 30 Novembre 1972)

 

     C’est la première phrase du Discours Programme. Cette phrase a été accueillie par un tonnerre d’applaudissements au palais de la République le 30 Novembre 1972. C’était aussi le symbole du pacte entre Kérékou et les organisations des travailleurs et des jeunes de notre pays.    Pour la première fois, le chef de l’Etat adopte la langue qui autrefois conduisait les élèves, les étudiants et les travailleurs en prison. Le Discours Programme fut un langage nouveau,  un langage qui emportait l’adhésion totale des forces anti-impérialistes dont les idées sont ainsi parvenues au pouvoir.

Le Discours Programme  se poursuit dans le même langage sur plusieurs pages en des termes révolutionnaires.

 

                DEUXIEME EXTRAIT

 

 « L’histoire de cette domination est celle de l’oppression politique, de l’exploitation économique, de l’aliénation culturelle, de l’épanouissement de contradictions inter-régionales et intertribales. Mais c’est aussi l’histoire de la longue lutte du peuple militant de notre pays qui, le 26 octobre 1972, marque une rupture radicale avec le passé et amorce une politique nouvelle d’indépendance nationale dont la base et la finalité restent ses intérêts et sa personnalité.

 (DISCOURS  PROGRAMME du 30 Novembre 1972)

Oui, notre peuple  a subi la violence sauvage, criminelle et inhumaine des envahisseurs français  à l’issue de laquelle plusieurs  de nos compatriotes ont perdu la vie, plusieurs ont été déportés et assassinés, des villages entiers ont été incendiés et des points d’eau empoisonnés. Oui, notre peuple a subi  et subit encore l’oppression politique, Oui  notre peuple a subi et subit encore l’exploitation économique, où tous les secteurs vitaux sont détenus par l’étranger ou ses suppôts locaux. Oui notre peuple a subi et subit encore l’aliénation culturelle, où pendant des décennies on lui a dénié  toute culture, toute civilisation et donc toute personnalité et toute dignité. Oui pour perpétuer l’exploitation économique l’étranger et ses serviteurs nationaux ont poussé souvent à l’excitation des bas instincts des populations pour les opposer les unes aux autres. Mais face à toutes ces oppressions notre peuple a opposé et continue d’opposer  une farouche résistance. Kérékou a donc eu raison le 30 Novembre 1972. Il est resté au pouvoir pendant trois décennies. Mais au moment où il part du pouvoir, l’exploitation économique est plus féroce que jamais et l’idéologie étrangère obscurantiste n’a jamais été aussi envahissante, aussi étouffante et aussi pernicieuse. Cela veut dire que Kérékou a échoué dans sa volonté proclamée le 30 Novembre 1972 de défendre les intérêts du Bénin et de  restaurer notre dignité.   Pour cette raison notre société, la société béninoise ne peut pas le présenter comme un modèle à la jeunesse béninoise. 

           TROISIEME EXTRAIT

Comptons d’abord sur nos propres forces, sur nos propres ressources, sur l’initiative créatrice des larges masses dans notre lutte pour nous libérer de la domination étrangère, pour développer notre économie et pour donner à notre peuple la dignité et la personnalité d’un peuple libre ;

         (DISCOURS  PROGRAMME du 30 Novembre 1972)

Si nous ne comptons pas sur nos propres forces dans la résolution de nos problèmes, si nous devons faire de la mendicité notre  ligne de politique générale, nous ne pourrons  pas nous libérer de la domination étrangère, nous ne pourrons pas développer l’économie de notre pays, nous ne pourrons pas donner à notre peuple la dignité et la personnalité d’un peuple libre. Les espoirs suscités au sein des jeunes et au sein de notre peuple par le Discours Programme du 30 Novembre 1972 ont été totalement déçus. Au moment où Kérékou part du pouvoir (contre son gré),  notre pays est un pays mendiant sans personnalité, sans dignité et sans fierté. Notre économie est dominée par l’étranger ou ses suppôts locaux. Pour cette raison nous ne pouvons pas présenter Kérékou comme un modèle à la jeunesse de notre pays. Ce serait fermer définitivement la porte à toute émancipation de notre peuple. Et nous autres militants du Parti Social Démocrate  le Bélier ( PSD-BELIER), Parti Liguiste, ne pouvons  commettre un tel crime.

