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  • LETTRE DE FESYNTRA FINANCE A LA PRESSE

    FESYNTRA-FINANCES FEDERATION DES SYNDICATS DES TRAVAILLEURS DU MINISTERE CHARGE DES FINANCES POSITION FESYNTRA-FINANCES FACE A L’ORGANISATION DES CONCOURS DE RECRUTEMENT POUR LE 28 JUILLET 2012 Suite à la rencontre Administration/FESYNTRA-FINANCES ce jour 27 juillet 2012 au Ministère de l'Economie et des Finances à la salle 130 de 12 heures 20 minutes à 13 heures 30 minutes, l e Directeur de Cabinet nous a fait le point suivant : - les négociations entre le cabinet du Ministre de l’Economie et des Finances et celui du Ministre du Travail et de la Fonction Publique ont abouti à la signature de deux arrêtés l’un organisant les concours de recrutement au profit des administrations des Impôts, du Trésor et des Douanes, session des 28 juillet et 25 août 2012, le second fixant les modalités et programmes des concours de recrutement au profit des administrations des Impôts, du Trésor et des Douanes, session des 28 juillet et 25 août 2012 ; - la création de huit jury dans lesquels le Ministère de l’Economie et des Finances sera représenté ; - au sein des deux jury concernant les travaux préparatoires et la réception et l’étude des dossiers, le Ministère des Finances à travers le Contrôle Financier et la Direction Générale du Budget aurait été représenté depuis quatre mois ; - les six autres jury au sein desquels le Ministère des Finances sera représenté, il n’a été mentionné nulle part que nos revendications (paraphe des copies, mise sous scellé des copies, délibération sur les lieux de désanonymat), ont été prises en compte. Le Directeur de Cabinet nous ayant renvoyé à une décision qui sera prise quand et comment on ne sait ; - enfin, il nous a été demandé de communiquer à la DRH la liste des représentants du syndicat. Sur cette base, la FESYNTRA-FINANCES a estimé que : - les deux arrêtés n’ont pas été pris en régularisation mais ont été bel et bien signés ce jour 27 juillet 2012 pour des concours qui devront se dérouler les 28 juillet et 25 août 2012 en violation de la loi 86-013 qui stipule en son article 23 qu'ils doivent être pris quatre (4) mois avant le déroulement des concours ; - même si elle fournissait la liste de ses représentants rien ne présage du respect des exigences qu’elle a formulées. Fort de tous ces constats, la FESYNTRA-FINANCES a demandé le report des concours d’au moins une semaine avec la reprise du choix des sujets dans des conditions transparentes comme le font les Magistrats et les Inspecteurs des Finances. Le Secrétaire Général Fédéral Laurent METONGNON

  • DISCOURS PROGRAMME DU 30 NOVEMBRE1972

     

                                                                   

      Voici le Discours Programme du 30 Noembre 1972. Il est l'oeuvre des forces de progrès de notre pays en 1972.Lisez-le, regardez notre pays  et faites  le bilan.

    Il ne faut pas qu'un homme se comporte comme  un idiot.Lors que vous confiez la contruction  de votre maison à un maçon qui  travaille mal et fait tout à l'envers, est-ce que vous renoncez à avoir une maison? C'est comme ça que les grands économistes reconnus par les occidentaux  se sont comportés et nous ont revendus  à l'occident dont nous sommes en tout point de vue redevenus  la colonie. Le peuple béninois a été trahi par Kérékou qui s'est  comporté comme un cheval de Troie dans le camp des forces du  progrès. Mais la lutte continue.




                                                         REPUBLIQUE DU DAHOMEY

     

     

     

                                     GOUVERNEMENT MILITAIRE REVOLUTIONNAIRE

     

     

     

     

     

     

     

                                                                         DISCOURS PROGRAMME

     

     

     

     

     

     

                                                                           Cotonou, le 30 Novembre 1972

               

                         La caractéristique fondamentale et la source première de l’arriération de notre pays est la domination étrangère. L’histoire de cette domination est celle de l’oppression politique, de l’exploitation économique, de l’aliénation culturelle, de l’épanouissement de contradictions inter-régionales et intertribales. Mais c’est aussi l’histoire de la longue lutte du peuple militant de notre pays qui, le 26 octobre 1972, marque une rupture radicale avec le passé et amorce une politique nouvelle d’indépendance nationale dont la base et la finalité restent ses intérêts et sa personnalité.

                En effet, le peuple déhoméen est un peuple fier, épris de justice, riche des ressources de son pays et de son esprit, capable de sacrifice et d’héroïsme, impatient de prendre en mais et d’assumer son destin.

                C’est  pourquoi, la seule voie qui s’offre à nous aujourd’hui est celle d’une politique nouvelle d’indépendance nationale. Mon propos, aujourd’hui, est donc de vous faire part du programme d’action que mon gouvernement entend suivre pour le redressement économique, social et culturel de la Nation. Il faut préciser que, quelle que soit l’ampleur de mon exposé, il ne saurait entrer  dans le détail des choses. Il s’agira essentiellement des grandes orientations de l’action que le Gouvernement Militaire Révolutionnaire envisage de mener dans les domaines économique, politique, social et culturel. Vous avez eu et vous aurez l’occasion de discuter et de donner votre avis sur les tâches concrètes qui résulteront de ce programme.

     

    Excellences,

    Mesdames,

    Messieurs,

     

                Il s’agira de liquider définitivement l’ancienne politique à travers les hommes, les structures et l’idéologie qui la portent.

    -       Comptons d’abord sur nos propres forces, sur nos propres ressources, sur l’initiative créatrices des larges masses dans notre lutte pour nous libérer de la domination étrangère, pour développer notre économie et pour donner à notre peuple la dignité et la personnalité d’un peuple libre ;

    -       Réorganiser toute la structure économique, culturelle et sociale de notre pays dans le sens d’une libération de la domination étrangère, d’une éradication de la corruption, de la concussion et du népotisme, et d’une plus grande efficacité ;

    -       Développer nos relations extérieures avec tous les pays sans discrimination sur la base du respect de la souveraineté nationale, de l’égalité et de l’avantage réciproque ;

    -       Affermir l’autorité de l’Etat.

    Ce simple énoncé montre l’immensité et la complexité de la tâche qui incombe au Gouvernement Militaire Révolutionnaire. Il indique aussi que, pour y faire face, il faudra agir simultanément dans tous les domaines.

     

    1-    Le monde rural

    Le monde rural regroupe la plus grande proportion de la population dahoméenne. Il contribue pour la plus large part à la création de richesses nationales. Par contre il participe très modestement à la redistribution de ces richesses. Le principe directeur, qui guidera le gouvernement dans son action, sera d’exploiter au mieux les vocations naturelles du pays, tant du point de vue des cultures industrielles que de celui des cultures vivrières, de l’élevage et de la pêche.

     

    a-    Agriculture

    Une politique de garantie et d’amélioration du prix au producteur constitue la première condition et le moyen d’incitation le plus efficace dans l’immédiat à l’augmentation de la production agricole.

    Dans ces conditions le Gouvernement Militaire Révolutionnaire préconise :

    vLa transformation en un organisme autonome doté de moyens puissants de l’actuel fonds de soutien des produits agricoles.

    vLe rejet de la politique actuelle de détournement des ressources de ce Fonds au profit aussi bien des sociétés privées que de l’Etat.

    vL’extension progressive des activités de ce Fonds au bénéfice des produits de notre agriculture, qu’il s’agisse des produits industriels d’exportation ou des produits vivriers destinés à l’alimentation de nos populations.

    vLa prise en charge par l’Etat du conditionnement et de la commercialisation de nos produits d’exportation, notamment le coton et le tabac.

    vA moyen et à long terme, l’augmentation de notre production agricole et la consolidation de notre indépendance supposent  un changement qualitatif de nos moyens de production, une reforme de nos structures agraires, l’abolition de la monoculture, la valorisation sur place des produits de notre agriculture.

     

    b-    Elevage

    Faute d’une option claire, la politique dans le domaine de l’élevage, des divers gouvernements qui se sont succédés jusqu’à ce jour, s’est caractérisée par des actions dispersées, aussi vaines que paralysantes. C’est ce qui explique la croissance lente du cheptel dahoméen.

    Aussi, l’action du Gouvernement Militaire Révolutionnaire dans ce secteur sera-t-elle guidée par le principe d’utilisation optimum des vocations naturelles des diverses régions du pays. Des études sur des zones de création de ranch ont été réalisées depuis longtemps et dorment dans des tiroirs. Il faudra les en retirer et les mettre en œuvre.

    Une action particulière devra être menée au profit des petits éleveurs. Elle consistera en :

    -      La réfection et l’amélioration de l’infrastructure hydraulique pastorale existante et éventuellement la création de nouveaux puits sur les parcours des troupeaux ;

    -      L’organisation et la réglementation des marchés de bétail et de la viande ;

    -      La mise en œuvre d’une médecine vétérinaire préventive dotée de moyens suffisants ;

    -      La vulgarisation systématique au niveau des paysans et des éleveurs des résultats obtenus dans les fermes expérimentales ;

    -      La modernisation des abattoirs et la transformation des produits de notre élevage.

     

    c-    Pêche

    Une politique conséquente de la pêche devra comporter :

    -      L’interdiction des techniques de pêche qui dépeuplent nos fleuves et nos lagunes ;

    -      La création d’une société nationale d’armement à la pêche, la règlementation et la contrôle rigoureux de la pêche le long de nos côtes ;

    -      La réorganisation de notre brigade fluviale et maritime dotée de moyens puissants, de cadres qualifiés en vue de faire respecter la souveraineté de notre pays sur nos eaux territoriales ;

    -      La mise en place d’un système de crédits publics à long terme permettant le renouvellement de la flottille, et le développement des produits de la pêche.

     

                    2-    Industrie, commerce et finances

    En ce qui concerne les entreprises industrielles et commerciales et les institutions financières, l’objectif doit être la prise en charge progressive par l’Etat du contrôle des secteurs vitaux de notre économique qui conditionnent le développement et l’indépendance de notre pays et la mise en valeur rapide de nos ressources. Cela implique :

     

    a-    Domaine industriel

    -      L’obligation, pour toutes les sociétés étrangères qui opèrent dans notre pays, de domicilier leur siège social au Dahomey et d’y tenir leur comptabilité ;

    -      La révision de notre Code des Investissements dans un sens plus favorable aux intérêts du peuple dahoméen ;

    -      La création d’une société nationale de construction de bâtiments ;

    -      La dotation et l’équipement en moyens suffisants de l’actuel service des études du département des Travaux publics ;

    -      La mise en valeur et l’exploitation de nos ressources minières  telles que le pétrole, le calcaire, le marbre, etc… et des ressources de notre sous-sol ;

    -      La mise  en valeur de nos ressources hydro-électriques au profit de notre industrie et nos populations ;

    -      La création d’un véritable complexe textile ;

    -      La création d’une industrie de produits pharmaceutiques ;

    -      La création d’une manufacture de tabac et d’arachide ;

    -      La création d’une régie nationale des alcools.

    b-    Domaine commercial, touristique et artisanal

    Le secteur commercial est aujourd’hui caractérisé par une certaine inorganisation et un manque de règlementation. Il résulte de cette situation une spéculation effrénée au dépend du consommateur. Il importe alors d’y remédier grâce à une série d’actions dont les objectifs viseront à :

    -      L’attribution à l’Etat du monopole de l’exportation de tous nos produits et de l’importation de certains produits de grande consommation ;

    -       La création d’une société nationale de transit :

    -      La création d’une société nationale d’assurances et de réassurances ;

    -      La règlementation stricte du commerce local tendant à une division claire des tâches entre les grandes entreprises d’import-export et les groupements de commerçants nationaux ainsi qu’à une meilleure protection de ces derniers ;

    -      La réorganisation des circuits commerciaux intérieurs dans l’intérêt des producteurs et des consommateurs ;

    -      La diversification de nos sources extérieures d’approvisionnement et de nos partenaires commerciaux ;

    -      Le développement du réseau ferroviaire national, son prolongement jusqu’à nos frontières ;

    -      Le développement et la modernisation de notre réseau routier ;

    -      La prise en considération de l’examen, en fonction des seuls intérêts du peuple dahoméen, des demandes de toutes les compagnies aériennes qui souhaiteraient s’installer sur notre sol ;

    -      Le désarmement douanier sélectif qui tienne compte de notre situation économique ;

    -      Le développement de l’artisanat su service du tourisme constitue l’une des préoccupations du Gouvernement Militaire Révolutionnaire.

                              3-    Assainissement financier

    L’assainissement des finances publiques poursuit trois objectifs :

    -      Imposer le respect du bien public et restaurer le prestige moral qui devrait être attaché à l’exercice de fonctions dirigeantes au sein de la société ;

    -      Permettre à l’Etat d’augmenter ses revenus ;

    -      Permettre à l’Etat de réaliser des économies substantielles grâce à une organisation plus rationnelle de ses services et à l’adoption d’un train de vie compatible avec notre situation  de petit pays aux ressources limitées.

     

    Ces objectifs ne peuvent être atteints qu’aux conditions suivantes :

    -      Le contrôle systématique de la gestion des affaires de l’Etat dans les domaines financiers, économiques, fiscaux, administratifs, grâce à l’épuration et au renforcement en personnel et en matériel de l’inspection générale des Finances, de l’Inspection générale des Affaires administratives, du Service du contrôle des Prix, de la Direction des Impôts et grâce à l’institution  d’une police économique ;

    -      La récupération des manques à gagner de l’Etat. Par conséquent, contraindre les sociétés qui ne l’ont pas encore fait, à verser à l’Etat les 25% prélevés sur les salaires des travailleurs au titre de l’impôt de solidarité nationale ; contraindre les sociétés privées à payer dans les meilleurs délais tous les arrières d’impôts  qu’elles doivent à l’Etat.

    -      L’élaboration d’un nouveau Code des Impôts ;

    -      La suppression des mesures arbitraires de dégrèvements des impôts ;

    -      La réduction de toutes les indemnités attachées aux fonctions de l’Etat ;

    -      La résiliations de tous les baux administratifs, l’harmonisation des indemnités de logement aux ayant droit et le construction de bâtiments administratifs et d’immeubles d’habitation à loyer modéré (HLM) ;

    -      La mise en place au niveau de chaque département d’un système rigoureux de contrôle de gestion ;

    -      Le contrôle plus sévère et plus fréquent de la gestion des sociétés d’Etat.

     

    4-    Education et formation des cadres

    Jusqu’ici l’enseignement, l’éducation et la culture ont été au service de la domination et de l’exploitation étrangère. Ici également s’impose une politique nouvelle d’indépendance nationale qui rompt avec le carcan d’étouffement de nos valeurs nationales que constitue l’école traditionnelle. Dans cette optique, il est impérieux d’installer un système d’éducation démocratique et patriotique qui permette l’enseignement d’une science et d’une technique moderne au service des intérêts du peuple. Pour cela, il faudra :

    -      Elaborer une réforme authentique de l’enseignement conforme aux exigences de la nouvelle politique. Cette réforme aura à mettre en place des structures, un enseignement d’orientation et de contenu conformes aux nécessités d’un développement économique et national indépendant ;

    -      Revaloriser nos langues nationales ;

    -      Réhabiliter notre culture en l’adaptant aux besoins de nos masses laborieuses ;

    -      Ouvrir notre université à toutes les formes du savoir et tous à tous les courants contemporains de la pensée scientifique. Elle doit avoir une vocation africaine en même temps qu’universelle et réserver une place privilégiée au brassage des expériences accumulées  par les universités sœurs.

     

    L’Etat doit exercer un contrôle rigoureux sur les écoles privées aussi bien confessionnelles que laïques. Pour l’enseignement catholique en particulier, l’Etat doit permettre une solution satisfaisante des problèmes ardus posés aux enseignants.

    Il faudra assurer le développement de la culture populaire en organisant dans les langues nationales, l’alphabétisation des masses, facteur essentiel de notre développement.

          Il est nécessaire de créer un Institut de linguistique, chargé de mettre au point les moyens de lever les obstacles à l’utilisation des langues nationales comme véhicule du savoir.

    Un autre groupe qui doit bénéficier de l’attention du Gouvernement Militaire Révolutionnaire est celui constitué par les jeunes.

    Notre conviction est que les jeunes peuvent jouer un rôle capital dans la transformation de la société de par leur nombre, leur disponibilité pour faire face aux mutations, leur impatience pour exiger des changements nécessaires.

    C’est pourquoi, par une série d’actions, mon gouvernement :

    -      Favorisera l’exercice réel des responsabilités par les jeunes en recourant au dialogue, à la confrontation et à la        consultation ;

    -      Cherchera à compenser dans tous les secteurs de la vie sociale les handicaps qui pèsent plus particulièrement sur les jeunes ;

    -      Luttera par l’éducation contre la délinquance juvénile.

    Une politique adéquate des spectacles, sports et loisirs favorise la santé mentale et physique du peuple travailleur.

    Il faut en conséquence :

    -      Créer un Conseil national des loisirs et spectacles qui fasse une plus grande place aux initiatives populaires en matière de spectacles ;

    -      Revaloriser le sport en encourageant les sportifs, en leur assurant les moyens d’existence ;

    -      Installer l’infrastructure et l’équipement sportif appropriés et offrir un encadrement qualifié.

     

    5-    Santé et affaire sociales

    La nouvelle politique du Gouvernement dans le domaine de la santé doit porter essentiellement sur les masses populaires. C’est pourquoi, il est urgent de :

    -      Doter notre pays d’une infrastructure sanitaire adéquate : équipements et locaux ; centres médicaux notamment dans les zones rurales ;

    -      Accorder la primauté à la médecine préventive sur la médecine curative ;

    -      Associer médecine moderne et médecine traditionnelle pour le bien-être de nos masses et pour le progrès de la pratique médicale au Dahomey en reconnaissant l’importance de notre pharmacopée ;

    -      Instituer un conseil national de la santé, regroupant essentiellement les véritables praticiens en contact avec les masses de nos villes et de nos campagnes, chargé d’inspirer et de guider la politique de l’Etat en matière de santé publique ;

    -      Exploiter nos sources thermales et minérales, véritables richesses industrielles et thérapeutiques.

     

    6-    Administration

    Crises politiques successives, favoritisme dans le recrutement, incompétences et manque de conscience professionnelle des agents publics ont eu pour conséquences de l’administration nationale. Il s’en est suivi un manque d’autorité et d’une inefficacité de l’appareil de l’Etat.

    Sur le plan organisationnel, le système reste de type napoléonien, vestige de la période coloniale. La centralisation des structures qu’implique un tel système étouffe les initiatives et l’esprit de responsabilité. Elle éloigne le pouvoir des citoyens.

    Les fréquences interventions de l’exécutif au niveau des juges ont fini par faire de la Justice un simple service public à la dévotion du Gouvernement. L’indépendance des juges maintes fois affirmées relevées plutôt du domaine des idées.

    Dans ces  conditions, l’ancien du Gouvernement Militaire Révolutionnaire doit viser à :

    -       Restaurer et affermir l’autorité de l’Etat ;

    -       Améliorer l’efficacité de l’administration en la débarrassant des procédures tracassières et stérilisantes ;

    -       Rapprocher, par la décentralisation le pouvoir du citoyen ;

    -       Garantir l’indépendance de la Justice.

    Dans la nouvelle optique de l’administration du territoire, le Gouvernement Militaire Révolutionnaire entend donner à chaque ministre, à chaque  chef responsable de cellule administrative, les plus larges pouvoirs sur les moyens qu’il lui faut. Il va de soi que l’usage qu’il fera des moyens ainsi mis à sa disposition. La mission désormais confiée aux différents responsables étant surtout économique, il sera aisé d’apprécier le bien –fondé de l’utilisation des moyens en fonction des résultats obtenus.

    Le contexte révolutionnaire implique la célérité dans l’action. Il sera donc entrepris une réforme générale des procédures qui, tout en permettant de s’entourer des garanties nécessaires, permette de prendre les décisions qui s’imposent dans des délais les plus courts.

    Sur le plan de la politique intérieure notre objectif fondamental est de développer les libertés individuelles et collectives et de garantir leur exercice effectif. Il faut reconnaître et garantir l’exercice du doit d’expression, d’information, de réunion. Toutefois, ces libertés devront s’exercer dans le cadre d’une règlementation fixée par les autorités.

    Notre souci majeur est donc de restaurer le jeu normal de la démocratie jusqu’ici bloqué par le gouvernement défunt. Mais démocratie ne signifie pas anarchie. Aussi, la mise en cause de l’autorité de l’Etat ne sera-t-elle jamais tolérée. Il faut que l’on se le tienne pou dit une fois pour toutes.

                                          7-    Politique extérieure

    Les rapports de Dahomey avec les pays étrangers doivent reposer sur les principes de non – alignement, d’égalité, de respect mutuel de la souveraineté, des avantages réciproques et de la dignité nationale.

    Ainsi les accords de coopération économique, culturelle et de la défense qui nous lient avec certains pays amis doivent être révisés ; une commission nationale de la révision de ces accords sera créée.

          Le Dahomey entreprendra des rapports de coopération économique et culturelle avec tous les pays africains dans le respect de la souveraineté nationale. Cette politique d’indépendance se traduira par la réévaluation des avantages et inconvénients de notre participation aux ensembles tels que le Conseil de l’Entente, l’OCAM, AIR AFRIQUE, B.C.E.A.O etc et la prise  des décisions qui se révéleraient nécessaires compte tenu de l’intérêt bien compris de la nation.

    Par ailleurs, le Dahomey apportera son soutien actif dans l’OUA et dans l’ONU aux peuples en lutte pour leur libération notamment les peuples de la Guinée – Bissao, de l’Angola, du Mozambique, de l’Afrique du Sud, du Zimbabwe, de la Namibie, du Vietnam etc.

    Voilà Excellence, mesdames, Messieurs, les grandes lignes de l’action de mon gouvernement à court, moyen et long termes. Comme vous avez pu le constater tout au long de mon exposé, la tâche qui nous incombe est immense et complexe ; mais elle est exaltante aussi.