                  QUATRIEME EXTRAIT 

Réorganiser toute la structure économique, culturelle et sociale de notre pays dans le sens d’une libération de la domination étrangère, d’une éradication de la corruption, de la concussion et du népotisme, et d’une plus grande efficacité ;

       (DISCOURS  PROGRAMME du 30 Novembre 1972)

 

Avant le 30 Novembre 1972, la structure économique du pays ne prenait pas en compte les préoccupations et les besoins  du peuple  béninois. En proclamant le 30 Novembre qu’il allait procéder à une réorganisation de la structure économique du pays, Kérékou allait dans le sens des exigences  de la jeunesse et des travailleurs  de notre pays. Au moment où il quitte le pouvoir (contre son gré !) l’ancienne structure est toujours en place, la domination étrangère est plus puissante que jamais, la corruption a gangrené  tout le corps social. Même  les secteurs où ne sévissait pas la corruption avant son arrivée au pouvoir (l’école en tant qu’institution par exemple) ont tous été envahis par la corruption. Nous ne parlons pas des autres secteurs que la corruption avait déjà envahis   Voilà comment il a éradiqué la corruption dans notre pays ! Kérékou n’a mené aucun combat  contre la concussion et le népotisme dans notre pays. Avec sa gestion, tous ces maux se sont trouvés renforcés dans le pays. Et pour cette raison, nous ne pouvons pas le présenter à la jeunesse béninoise comme un modèle.

 

            CINQUIEME EXTRAIT

 

 -Il s’agira de liquider définitivement l’ancienne politique à travers les hommes, les structures et l’idéologie qui la portent.

  (DISCOURS  PROGRAMME du 30 Novembre 1972)

 

Voilà une des phrases fétiches du Discours Programme du 30 Novembre 1972. Sans la liquidation de l’idéologie de l’ancienne politique, il est impossible de mettre en œuvre la POLITIQUE NOUVELLE D’INDEPENDANCE NATIONALE. Au moment où Kérékou part du pouvoir, les hommes de l’ancienne politique sont solidement installés  dans tous les rouages du pouvoir d’Etat avec de grands privilèges, les structures de l’ancienne politique sont réinstallées, l’idéologie religieuse de domination étrangère a envahi tous les secteurs de la vie nationale. Même dans certains services publics, les chefs service  imposent l’exécution de la prière aux autres membres des administrations et seuls ceux qui témoignent d’une grande religiosité connaissent de promotion. Lui-même, Kérékou,  parlait à tort et à travers de la bible , symbole de l’idéologie de la  domination étrangère. Il y a là manifestement un échec patent dans la lutte pour « liquider définitivement l’ancienne politique à travers les hommes, les structures et l’idéologie qui la portent » Il y a  comme   une reddition face à l’ennemi. Le général,  notre général, nous a conduits dans un guet-apens où nous avons été pris au piège par les ennemis et nous avons été massacrés. Kérékou c’est le cheval de Troie introduit dans le camp des anti-impérialistes de notre pays. Son objectif, c’est la défaite de la lutte contre la domination étrangère. Nous ne pouvons donc pas le présenter comme un modèle à la jeunesse de notre pays. Un cheval de Troie qui sert les intérêts de l’ennemi et conduit à la défaite ne peut pas être présenté comme un modèle à la jeunesse de notre pays.

 

              SIXIEME EXTRAIT      

 

 -L’enjeu c’est le Dahomey. Il s’agit de réaliser dans notre pays une société où il fait bon vivre parce que chacun y pourra disposer du minimum nécessaire pour une vie décente. Une société où seraient atténuées les inégalités de revenus en attendant de pouvoir s’attaquer aux inégalités de fortune.

   (DISCOURS  PROGRAMME du 30 Novembre 1972)

 

Oui, l’enjeu c’est encore et toujours  notre pays. Pour réaliser une société où il fait bon vivre, il faut des idées de progrès et non des idées rétrogrades, il faut des hommes intègres et non des mafieux et des brigands, et de toutes les façons, il ne faut pas des caméléons, c’est-à-dire, des gens qui changent d’opinion à chaque pas. Au moment où Kérékou quitte le pouvoir (contre son gré), il n’y a que ses amis, les membres de sa famille et les mafieux qu’il a fabriqués  qui ont une vie digne de ce nom   dans notre pays. Il ne s’est pas attaqué aux inégalités de revenus, des inégalités qui ont augmenté dans de grandes proportions. Kérékou  a laissé le champ libre aux voleurs, aux mafieux et aux brigands qui ont dépouillé le peuple de ses biens et l’ont appauvri pendant qu’eux-mêmes se retrouvaient à la tête d’immenses richesses, fruits de leurs rapines. La grande majorité des Béninois  ne peut pas avoir une vie décente. Elle   est obligée de vivre d’expédient dans la misère, la pauvreté et le dénuement. Ce n’est pas ce que nous promettait le Discours Programme du 30 Novembre 1972. C’est pour cette raison que nous ne pouvons pas   présenter Kérékou  comme un modèle à la jeunesse et aux travailleurs de notre pays. On ne peut pas prendre comme modèle quelqu’un qui ne respecte pas la parole donnée.


                 (La suite demain)




 

Les commentaires sont fermés.