    L’enjeu c’est le Dahomey. Il s’agit de réaliser dans notre pays une société où il fait bon vivre parce que chacun y pourra disposer du minimum nécessaire pour une vie décente. Une société où seraient atténuées les inégalités de revenus en attendant de pouvoir s’attaquer aux inégalités de fortune.

    Pour mener à bonne fin cette noble tâche nul ne sera de trop. Le Gouvernement Militaire Révolutionnaire quant à lui est décidé à ne pas ménager ses efforts pour la réalisation des objectifs qu’il s’est fixés. Il ne faillira pas à sa Mission historique.

          La révolution ne doit pas échouer. Et elle n’échouera pas.

     

          Alors,

    Vive la révolution !

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


     

     

  • LES ENSEIGNANTS DU SECONDAIRE ET DU SUPERIEUR ET LE COMBAT DU PEUPLE PEUPLE

     

     

     

     

     

     

    A l’issue des grandes grèves connues sous le non d’ ‘’Evénements de Juin 1972’’ grèves déclenchées le 16 Juin 1972, le  Comité pour l’Unité des Enseignants du secondaire et du Supérieur (CUESS) qui regroupait alors le SDESS, le SNET, le SYNAPROCEG et le SNEEPS conduit les enseignants au congrès de l’unité les 15 et 16 juillet 1972. Ce fut un très grand congrès puisqu’il donna le jour au Syndicat National des Enseignants du secondaire et du Supérieur. Ce fut  l’aboutissement d’une longue lutte, une lutte âpre entre ceux qui préconisaient l’unité de tous les enseignants dans un syndicat fort et puissant et ceux qui, allant au devant des exigences de l’impérialisme et de la réaction intérieure poussaient à la division les enseignants de notre pays afin d’offrir aux exploiteurs la possibilité sans limites de continuer à piller les ressources de notre chère patrie et de pérenniser leur domination politique sur nous. La ligne réactionnaire de division a subi une défaite cuisante. Mais au congrès de Juillet 1972, ce n’était pas seulement le problème de la ligne organisationnelle qui avait été résolu. Les enseignants du Secondaire et du Supérieur ont résolu le problème combien important de la ligne politique qui définissait les bases de leur conduite dans la vie nationale. Ils écrivaient notamment :

     

    ‘’ Comme travailleur d’un pays sous-développé et néo – colonial, il (l’enseignant du Secondaire et du Supérieur) sait qu’il n’y aura aucune solution à ses problèmes spécifiques qui ne soit liée au problème fondamental de la Nation entière, lequel problème est encore essentiellement politique. C’est pourquoi il considère, pour ce qui le concerne, comme rétrograde, irréaliste et inacceptable, toute forme corporatiste de lutte syndicale et opte résolument pour un syndicalisme révolutionnaire’’.

     

    (Charte de l’Enseignant du secondaire et du Supérieur ; document Congrès constitutif du SYNAESS page 8). Toujours dans la Charte et en page 9 les enseignants avaient écrit :

     

    ‘’ SYNDICAT d’Educateurs d’un pays sous développé et néo – colonial, le SYNAESS ne saurait se confiner à défendre des intérêts égoïstes d’une caste professionnelle et il situe son action dans le cadre de la lutte pour la défense des intérêts fondamentaux des populations des villes et des campagnes aussi, il est syndicat révolutionnaire. Il n’a pas de choix !.

     

    Les enseignants ne pouvaient pas être plus clairs dans la ligne politique qu’ils entendaient imprimer à leur syndicat. Mais l’on ne pouvait pas s’arrêter si l’on se préoccupait réellement du combat que mène le peuple pour se libérer des griffes ensanglantées de l’impérialisme agresseur. Bien sûr, les enseignants de notre pays ne s’étaient point arrêtés là. Ils savaient que tout le monde pouvait affirmer du bout des lèvres qu’il était prêt pour la révolution, et poser dans les faits et de façon permanente, des actes réactionnaires ; l’histoire démontrera plus tard la justesse de cette vision des choses. C’est conscients e ce fait que les enseignants dans le préambule aux statuts du SYNAESS déclaraient :

     

    ‘’ Les enseignants du secondaire et du supérieur sont conscients du fait que les problèmes posées à la nation entière par cette nouvelle forme de domination et d’exploitation du peuple travailleur ne trouveront leurs justes solutions que dans le cadre d’une Politique Nouvelle d’Indépendance Nationale.’’ (Souligné dans le texte original)

     

    Document du Congrès Constitutif page 13.

    Nous avons écrit ces lignes il y a quarante ans, quelques mois avant le coup d'Etat du 26 Octobre 1972.La lutte continue!

     

     

     

  • CONGRES DES ENSEIGNANTS DU SECONDAIRE ET DU SUPERIEUR

    Aujourd'hui 15 Juillet 2012. Il y a quarante ans les enseignants de notre pays se retrouvaient en un grand Congrès Constitutif du Syndicat National des Enseignants du Secondaire et du Supérieur (SYNAESS) et ceci après les gigantesques grèves connues sous le nom d'Evénement de Juin 1972, quelques mois avant le Coup d'Etat d'octobre 1972.Le SYNAESS a joué un grand rôle dans la rédaction du Discours Programme du 30 Novembre 1972. Que le DP n'ait pas été appliqué, ne saurait être considéré comme une faute de ceux qui l'ont rédigé.Des milliers de Béninois ne se sont jamais demandé ce que contient ce document et pourtant il a été le fruit de la réflexion de tous ceux qui se regroupaient dans les organisations progressistes de cette époque.Aujourd'hui encore plusieurs points du DP appellent notre réflexion.Faites un effort et allez lire le DP. Bon anniversaire aux Congressistes du 15 Juillet 1972.

  • L'ECOLE DANS L'ERRANCE

     

    Bénin : l’école dans l’errance

     

    Les gesticulations ou mises en scène observées ça et là ne sauraient venir à bout d’une l’école en déclin. L’on se risquerait à une inflation de publications si l’objectif était de faire l’inventaire des causes et manifestations de la baisse de forme de l’école béninoise. Je me propose de partir de certains événements pour  peindre le tableau sombre de cette institution, avec en pensée que l’image de l’école projetée finirait par susciter pitié et émouvoir ceux qui en ont la charge.  

     

    1-Le jeudi 3 mai 2012, la chaîne de télévision Canal 3 projeta les images d’un mouvement de protestation des apprenants du lycée technique agricole (Lta) de Kika. Les apprenants se sont mis en grève au motif que pendant 27 mois, leur formation s’est déroulée sans que le corps enseignant eût besoin d’équipements didactiques pour la maîtrise et l’approfondissement des connaissances. Ils déclaraient n’avoir utilisé pendant toute la période, que des boîtes de tomate perforées en guise d’arrosoirs. Le directeur qui n’a pas rejeté ces récriminations a argué de ce que les équipements didactiques étaient en instance de commande ; il a déclaré ensuite que même si les équipements étaient utilisés au cours de la formation, très peu d’apprenants pourraient avoir les moyens d’en acquérir au sortir du centre.

     

    2-Le jeudi 24 mai 2012,  il y eut sur la chaîne Golfe TV, le reportage d’une situation insolite au collège d’enseignement général de Anavié, dans la municipalité de Porto-novo. En effet, le terrain de sports a été transformé en un théâtre de jeux par des inconnus. Ces jeux attractifs mobilisent des personnes extérieures à l’établissement et des élèves qui désertent les cours. Le collège est devenu un no man’s land. Interrogé sur son indifférence face à une cohabitation jugée encombrante et nuisible aux activités pédagogiques, le directeur a pu déclarer : « aller intervenir pour ces genres de chose, je ne sais pas ce que ça peut donner. Nous allons écrire à la mairie pour voir ce qu’on peut faire ».

     

    Voilà deux situations qui ne sauraient laisser aucune personne sensée indifférente, d’autant que ce qui en cause, c’est la formation et l’éducation de la jeunesse. Kika et Anavié renseignent par ailleurs sur le management et la qualité des hommes aux commandes dans la plupart de nos administrations. Au demeurant, ils sont révélateurs des limites touchant la rigueur et le sérieux dans les modalités de désignation des responsables des structures administratives.

     

     Les propos de ces directeurs véhiculent enfin un enseignement : savoir parler, parler bien ou se taire, car l’homme ne doit pas parler, parce qu’il a une bouche. Plus de quarante années après la riche expérience des collèges d’enseignement moderne agricole (Cema), le Bénin mérite mieux que le Lta de Kika. Kika inspire en outre les analyses suivantes: i- la question de la formation ne semble pas être un enjeu majeur, parce qu’il est d’une évidence absolue que l’apprenant qui a vécu dans les conditions de formation décrites ci-dessus ne peut être compétitif, pas plus qu’il ne peut acquérir des compétences pour l’exercice d’une bonne carrière ; ii-les raisons qui président à l’ouverture d’un centre de formation au Bénin ne prennent pas forcément en compte un profil de sortie qui valorise la qualité des ressources humaines  iii- pour l’administration du lycée, l’utilisation des équipements didactiques n’est pas indispensable dans l’apprentissage, les conditions matérielles des apprenants étant un facteur déterminant de la qualité de la formation ; iv- l’enseignant qui accepte de diriger un établissement dans les conditions décrites ci-dessus, croit assurément au miracle. Il ne bénéficierait d’aucune situation atténuante si le miracle ne venait pas au rendez-vous; v-le Lta de Kika apparaît comme un creuset qui élargit le fossé entre la formation et l’emploi; vi- aucune raison ne peut justifier la mise en service du Lta de Kika dans  l’état qui est décrit.

     

    A quoi servent les milliards que le gouvernement engloutit dans le secteur de l’enseignement tous les ans  si les choses devraient en rester là ? On a plus de raisons de s’interroger sur la qualité des dépenses engagées. De toute évidence, la chanson des milliards fredonnée fréquemment tel un refrain ne saurait dédouaner le gouvernement de son indisponibilité à ambitionner et à mettre en oeuvre une politique cohérente qui favorise l’éclosion d’un système éducatif performant. L’école est un chantier complexe et difficile dont l’étendue des besoins est sans limite ; c’est l’école qui forme à la vie et pour la vie. L’économie ne saurait être un prétexte pour freiner sa marche.

     

     Les situations à Anavié comme à Kika mettent à mal l’efficacité du processus de l’enseignement/apprentissage/évaluation. Le directeur de Anavié qui se laisse faire devant l’anarchie qui se répand dans son établissement renvoie à une relecture de la mission du chef d’établissement scolaire et de l’école. On ne serait pas étonné qu’une situation comme celle-là se passât dans l’indifférence quasi totale de ceux qui sont chargés de réguler le fonctionnement du monde scolaire. 

     

    C’est à l’Etat qui a l’obligation constitutionnelle de «  garantir l’éducation des enfants et de créer des conditions favorables à cette fin » de s’assumer. En effet, depuis 1990, les différentes politiques disent faire de l’éducation la première priorité de l’Etat. Cette profession de foi n’a véritablement été accompagnée d’actes de grande ampleur, et les actions accomplies sur le chemin de l’école défient l’entendement. Le vide autour de cet engagement, additionné aux actes impromptus fait subir à l’école le poids de l’irrationnel. Kika en est une illustration. Pour s’être invitée dans le champ de la propagande, l’école s’est écartée de sa mission. Les recrutements massifs d’enseignants sans qualification professionnelle à la veille des consultations électorales de 2011 sont à cette fin et nous renvoient à plus de trente années en arrière avec le phénomène de jeunes instituteurs révolutionnaires. Depuis 1982, on avait pensé à tort que le Bénin avait mis un terme au recrutement sans formation de base des titulaires du bepc et du baccalauréat en qualité d’enseignants du primaire et du secondaire. Près de vingt cinq ans après, les décideurs rebroussèrent chemin en faisant l’option des contractuels locaux. Le recrutement de cette catégorie d’agents qui a supplanté l’entrée dans la fonction publique par voie de concours, enregistre déjà des cas de faux diplômes. De plus, les contractuels locaux constituent un problème pour le système : les séquelles engendrées par cette génération spontanée d’enseignants déteindront sur le devenir du Bénin et de la jeunesse. En somme, l’enseignement est devenu un pis-aller pour la plupart des diplômés sans emploi. La solution de replâtrage ou de rafistolage permanente est la preuve que les gouvernements successifs peinent à faire de l’école la première priorité. A l’instar de Sisyphe, voici notre école condamnée à un perpétuel recommencement.

     

    L’enseignement supérieur ne semble pas être à l’abri des valses. Le Bénin avec ses deux grandes universités et les faiblesses liées aux conditions d’études,  se targue d’avoir en projection pour 2015, la création de 22 centres universitaires. Le saupoudrage du territoire de centres universitaires aux conditions d’études et de formation exécrables est en soi un échec de la politique de l’éducation. Il y a à douter que l’université de Parakou qui peine à trouver ses marques, soit en mesure de rayonner sur des centres relevant de sa juridiction. Peine perdue pour qui prétend, dans sa position accroupie et courbée, porter l’enfant sur ses jambes, dit un adage béninois. Les résultats qui découleraient de la politique de création touts azimuts de centres universitaires sont prévisibles. Quel genre d’espoir pourrait par exemple susciter l’école nationale des sciences et techniques agronomiques (Ensta) de Kétou si au terme de trois années d’existence, l’état des lieux est ainsi qu’il suit : l’Ensta ne dispose pas d’infrastructures propres. Elle loge dans les locaux de la maison des jeunes et du palais royal : pas de centre de documentation et d’information ; la connexion au réseau internet wifi n’a été effective qu’en juin 2012. Entre-temps, les thèmes de recherche répartis par groupes d’étudiants, faisaient l’objet de business pour ceux  des étudiants dont les téléphones portables sont connectés à l’internet ; pas de personnel enseignant affecté, etc. Avouons que c’est trop. Et pourtant, ce n’est pas ainsi que les choses fonctionnent  dans les pays du nord auxquels nous aimons à nous identifier.  La surpopulation de l’université d’Abomey-calavi justifie la création de nouvelles universités et de nouveaux centres universitaires. Faute de satisfaire aux conditions minima, ces créations qui sortent de terre comme des champignons risquent de ne pas atteindre leur objectif principal à savoir, former des ressources humaines de qualité. C’est pourquoi, l’université qui est censée être un  haut lieu du savoir, ne devrait pas s’accommoder des options qui mettent à mal le développement. Il y a des raisons de s’inquiéter lorsque l’élite intellectuelle devient permissive à tout. La rigueur qui est l’une des caractéristiques de l’homme de science semble s’échapper de l’univers des pays pauvres très endettés.

     

    Que retenir de tout cela ? Sinon que l’école béninoise est malade. Elle est malade de ce qu’elle tend à devenir un lieu de formation d’ignorants ou de diplômés sans compétence. Elle est malade des décisions et comportements de ses dirigeants qui l’assomment chaque fois et la fourvoient. Elle est malade de l’absence d’une assistance de qualité. Je voudrais à ce sujet trouver grâce auprès de ces hommes aussi rares que les larmes de chien, dévoués à la cause de l’école, qu’on retrouve heureusement au niveau du corps de contrôle et d’encadrement, des chercheurs et professeurs qui font des choses remarquables. Leur engagement pour la qualité de l’école mérite admiration et considération. Car l’école malade, c’est le rendez-vous du développement qui est compromis. C’est pourquoi l’école doit rester debout en permanence et s’illustrer comme un véritable lieu de formation, un centre du savoir. Il serait superflu de penser y avoir suffisamment investi à un moment où tout semble à refaire. Encore que chaque  dépense engagée au profit de l’école doit être justifiée à travers sa pertinence L’acte de naissance d’une école n’est pas une condition suffisante de son développement et de sa promotion. Il faut en faire un creuset de la science et de la culture. Des acquis existent et pourraient contribuer à l’érection de ce boulevard. Le combat pour l’école est digne d’intérêt. Par conséquent, il mérite d’être mené ici et maintenant. Penons-y toute notre part pour la renaissance de l’école.

     

     

     

                                                                                      Paul C. ABITAN

     

     

     

  • LEPI ET CORRUPTION

    Il paraît que notre LEPI (Liste Electorale Permanente Informtisée) se trouve dans les mains du PNUD.Chacun sait que le PNUD a continué à financer la LEPI alors même que tout le monde dénonçait l'opacité qui couvrait la mise en place de cet outil. Pourquoi la LEPI a-t-elle pu se retrouver dans les mains du PNUD? Comment la LEPI a-t-elle pu se retrouver dans les mains du PNUD? Doit -on commencer à mettre le PNUD sur la liste des organismes qui encouragent et développent la corruption dans notre pays? Pour quel objectif?

  • corruption et réalisation des chantiers

        
       Les journalistes de Golfe TV ont fait un bon commentaire ce matin du deux Juillet2012.J'ai surtout apprécié Honoré Benjamin Nahoum quand il a affirmé que les entrepreneurs ne peuvent pas parler en raison du fait qu'ils sont souvent contraints de payer  10% du montant de leur projet à plusieurs responsables , deux, trois.Dans ces conditions l'entrepreneur ne pourra pas réaliser le  projet.C'est ce qui explique  qu'il y a partout des chantiers abandonnés. Qui va se battre contre ce système de corruption bien ancré à tous les échelons de la bureaucratie béninoise ? Tous les présidents de la République connaissent tout ça, tous les ministres de la République connaissent tout ça.Vous comprenez que, s'ils laissent faire, c'est parce que cela va dans leurs intérêts.Nous devons commencer à dire que ce sont eux qui encouragent et développent la corruption qui tue les hommes, les femmes et surtout les jeunes du Bénin.N'allez plus chercher la corruption ailleurs. Elle est l’œuvre du président et de ses ministres et elle a de beaux jours devant elle. Si vous ne vous levez pas, la corruption va tout raser

  • DETCHENOU

     

    Je poste ce document de ANTOINE DETCHENOU sur Benin-Témoignages  parce qu'il est un témoignage d'une grande valeur historique et humaine.Monsieur  Antoine DETCHENOU a accompli un devoir  pour permettre à ceux qui veulent se cultiver, de connaître une partie de l'histoire de notre pays.Aujourd'hui , aucun Béninois  n'a la conviction profonde d'être dans un pays.Le Bénin  apparaît comme  une juxtaposition de régions au lieu d'être un pays. Même aujourd'hui les comportements irrationnels des membres du gouvernement  ne  sont pas de nature à nous préserver de catastrophes futures.Depuis plus de cinquante ans, tous les dirigeants ont  travaillé  carrément et régulièrement à l'arriération du pays.Il faut changer de vision,  d'objectif et de méthode.

     

     

    Pour l'HISTOIRE : Le Roman Crépusculaire de Chabi Kao : Antoine Robert DETCHENOU Répond et Fait la Lumière

     

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    Le Canard du Nord, dans son numéro 190 paru le 26 Octobre 2011, a rendu publique la conférence tenue un an auparavant par Pascal CHABI KAO et dans laquelle il a fait, selon le journaliste, de « troublantes révélations «Pourquoi avoir attendu une année pour rendre public ce « récit exclusif » ? Secret des dieux.

     

    J'ai lu et relu ces prétendues révélations, et j'ai décidé de répondre à Pascal CHABI KAO, puisqu'il prend à témoins les « collaborateurs d'AHOMADEGBE qui sont encore là ».

     

    Dieu merci même si beaucoup sont morts, moi je suis encore vivant pour répondre à Pascal CHABI KAO, avec conviction et passion, dans la vérité et la fidélité à l'histoire.

     

    Mais, pour être clair, je n'adopterai pas la démarche de CHABI KAO. Le texte de sa Conférence que nous avons sous les yeux est un texte confus et incohérent. Il n'est ni composé, ni structuré ; il n'y a aucune suite logique. Il faut démêler cet écheveau d'anachronismes, de fourre-tout, pour voir clair dans ce brouillage de l'histoire délibérément voulu par l'auteur. Je suivrai le fil de l'histoire de cette période telle que l'ont connue les témoins de l'époque. Je distingue donc les deux grands moments où s'inscrit l'exposé de CHABI KAO :

     

    *    1er temps : Mai 1970-Mai 1972 

     

    *    2ème temps : de Mai 1972 au coup d'état du 26 Octobre 1972


    PREMIERE PARTIE

     

    Mai 1970 - Mai 1972

     

    II correspond à la présidence de Maga qui prend fin le 8 Mai 1972 avec l'avènement du Président AHOMADEGBE.

     

    Pendant toute la présidence de MAGA, AHOMADEGBE a été un loyal collaborateur à qui MAGA confiait de grands dossiers : dossier de la décentralisation, dossier Akossombo, beaucoup d'intérim avec des instances à traiter.

     

    Alors, une première question à CHABIKAO : son affirmation solennelle initiale niant l'affaire COVACS et y trouvant un montage politique pour renverser AHOMADEGBE se situe quand ? Dans la première période, c'est-à-dire avant Mai 1972, ou après Mai 1972. Raisonnablement, cela ne pouvait se situer qu'après le 8 Mai 1972. Or, toute la démonstration de CHABI KAO sur le refus d'AHOMADÉGBÉ de renoncer à son tour de présidence nous ramène avant le 8 Mai 1972. CHABI KAO affirme : « Quand le tour du Président AHOMADEGBE approchait, qu'il devait prendre le pouvoir, tous les services de renseignement ont dit partout qu'ils ont raison de croire que le Président AHOMADEGBE, s'il prenait le pouvoir, il y aurait un coup d'état, défaire en sorte qu'il renonce à son tour. » Les informations des services de renseignement ? Un bluff.

     

    La vérité toute simple, c'est que l'équipe de MAGA, et MAGA lui-même en tête, ne voulaient pas partir et céder la place.

     

    Ainsi donc, toute l'équipe de MAGA, et MAGA lui-même, pas de vulgaires comparses, ont entrepris AHOMADEGBE pour lui faire renoncer à son tour de présidence, le considérant, le moins qu'on puisse dire comme un avorton. Deux preuves de cette tentative. La première est la démarche personnelle du Président MAGA auprès de Jacques Foccart (voir Annexe 3). C'est Foccart lui-même qui le dit dans ses mémoires. La deuxième démarche, c'est l'intervention de MAGA auprès du Président BONGO. Entrepris donc par le Président MAGA pour que AHOMADÉGBÉ renonce à son tour, le Président BONGO a décidé d'envoyer son avion chercher AHOMADÉGBÉ. La veille de ce départ pour Libreville, vers 15 heures, le Président AHOMADÉGBÉ a réuni autour de lui, sous la paillote du Petit Palais, quelques amis politiques : les ministres LOZÈS Gabriel, AHOUANSOU Karl, DOSSOU-YOVO Edmond, PAOLETTI Théophile ; Emile POISSON et Gustave GOUDJO ont-ils pris part à cette réunion ? Je ne peux le dire, là, ma mémoire a flanché. J'étais aussi de la partie. L'objet de la réunion n'a été révélé qu'au début de la séance. Tour à tour, les ministres ont pris la parole pour accepter ce déplacement du Président quand bien même deux d'entre eux ont manifesté quelques réserves.

     

    J'étais outré par cette position des ministres. Je bouillonnais littéralement. Alors, le Président AHOMADÉGBÉ me regarda et dit « le jeune homme ne semble pas content. ». Je ne l'ai pas laissé achever, j'ai répondu : « oui Président, pas content, pas du tout content ». Et alors avec force et conviction, comme si j'avais autorité, j'ai dit : « Président, vous n'irez pas à Libreville. C'est non et non. Vous n'irez pas à Libreville pour deux raisons. Qu'irez-vous faire là-bas ? Aller jusque dans le bureau de BONGO lui dire que vous ne renoncerez pas à votre tour ? C'est jouer à la provocation, et ceci, à l'étranger. Et puis on vous envoie un avion où vous serez seul à bord. En a-t-on mesuré tous les risques ? J'ai conclu en martelant, Président, vous n'irez pas à Libreville demain. » Ce fut comme un coup d'État. Il se fit un profond silence. Et le Président trancha. Le « jeune homme » a raison « je n'irai pas à Libreville et j'informe sur-le-champ MAGA »

     

    CHABI KAO évoque la tentative d'une délégation, restée anonyme, qui ayant rencontré le Président AHOMADÉGBÉ lui aurait dit « Si c'est de l'argent que ça rapporte, nous sommes prêts à te donner cet argent là pour que tu renonces. » Je ne sais quelle est cette délégation qui a eu cette impudence et cette indécence de vouloir corrompre AHOMADÉGBÉ. AHOMADÉGBÉ n'est certes pas un dragon de vertu, mais son rapport à l'argent est légendaire ; jamais, il n'a été séduit par l'argent, surtout l'argent sale de la corruption ; AHOMADÉGBÉ est l'homme d'une époque, c'est l'homme d'un idéal pour qui l'argent n'est pas la valeur suprême.

     

    CHABI KAO évoque une autre raison pour expliquer le refus d'AHOMADÉGBÉ de renoncer à son tour de présidence. Il affirme « AHOMADÉGBÉ a refusé. Toute son équipe a refusé parce qu'ils ont dit que les fils d'autres régions ont porté le « grand collier » et qu'il faut aussi qu'un HOUEGBADJAVI porte aussi ce grand collier même s'il doit mourir trois jours après ». Expliquer le refus d'AHOMADÉGBÉ par l'honneur dérisoire et fugace de porter ce grand collier que, du reste un autre HOUEGBADJAVI, le général Christophe SOGLO a déjà porté, expliquer donc le refus d'AHOMADÉGBÉ par le désir de porter ce grand collier, c'est n'avoir rien compris des motivations d'AHOMADÉGBÉ.

     

    Je vais évoquer ces motivations et voudrais le faire sans bégayer, sans aucune restriction mentale, sans crainte d'aucune accusation régionaliste. Deux motivations fondamentales.

     

    *    La première la voici. A la bourse des valeurs politiques, intellectuelles, morales, humaines, qui d'AHOMADEGBE et de MAGA a la côte la plus élevée ? C'est incontestablement AHOMADÉGBÉ. On y verra le parti-pris d'un partisan, d'un zélateur. Mais le Dahoméen d'hier, le Béninois d'aujourd'hui, s'il est de bonne foi, ne me contredira pas. Alors au nom de quelle logique veut-on que le meilleur cède la place au moins bon. Régression ou progrès ? Qu'on me le dise.

     

     

     

    *    La seconde raison tient de l'histoire et de la culture qui ont façonné AHOMADÉGBÉ. Un adage fon dit : « On n 'arrache pas « c 'est à moi » aux enfants ». Oui, AHOMADÉGBÉ est cet enfant, propriétaire d'un bien dont il ne veut pas qu'on le dépouille. Car au commencement, il y avait Tado, du Mono à Kétou ; le commandement appartient aux héritiers de Tado. C 'est leur bien. On ne peut les en dépouiller. Un héritier de Tado, qu'il soit d'Abomey ou de Porto-Novo qui est conscient de son histoire, ne peut se laisser vassaliser, comme ces avortons d'aujourd'hui, qui, oublieux de leur histoire, sans enracinement culturel, s'empressent de saisir la première main qui leur est tendue. Ceux qui seront tentés de contester ces affirmations, qu'ils se rappellent le pouvoir de KÉRÉKOU, comme celui d'aujourd'hui de YAYI Boni. Pourquoi ces hommes au pouvoir recourent-ils tant aux Aboméens, plutôt à la racaille Aboméenne, à ces hommes de pacotille dont le ventre est la donnée principale, pour se donner un semblant d'assise populaire ? AHOMADÉGBÉ n'est pas de cette semence-là. Il sait ce qui fait la grandeur de son pays, et le devoir que cela impose. C'est en me souvenant de beaucoup d'entretiens que j'ai eus avec lui à ce sujet que j'écrivais, dans l'oraison funèbre prononcée le 27 Avril 2002, à Goho, « La merveille réalisée ici sur ce plateau d'Abomey, c'est cette fusion ethnique, culturelle qui fait qu'aujourd'hui encore plus qu'hier, Abomey constitue un peuple uni, parlant une langue une, communiant à une tradition culturelle née d'une histoire une... C'est dans le terreau de la culture aboméenne dont il est pétri qu'il a puisé un certain sens de la grandeur... » Quand une semence a germé sur ce terreau là, elle devient un fruit du genre d'AHOMADÉGBÉ : un sens aigu de la dignité de son peuple, le sentiment profond d'être le témoin d'une histoire partagée avec tous les héritiers de Tado, la certitude humble qu'on « n 'arrache pas « c 'est à moi » aux enfants ».

     

    Il faut descendre à cette profondeur pour comprendre le refus d'AHOMADÉGBÉ de renoncer à son tour de présidence. Décidément, AHOMADÉGBÉ n'est pas un avorton de politicien. Il n'est pas de la race de ces opportunistes, affamés et prétentieux qui frétillent autour d'un maître dont ils chantent sans pudeur les louanges, pour se plaindre en secret, devant leurs amis, des avanies de leur allégeance au monarque expert en saute d'humeur, en coup de gueule, en voltige politique indécent.

     

    Toutes ces tentatives pour amener le Président AHOMADÉGBÉ à renoncer à son tour de présidence posent un grave problème de morale, d'éthique politique. Les Présidents APITHY, AHOMADÉGBÉ et MAGA ont conclu, à Savè, un accord créant le Conseil Présidentiel. Ils en ont fixé les règles. Alors, mon cher Pascal, l'équipe MAGA, toute l'équipe et MAGA en tête sont-ils fondés à vouloir conserver le pouvoir en demandant à AHOMADÉGBÉ de renoncer à son tour de Présidence ? Pourquoi MAGA et les siens ont-ils délibérément entrepris de violer l'accord conclu et de prendre des libertés vis-à-vis de l'éthique politique ? Car la politique, quand on ne la considère pas comme un passe-temps de voyous et d'arrivistes, quand on la prend au sérieux et elle est sérieuse et du reste cruelle, oui la politique, pour des gens qui se respectent, exige une certaine éthique, c'est-à-dire « un ensemble de valeurs et de normes, véhiculées par les institutions, soutenues par les mœurs nationales, fondées sur une certaine tradition historique ». Quand il rentre en politique, « l'individu moderne se trouve informé par une multitude de références pour sa conduite et son comportement et c'est cela l'éthique. Cette éthique est reçue à travers l'éducation, mais aussi tout bonnement dans l'exercice de la vie commune marquée par des habitudes, des coutumes, des façons de vivre, tout autant que dans les liens tissés par le droit que personne n'a intérêt à ignorer, quelles que soient ses options philosophiques ou religieuses ».

     

    Oui, l'équipe MAGA a ignoré cette éthique, l'a foulée au pied et malheureusement a rouvert cette boîte de Pandore d'où se sont échappés depuis les maux graves qui minent aujourd'hui plus qu'hier notre Pays. Plus aucune éthique aujourd'hui qui régule la vie politique. La conduite de l'équipe MAGA, animée par CHABI KAO a fait école, a élu droit de cité dans la politique aujourd'hui, a fait des émules. On se permet tout aujourd'hui : les trahisons, la falsification du langage, le nomadisme politique baptisé transhumance, le vol à grande échelle de haut en bas de l'échelle sociale. Quel lourd héritage avez-vous laissé à ce Pays, mon cher Pascal ?

     

    Délibérément, je passe sous silence la mutinerie du 13 Février 1972 qui devrait être le coup de grâce servi à AHOMADÉGBE pour l'empêcher de prendre son tour de présidence. Le colonel en retraite, Lucien GBOHAÏDA GLÈLÈ qui a dirigé cette mutinerie s'est expliqué là-dessus. Il n'y a donc plus rien à redire sinon que cette mutinerie, contrairement à l'affirmation de CHABI KAO « Et ça durait plus d'une semaine que le camp militaire a été pris en otage par KOUANDÉTÉ et tous les officiers », cette mutinerie n'a pas duré plus d'une journée. Commencée dans la nuit du 12 au 13 Février, elle s'achevait vers 20 heures le 13 Février, donc le même jour.

     

    Par ailleurs, CHABI KAO évoque une empoignade dans les escaliers de la Présidence entre AHOMADÉGBE et KOUANDÉTÉ. Seul CHABI KAO, faiseur de prodiges, a été témoin de cette scène.

     

    AHOMADÉGBE était toujours accompagné d'un garde-corps. Où était-il ce dernier au moment de cette empoignade et altercation ? Quel crédit accorder à ce fait dont jamais AHOMADÉGBE n'a parlé, ni aucun des garde-corps qui l'accompagnent et que révèle le seul CHABI KAO ?

     

     

     

    DEUXIEME PARTIE

     

    08 Mai 1972 - 26 Octobre 1972

     

    Dans la première partie de notre réponse à Pascal CHABI KAO, nous avons essentiellement parlé des tentatives faites car l'équipe MAGA pour amener le Président AHOMADÉGBE à renoncer à son tour de présidence conformément à la Charte du Conseil Présidentiel. Nous avons mis l'accent sur les preuves de ces tentatives, nous avons mis en lumière la signification du refus d'AHOMADÉGBÉ, et nous avons souligné l'immoralité de toute la démarche de l'équipe MAGA, du moins ceux qui en étaient les auteurs les plus actifs.

     

    Dans la deuxième partie de notre réponse, qui couvre la période allant du 8 Mai 1972 au 26 Octobre 1972, nous allons aborder le reste du contenu de la conférence de Pascal CHABI KAO. Nous n'allons pas suivre la démarche chaotique de l'exposé de CHABI KAO, dans un souci d'ordre et pour éviter, encore une fois, la confusion d'un exposé décousu et incohérent. Car le texte offert à notre lecture par Le Canard Du Nord est un texte qui n'est ni composé, ni structuré. A la décharge du journaliste et de CHABI KAO, il faut reconnaître qu'il s'agit d'un exposé oral, qui repose beaucoup plus sur une association d'idées jaillies au hasard, qu'un ensemble construit, logique avec de la suite dans les idées. De cet ensemble confus et incohérent, retenons quelques points qui alimenteront notre réponse.

     

    *    L'affirmation faite par CHABI KAO, d'entrée de jeu, qu'il n'y a pas d'affaire COVACS et que ce qu'il est convenu d'appeler ainsi n'est qu'un « montage politique que nous avons mis en place pour renverser le Président AHOMADÉGBE (ce qui suppose que le Président AHOMADÉGBE était Président en exercice) » ;

     

    *    La perspective d'une guerre civile entre le Nord et le Sud

     

    La décision d'AHOMADÉGBÉ de faire exécuter les mutins du 13 Février 1972.

     

    *    La rencontre d'AHOMADÉGBÉ avec les « 3A » et la demande qu'AHOMADÉGBÉ a faite de mettre les « KAÏ- KAÏ » hors d'état de nuire.

     

    *    Le coup d'état du 26 Octobre 1972

     

    II y a les faits divers qu'il faut passer sous silence pour ne pas laisser l'accessoire envahir l'essentiel. Ainsi, le témoignage dont parle CHABI KAO d'Albert OUASSA. Ce dernier, à la sortie d'une messe anticipée d'un Samedi de Novembre 2011, nous a dit : « Je n'ai rien entrepris avec CHABI KAO. D'ailleurs, on ne s'est jamais entendu et on se parlait à peine. CHABI KAO est un menteur, traitez-le comme tel. ». En pages 6 et 7 du fameux Canard Du Nord, CHABI KAO affirme : « j'ai dit à OUASSA Albert, il est là, qu'on lui pose la question, ... et j'ai dit à OUASSA de m'accompagner chez KERÉKOU... ». Plus loin à la page 7, CHABI KAO dit : « Le dimanche de Pentecôte, j'ai mis OUASSA à bord de ma voiture. ». Parole d'un mythomane en mal de témoignage.

     

    Une autre affirmation de CHABI KAO qui met au grand jour sa mythomanie. Il dit : «APITHY lui, c'est l'ami des militaires. C'est lui qui est derrière tous les coups d'état militaires. ». Quelle preuve CHABI KAO peut-il apporter de la participation d'APITHY aux coups d'État militaires ? Tout ceci est le fruit de l'imagination débridée de CHABI KAO.

     

    Examinons maintenant les points retenus. Et commençons par celui, qui, pour moi a la charge émotionnelle la plus grande.

     

    L'exécution des mutins

     

    CHABI KAO affirme, « le samedi de Pentecôte (encore la Pentecôte) de l'année 1972, vers 21 heures et quelque, le Président MAGA nous appelle, nous ses ministres, que le Chef de l'État veut qu'on vienne au conseil des ministres... Au cours de ce conseil disons extraordinaire, auquel n'assista pas le Président APITHY, (ni ses ministres) AHOMADÉGBÉ, toujours selon CHABI KAO a révélé cette nuit-là, que « tous les avocats des condamnés à mort ont écrit pour demander la grâce présidentielle, pour commuer la peine de mort en peine temps, c'est-à-dire à perpétuité (soit dit en passant : une peine à temps n 'est pas une peine à perpétuité). Mais de ne pas les exécuter, et que, lui, il a réuni pendant plus de trois jours son staff politique pour dire « qu'est ce qu'on fait ? On gracie ou on exécute ? » Et tous on dit : « on exécute pour donner l'exemple ». Sacré CHABI KAO!!!

     

    On a le souffle coupé en lisant ces propos de CHABI KAO. Non Pascal, c'est trop gros. Jamais mythomanie n'aura atteint ce degré d'affabulation. Je suis, à n'en point douter, du staff d'AHOMADÉGBÉ. Je me vante d'être son collaborateur le plus proche, le plus au fait de tous ses secrets. Je sais ce que lui même a dit un jour à DAGANDJI qui hésitait à lui faire une confidence en ma présence. Il a exactement dit à DAGANDJI, en fon. « Parle sans crainte, ce jeune homme est mon « dôvo », c'est-à-dire mon caleçon, en termes imagés, le détenteur de mes secrets. Eh bien j'affirme solennellement (pas la solennité à la CHABI KAO), que jamais nous n'avons évoqué en quelque staff que ce soit, l'exécution des mutins. Jamais je n'ai participé, surtout pendant trois jours, (tout de même), à des réunions pour parler de l'exécution de ces condamnés. Non, Pascal, comment AHOMADÉGBÉ aurait-il eu la moindre velléité de faire exécuter Lucien GBOHAÏDA GLÈLÈ ? C'est seulement inimaginable. Connais-tu Abomey, ses mœurs, ses coutumes ? Lucien GBOHAÏDA GLÈLÈ est prince d'Abomey, issu du roi GLÈLÈ, fils de GUÉZO, lequel est frère de TOMÈTIN, tous deux fils d'AGONGLO. As-tu jamais entendu un prince exécuter un autre prince ? Les palais d'Abomey sont, comme toutes les cours royales, des lieux d'intrigue. Mais on n'y assassine pas des princes.

     

    Et puis Pascal, tu ne connais certainement pas Joseph GBOHAÏDA GLÈLÈ, oncle de Lucien. C'était le garde-corps d'AHOMADÉGBÉ, tué par lapidation devant l'hôpital de Porto-Novo, à cause d'AHOMADÉGBÉ. Alors ! Pour remercier (outre tombe) Joseph GBOHAÏDA GLÈLÈ du sacrifice de sa vie, pour la cause de l'U.D.D, AHOMADÉGBÉ irait tuer son neveu ? Quelle horreur !

     

    Je vais être très économe de mots sur cette affirmation calomnieuse. Je voudrais même ne pas évoquer cette page triste de l'histoire personnelle de Lucien parce que, une fois encore, je sais, pour l'avoir vécue le 10 Décembre 2011, en l'église Saint Michel de DJÈGBÉ où Lucien rendait grâce à l'occasion du 30ème anniversaire de la mort de son père, oui je sais et j'ai vécu toute la charge émotionnelle de ce jugement qui condamnait à mort Lucien GBOHAÏDA GLÈLÈ. Je n'en dirais pas plus. La politique n'est pas un jeu d'enfant. On ne badine pas avec elle. Oui elle est cruelle, très cruelle par moment.

     

    Et puis Pascal CHABI KAO, un conseil des ministres, ou du moins une concertation entre l'équipe de MAGA et comme tu le dis : «AHOMADÉGBÉ était là aussi avec tous ses ministres et certains gars de son parti politique» au Palais de la République, en l'absence de son cabinet : puisque c'est de toi, pour la première fois que j'ai cette affirmation, non vraiment Pascal, c'est trop gros ce mensonge. Et puis encore, alors qu'AHOMADÉGBÉ est venu pour décider de l'exécution des condamnés, c'est encore toi qui réussis, malgré la présence de tout le staff d'AHOMADÉGBÉ, favorable à l'exécution, comme tu le prétends, à l'ajourner. Tu dois être un personnage extraordinaire pour avoir tant d'influence.

     

    Une autre affirmation de CHABI KAO

     

    « Pendant que KÉRÉKOU, BABA-MOUSSA et moi, on était en train de concocter ce coup d'État, moi je ne savais pas que le Président AHOMADÉGBÉ a appris et il a appelé ASSOGBA, ALLADAYÉ et AÏKPÉ, les « 3A » et il leur dit : « les « KAÏ-KAÏ » veulent me renverser pour mettre MAGA en place. Il faut les prendre de vitesse. Il leur a dit, c'est très simple, ils veulent faire un coup d'Etat, nous allons faire le nôtre, mais ce sera un coup d'Etat de Palais... Vous viendrez au Palais, vous allez nous prendre et vous allez dire que c'est un coup d'Etat de Palais... »

     

    II faut croire que CHABI KAO était témoin de l'entretien secret entre AHOMADÉGBÉ et les « 3A », pour en savoir tant. Ce récit naïf, qui est une médisance, frise la bêtise et c'est encore une preuve de la mythomanie, dont souffre CHABI KAO. A y réfléchir de près, je crois que la mythomanie, CHABI KAO la vit à la manière de Clappique, un personnage du roman de Malraux : La Condition Humaine. Dans ce roman, Clappique est un personnage qui vit de manière permanente dans le mensonge. Il est dit de lui : « Une des principales activités de Clappique consiste à raconter des histoires bizarres, féeriques, aux péripéties étranges... Il vit réellement dans un monde imaginaire et souvent les histoires qu'il raconte le mettent en scène lui-même, ou du moins il s'assimile aux héros qu'il invente ». Comme chez Clappique, à y regarder de près, le mensonge a, chez CHABI KAO, une dimension et une signification métaphysiques. «Sa mythomanie est un moyen de nier la vie, de nier et non pas d'oublier». Oui, CHABI KAO a besoin du mensonge pour exister, pour se faire valoir, pour se donner une image de pureté, tellement sa vie durant, il a pataugé dans la boue. Laissons donc CHABI KAO à ses turpitudes.

     

    Mais nous n'accepterons jamais, oui jamais, qu'il prête à AHOMADÉGBÉ des propos désobligeants comme l'expression « KAÏ-KAÏ ». Pendant plus de 40 ans de compagnonnage avec AHOMADÉGBÉ, je ne l'ai jamais entendu tenir ce genre de propos. Sa proximité, sa familiarité avec les frères du Nord, l'amitié qu'il n'a cessé de leur témoigner, lui interdisent de tels propos. Ils sont combien, quand ils arrivent à Cotonou, à prendre hospitalité chez lui, à être reçus à sa table. Et puis Pascal CHABI KAO a peut-être oublié que le principal collaborateur du Président AHOMADÉGBÉ, un certain Antoine DÉTCHÉNOU est fils de « KAÏ-KAÏ » puisqu'il a pour mère une peulh, une « KAÏ-KAÏ» dont le fils Antoine est en parfaite adéquation avec l'expression « KAÏ-KAÏ », pour avoir mené, déjà à 7 ans en compagnie de ses cousins, au pâturage, les troupeaux de l'oncle AROUNA, comme berger, muni de son bâton avec le cri caractéristique d'où les FONS ont tiré l'expression « KAÏ-KAÏ » onomatopée qui d'ailleurs varie d'une région à l'autre. Nous, derrière notre troupeau, le cri était « KOURLOU-HO ». Tu vois, CHABI KAO, l'ancien berger devenu vieux a encore de la mémoire.

     

    Le rappel de cette expression « KAÏ-KAÏ » répond au réflexe régionaliste de CHABI KAO. Il s'agit d'entretenir chez ses compatriotes cette haine du FON sur laquelle il a fondé toute sa pauvre doctrine politique. A l'analyse, ce passage de l'exposé de CHABI KAO est une grossière invention. J'ajoute que si le prétendu complot « concocté par KÉRÉKOU, Baba Moussa et moi » (CHABI KAO dixit), si ce prétendu complot a été éventé comme le prétend CHABI KAO, AHOMADËGBÉ aurait tout simplement arrêté les comploteurs. Il en avait les moyens. Du reste, un seul groupe militaire, à ce moment, avait les moyens d'organiser un coup d'État. C'était le Groupement d'Appui de Ouidah qui a opéré le 26 Octobre 1972.

     

    Une dernière affirmation de CHABI KAO : L'Affaire Covacs : Un Montage Politique

     

    « Je vous avoue solennellement ce soir, qu'il n'y a pas eu « d'affaire COVACS » avec moi CHABI KAO». Il y a eu le « dossier COVACS » qui est un montage politique que nous avons mis en place pour renverser le Président AHOMADÉGBÉ, parce que nous étions à deux doigts d'une guerre civile entre le Nord et le Sud. Je le révèle aujourd'hui. Vous pouvez demander aux collaborateurs d'AHOMADÉGBÉ qui sont encore là ».

     

    Fausse prémisse d'un argumentaire débridé, mensonger, incohérent, sans aucune valeur historique.

     

    Tu prétends, Pascal, qu'une guerre civile était imminente, et ceci sur la foi des services de renseignements. Mais, à partir du 8 Mai 1972, les renseignements généraux dépendaient directement d'AHOMADÉGBÉ. Toutes les fiches de renseignements passaient d'abord par mon bureau. C'est moi qui les recevais, les dépouillais, les analysais pour en faire immédiatement le compte rendu au Président. Aucune fiche n'a parlé de l'imminence d'une guerre civile, d'une rébellion en préparation au Nord. Et pourquoi le Nord se soulèverait-il contre AHOMADÉGBÉ ? Médecin, il a commencé sa carrière à Tchaourou, comme la plupart des cadres du temps : Gabriel LOZÈS : médecin à Natitingou, Michel AHOUANMÈNOU instituteur à Kandi, AHOYO Paulin : instituteur à Parakou, YAHOUÉDÉOU Ignace : instituteur à Guéné (Pays des moustiques), Karl AHOUANSOU, à Savè etc. Oui tous ces jeunes cadres du temps ont fait leurs premières armes dans le Nord, avec une conscience professionnelle tout à leur honneur. Alors est-ce pour avoir servi ses frères du Nord que CHABI KAO en veut à AHOMADÉGBÉ ?

     

    AHOMADÉGBÉ a créé un parti qu'il a voulu creuset de l'Unité Nationale. Ce parti est le seul, disons-le avec fierté, qui ait rassemblé tous les fils du pays du Sud au Nord : Mohamed BATOKO, BOUROU Barthélémy, Saka N'GOBI Frédéric, grand prince Bariba, CHABI Gabi, Roger LAFIA, Rouga SOUAÏBOU, Mahambi BAPOUMI, M'PO Tchena MOUYORE, TIANDO Fidèle, BOULGA Antoine, Adam BURO, bref, des fils du Nord, « vraies pièces d'origine », par opposition aux descendants d'anciens garde-cercles que l'administration coloniale a implantés au Nord. Ce sont eux, ces fils de garde-cercles, n'hésitons pas à le dire, regroupés par le commandant de Cercle, PEPERTI, sous la dénomination : « Groupement ethnique du Nord », ce sont eux qui, plus royalistes que le roi, ont inoculé le virus de la division au Nord pour asseoir leur mainmise sur la région et ont suscité la haine du Fon, la haine du Sudiste. Mais ces fils authentiques du Nord ont résisté au microbe de la division puisqu'ils étaient tous, vivants, et ont répondu présents au congrès de l'U.N.D à Ouidah en Avril 1991. Ils étaient presque tous au praesidium ; c'était le vrai retour des « dinosaures ». Ceux là passaient pour des traîtres aux yeux des nouveaux «Aristocrates » du Nord, fils d'anciens garde-Cercles (voltaiques, sénégalais, etc.).

     

    Non ce n'étaient pas les militants de l'U.D.D qui allumeraient la guerre civile. Au fond, avaient peur de l'arrivée d'AHOMADÉGBÉ tous les malpropres qui savaient qu'ils ne resteraient pas impunis si jamais ils étaient auteurs de malversation. Oui CHABI KAO en évoquant le spectre d'une guerre civile imminente pensait qu'AHOMADEGBÉ allait rééditer le coup du 13 Mars 1964, « lorsque CHABI Marna a allumé le feu de la rage raciste et régionaliste » C'est à ce sujet que la lumière a été faite sur les détournements du régime MAGA. Nous lisons dans un discours du 13 Mars 1964 les informations suivantes:

     

    *    MAGA a détourné sur le fonds routier 3.388.321 francs pour aménager sa villa à Parakou construite avec les matériaux du ministère des travaux Publics. Il s'est fait vendre à Cotonou un terrain sis à la zone résidentielle de 10.250 mètres carrés à 1.780.000 francs au lieu de 12 Millions... 

     

    *    AROUNA Marna a détourné plus de 50 tonnes de ciment et de matériaux sur le compte de l'armée pour construire sa belle villa de Parakou, et a utilisé abusivement l'avion et les camions de l'État pour transporter à Parakou les matériaux de construction. 

     

    Nous passons sous silence d'autres personnalités du Sud et du Nord impliquées dans ces détournements.

     

    CHABI Mama avait prétexté de l'incarcération de MAGA et d'autres fonctionnaires impliqués dans ces détournements pour déclencher le 12 Mars 1964 un vaste mouvement de subversion contre la sûreté de l'État, contre l'autorité de l'État, menant une guerre fratricide et tribale. Ainsi, les Dahoméens originaires du Sud et résidant à Parakou sont molestés, blessés et pillés....»     CHABI KAO pensait-il rééditer la révolte de CHABI Marna ? Alors évidement il doit craindre et haïr AHOMADÉGBÉ.

     

    Une idée me vient à l'esprit en rappelant ce passé. CHABI KAO dit dans son exposé : « A plusieurs reprises, trois fois de suite, il m'a apporté 100 millions de F CFA. Je lui ai dit non. Je lui ai dit que moi je suis du Nord. Je ne mange pas ce pain là. On ne m'achète pas ». Je ne voudrais pas polémiquer. Mais je voudrais simplement dire que CHABI KAO, en faisant de telles affirmations, est si peu crédible qu'on a plutôt envie de rire. Le Nord n'a pas le monopole de la vertu. Les exemples cités plus haut et d'autres qu'on aurait pu évoquer ici sont assez éloquents. La corruption est de tous les temps, de toutes les régions, de toutes les ethnies. Elle n'épargne personne et il faut beaucoup de vigilance pour ne pas être atteint par ce virus et surtout pour ne pas l'inoculer à l'autre. Et cela, parce que l'homme, sous tous les cieux, est un être de péché, faible et précaire, il reste toujours « homme » petit « h », s'il ne fait pas l'effort de s'élever ; il ne sera Homme, avec grand « H », que s'il se laisse transformé par la grâce irradiante du Ressuscité.

     

    Alors Pascal, ta guerre civile, encore une illustration de ta mythomanie.

     

    Mais je voudrais ici me permettre une digression. Pascal, peux-tu me faire un compte des Dahoméens, des Béninois qui sont le fruit d'une union d'un sudiste et d'une Nordiste ? C'est ce « métissage » ethnique dont le plateau d'Abomey a été la plus belle illustration qui a été réédité. Oui, Pascal, mène une enquête dans toutes les familles princières ou pas d'Abomey, va à Covè, va à Ouidah et enquête dans les grandes familles (QUENUM, AGBO, DOSSOU-YOVO, ADJOVI), pour ne citer que celles-là ; prolonge à Porto-Novo et fais tes comptes. Puis retourne à Parakou. Peux-tu me donner un seul exemple d'un couple bariba-somba ? Dis-moi, comment expliques-tu ce phénomène ? Ce mépris du bariba pour le somba est atavique. Cela explique peut-être pourquoi tes relations ne sont pas bonnes avec OUASSA. Tu sais, tu es un homme comme tous les hommes. Sais-tu à quel niveau, à quelle profondeur se situe, dans notre subconscient, la nappe d'images et de sentiments d'où jaillissent nos moindres réactions, même les plus anodines ? Alors, Pascal CHABI KAO au lieu de vouloir susciter une guerre civile entre le Nord et le Sud, va plutôt demander aux baribas de se réconcilier avec les Sombas.

     

    Je finis en revenant à l'affaire COVACS. Je répondrais pour dire simplement que ce que le journaliste appelle pompeusement « des troublantes révélations », n'est, à l'analyse, qu'un tissu de contre-vérités, d'anachronisme, de grandes confusions, avec cet art du faux dans lequel excelle CHABI KAO. La vérité c'est que Pascal CHABI KAO a voulu se donner une certaine virginité, au soir de sa vie, il a voulu se laver d'un opprobre qui a entaché sa vie et qui, qu'il le veuille ou non l'accompagnera jusque dans sa tombe. On ne refait pas l'histoire mon cher Pascal. Le fait historique est unique, inédit ; nous l'avons appris en classe de philosophie. On ne refait pas une histoire comme l'affaire COVACS, au cœur de laquelle se trouve Pascal CHABI KAO. Ce dernier affirme sans pudeur, et il le dit avec gravité « Je vous avoue solennellement ce soir, qu'il n'y a pas d'affaire COVACS avec moi CHABI KAO. Il y a eu le dossier COVACS qui est un montage politique que nous avons mis en place pour renverser le Président AHOMADÉGBÉ, parce que nous étions à deux doigts d'une guerre entre le Nord et le Sud ».

     

    J'ai eu honte en lisant cette déclaration mensongère, honte qu'un homme de mon âge que je croyais respectable, malgré tout ce que je savais de lui, oui honte qu'un vieil homme comme moi ait pu sortir une telle énormité, car qui peut, raisonnablement, nier dans ce pays l'existence d'une affaire COVACS pour laquelle CHABI KAO a passé 3650 jours de détention. L'affaire COVACS n'a jamais été un montage politique, œuvre de CHABI KAO. L'affaire COVACS est une escroquerie et une prévarication au centre de laquelle se trouve le Ministre des Finances de l'époque : Pascal CHABI KAO et une autre personnalité souvent citée dans le document de CHABI KAO. Pour s'en convaincre, il suffit seulement de se référer à l'important rapport écrit de l'Inspecteur des Finances du temps : Nicéphore SOGLO. Il y a aussi les « conclusions » de maître Adrien HOUNGBÉDJI, avocat de maître Bertin BORNA. Ce sont les deux documents qui établissent la réalité de l'affaire COVACS. CHABI KAO ne refera pas l'histoire. Quel est donc ce montage politique dont l'auteur est la victime, puisque CHABI KAO, encore une fois, passera dix ans de sa vie sous les verrous. CHABI KAO est-il masochiste à ce point pour monter une affaire qui le fera souffrir et au bout de laquelle, contraint, il donne sa démission de Ministre des Finances. De cette démission présentée le 26 Octobre 1972, en Conseil des Ministres, CHABI KAO n'a jamais rien dit. Nous publions cette lettre de démission qui coupe court à toutes les élucubrations de CHABI KAO. Aussi, nous ne nous attarderons pas à démontrer le mensonge grossier de CHABI KAO. De même nous rendons public un rapport inédit en date du 25 Octobre 1972, établi par le Directeur de Cabinet d'AHOMADÉGBÉ, de retour d'une mission à Abidjan auprès du Président Houphouët-BOIGNY.

     

    Et je laisse ici CHABI pour pousser une lamentation. Quand j'ai découvert, il y a un mois dans les archives du Président AHOMADÉGBÉ, cette lettre de démission de CHABI KAO dans la même chemise que le rapport que je lui ai fait de ma mission, le 25 Octobre 1972, et dont je ne me souvenais plus, je fus bouleversé et perclus de douleur et de chagrin, non pas pour CHABI KAO, mais pour Michel, Michel AÏKPÉ. En revivant toute cette époque, j'ai mis en sourdine l'accusation que, dans notre milieu nous avons toujours portée sur lui : le traître. En vérité, il a trahi. Mais savait-il où cela le conduisait ? Il tenait à ce que le Président AHOMADÉGBÉ renvoyât CHABI KAO du gouvernement. Il lui avait dépêché pour cela le 26 Septembre 1972 son ami AGBANNON Barnabé pour faire pression. Il était impatient de voir partir CHABI KAO, dont la présence au gouvernement polluait l'ambiance politique et paralysait l'action gouvernementale. Oui, comment expliquer que le jour même où enfin CHABI KAO démissionnait, lui et ses camarades ASSOGBA et ALLADAYÉ aient réalisé leur coup d'État, et que le malheur les conduisit à désigner KÉRÉKOU à leur tête. La suite de cette histoire, nous la savons tous.

     

    Oui, Michel, j'ai simplement compris que tu préparais ta rencontre avec le Destin, et c'est criblé de 40 impacts de balles que cette nuit du vendredi 20 Juin 1975, à 20 heures, tu allas frapper à la porte du Destin.

     

    « Si je savais » c'est le dernier cri à travers les âges. Oui, Michel, si tu savais que le coup du 26 Octobre te conduirait là, l'aurais-tu réalisé ?

     

    Me vient à l'esprit ce commentaire d'un chroniqueur de R.F.I, après la mort de KADHAFI, commentaire ponctué de ce leitmotiv :

     

    Tout ça pour ça... !

     

     

     

    Lettre de Démission de Pascal Chabi Kao

     

    Cotonou, le 26 Octobre 1972

     

     

     

    Pascal Chabi Kao

     

    Ministre des Finances B.P.. ..COTONOU

     

    A

     

    Monsieur le PRÉSIDENT Du Conseil Présidentiel

     

    A

     

    Messieurs Les MEMBRES Du Conseil Présidentiel

     

    Monsieur Le PRESIDENT du Conseil Présidentiel,

     

    Messieurs Les MEMBRES du Conseil Présidentiel

     

    Je viens par la présente vous donner ma démission du Gouvernement que vous dirigez pour compter de ce jour 26 Octobre 1972.

     

    Mon départ volontaire de l'équipe gouvernementale actuelle n'est nullement motivé par une fuite devant mes responsabilités encore moins par une capitulation face à l'adversité, bien au contraire.

     

    Je quitte le gouvernement pour vous permettre à vous et au pays tout entier de découvrir les véritables ennemis du Conseil Présidentiel et de la Nation. Je démissionne également pour être plus libre et plus disponible pour la lutte que chaque Dahoméen devra mener sans répit pour la stabilité politique et la promotion économique de notre pays. Je quitte enfin parce que je commence par me sentir un peu fatigué et suffisamment blessé.

     

    Comme vous le constatez donc, Messieurs les Présidents, ma démission ne résulte d'aucune pression extérieure quelle qu'elle soit ni d'où qu'elle vienne.

     

    Ma résolution de partir du gouvernement ne date pas d'aujourd'hui et je l'avais déjà laissé entrevoir dans ma conférence de presse quand, en réponse à un journaliste, je disais que j'étais le seul juge de ce que j'aurais à faire et du moment où je devrais le faire..

     

    Pour finir, je voudrais vous assurer, Messieurs Les Présidents du Conseil Présidentiel, vous et le Gouvernement tout entier, que, bien que démissionnaire, je suis et je reste mobilisé avec vous pour la défense des intérêts supérieurs du Dahomey.

     

    Avec toutes mes considérations déférentes.

     

    Pascal CHABI KAO

     

     

     

    Cotonou le 25 Octobre 1972

     

    RAPPORT DE MISSION : UN MESSAGE DU PRÉSIDENT HOUPHOUËT

     

    J'ai cru bon de remettre au propre les propos du Président HOUPHOUËT que j'ai recueillis. Je vous propose de relire à tête reposée, dans la plus grande quiétude, ces propos qui sont l'expression d'une affection certaine et d'une amitié authentique.

     

    Lire et réfléchir avant de prendre les décisions qui s'imposent. Je me propose de vous faire quelques suggestions dans l'immédiat.

     

    - Quelques notes prises pendant la conversation avec le Président HOUPHOUËT

     

    Premier Entretien

     

    Sur position du Président MAGA.

     

    §  Volonté délibérée de compromettre le Président AHOMADÉGBÉ

     

    §  Affaire du prêt Ivoirien ;

     

    §  Fait de n'avoir pas jugé les conjurés pendant son mandat

     

    Tout ceci est fait pour condamner AHOMADÉGBÉ et montrer ainsi son incapacité à gouverner. Il s'agit de salir la mémoire d'AHOMADÉGBÉ, parce qu'AHOMADÉGBÉ est installé au milieu de la pourriture.

     

    Il faut qu'il ose ou alors qu'il se retire

     

    §  Proximité de l'arrivée de POMPIDOU. . Tout est en lui-même. Dans la mesure où il accepte de se battre, le concours matériel et moral peut lui parvenir.

     

    « On ne confie pas la garde des vaches à celui qui ne peut pas garder une poule » Proverbe

     

    *    A propos du départ de CHABIKAO.

     

    Si MAGA refuse, il se condamnerait. Donc l'occasion est bonne de demander que la mesure s'étende à tous les corrompus. A l'extérieur, on ne connaît que le chef du gouvernement, on connaît un régime. C'est AHOMADÉGBÉ le chef; s'il dit : « Je ne commande pas » il se condamne.

     

    Il faut qu'il soit ferme et redresser la situation avec une équipe qui inspire confiance.

     

    Il est au bord du gouffre ; la plus petite hésitation peut conduire à la catastrophe (Rappel de ce que disait le Président AHOMADÉGBÉ en invitant le Président HOUPHQUET à sortir de sa réserve pour intervenir dans la situation politique Dahoméenne).

     

    Fort de cet appel, renouvelé par votre arrivée providentielle, je lui dis qu'il n'y a pas une minute à perdre. Il faut oser. Je lui dis : « Si tu n'arrives pas, tu te retires dans la dignité, mais dans la satisfaction du devoir qu'on t'a empêché d'accomplir. Et tout le monde te respectera et tu pourras être un recours, ne serait-ce que sur le plan des conseils. Les ministres n'ont pas ta confiance et tu n'as pas la leur, parce que vous n'évoluez pas sur le même terrain, parce que, eux, ils veulent anémier l'Etat... »

     

    Le pouvoir n'est pas une fin, mais un moyen de servir. Si on est privé de moyens, le pouvoir ne sert plus à rien.

     

    Deuxième entretien

     

    II faut que nous aidions notre ami à se retrouver tel qu'il est ; aujourd'hui, il n'est plus tel qu'il est : il pratique une politique de soumission. Il ne faut pas qu'il devienne une boîte à lettres.

     

    II ne faut pas décevoir le Dahomey et ses amis de l'extérieur dont je suis.

     

    Aucun concours ne peut être bénéfique sans un assainissement de la situation, si la situation politique devrait changer peu après.

     

    Il faut tenir le taureau par les cornes

     

    C'est le moment plus que jamais, à l'approche de l'arrivée de POMPIDOU, d'avoir la situation en main. Aujourd'hui, je ne peux pas dire au Président POMPIDOU que c'est un régime solide qu'il faut soutenir. Les renseignements venant de Paris disent que tout le régime est instable et on parle d'un retour de ZINSOU.

     

    Il faut mettre fin à tout cela et c'est l'occasion d'être ferme.

     

    Il faut convoquer MAGA et APITHY et leur dire : « Je veux remanier le gouvernement, je me propose de changer les miens.

     

    On ne peut pas abattre l'entourage sans atteindre le chef.

     

    (Exemple : TSIRANANA, on lui demandait de changer ses ministres. Son refus entraîna sa chute.)

     

    L'union n'existe pas entre les trois Présidents ; il n'y a pas une politique du régime. La situation du Président AHOMADÉGBÉ est celle d'un chargé d'expédition des affaires courantes, et quelles affaires ? De sales affaires.

     

    Non, ce costume ne lui va pas.

     

    Se ressaisir. Ce n'est pas l'entourage, c'est le responsable qui doit se demander « Est-ce que je réponds à l'intérêt du Pays. Est-ce que je dois devenir complice d'une politique de corruption et de démission ?

     

    J'attends sa réponse dans la semaine. C'est des choses que je voulais lui faire connaître et votre venue est très opportune. Cela doit déboucher sur quelque chose. On peut l'aider à rester à la tête, mais ce n'est pas tout ; il faut que cela s'insère dans un ensemble.

     

    En se débarrassant de tous les corrompus, il restera l'homme honnête qu'il est ; en ce moment l'aide peut lui servir.

     

    CHABIKAO a dit : « Qui peut lui jeter la pierre ? » Cela veut dire que tout le monde est corrompu. Il faut qu'AHOMADÉGBÉ démontre qu'il n'a pas changé. Qu'il dise : « Depuis Mai, j'ai respecté mes engagements vis-à-vis du régime ; mais la situation oblige à opérer un changement ».

     

    Demander au peuple, s'il veut un changement et lui demander le pouvoir de le faire. Le destin donne une occasion. C'est une chance qu'il faut saisir. MAGA est obligé de lâcher son ministre ou de se perdre avec lui.

     

    S'il n'y a pas de changement, on va faire la conjugaison des condamnés.

     

    Vider l'abcès : battre le fer quand il est chaud

     

    1- Remanier le gouvernement

     

    2- Pratiquer une politique d'austérité

     

    3- Renoncer aux fonds secrets (on lui apportera l'aide qui lui permettra de renoncer à cela).

     

    Antoine Robert DÉTCHÉNOU

     

    Extrait des Mémoires de Jacques FOCCART

     

    MAGA n'avait pas quitté la place de gaîté de cœur. Il avait demandé à HOUPHOUËT de l'aider à se maintenir au pouvoir. Sans succès. À la fin de mars, il a fait la même démarche auprès de moi. Je lui ai répondu très fermement qu'il était hors de question que la France soutînt un tel coup de force. «Alors, avait-il conclu, je m'effacerai, mais AHOMADÉGBÉ n'en aura pas pour longtemps. » Le pronostic était exact, mais on aurait pu le faire aussi bien pour MAGA s'il était resté.»

     

    Jacques FOCCART parle

     

    Entretiens avec Philippe GAILLARD, (Tome II), Page 202

     

    Antoine Robert Détchénou