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Bénin-Témoignages - Page 41

  • corruption et réalisation des chantiers

        
       Les journalistes de Golfe TV ont fait un bon commentaire ce matin du deux Juillet2012.J'ai surtout apprécié Honoré Benjamin Nahoum quand il a affirmé que les entrepreneurs ne peuvent pas parler en raison du fait qu'ils sont souvent contraints de payer  10% du montant de leur projet à plusieurs responsables , deux, trois.Dans ces conditions l'entrepreneur ne pourra pas réaliser le  projet.C'est ce qui explique  qu'il y a partout des chantiers abandonnés. Qui va se battre contre ce système de corruption bien ancré à tous les échelons de la bureaucratie béninoise ? Tous les présidents de la République connaissent tout ça, tous les ministres de la République connaissent tout ça.Vous comprenez que, s'ils laissent faire, c'est parce que cela va dans leurs intérêts.Nous devons commencer à dire que ce sont eux qui encouragent et développent la corruption qui tue les hommes, les femmes et surtout les jeunes du Bénin.N'allez plus chercher la corruption ailleurs. Elle est l’œuvre du président et de ses ministres et elle a de beaux jours devant elle. Si vous ne vous levez pas, la corruption va tout raser

  • DETCHENOU

     

    Je poste ce document de ANTOINE DETCHENOU sur Benin-Témoignages  parce qu'il est un témoignage d'une grande valeur historique et humaine.Monsieur  Antoine DETCHENOU a accompli un devoir  pour permettre à ceux qui veulent se cultiver, de connaître une partie de l'histoire de notre pays.Aujourd'hui , aucun Béninois  n'a la conviction profonde d'être dans un pays.Le Bénin  apparaît comme  une juxtaposition de régions au lieu d'être un pays. Même aujourd'hui les comportements irrationnels des membres du gouvernement  ne  sont pas de nature à nous préserver de catastrophes futures.Depuis plus de cinquante ans, tous les dirigeants ont  travaillé  carrément et régulièrement à l'arriération du pays.Il faut changer de vision,  d'objectif et de méthode.

     

     

    Pour l'HISTOIRE : Le Roman Crépusculaire de Chabi Kao : Antoine Robert DETCHENOU Répond et Fait la Lumière

     

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    Le Canard du Nord, dans son numéro 190 paru le 26 Octobre 2011, a rendu publique la conférence tenue un an auparavant par Pascal CHABI KAO et dans laquelle il a fait, selon le journaliste, de « troublantes révélations «Pourquoi avoir attendu une année pour rendre public ce « récit exclusif » ? Secret des dieux.

     

    J'ai lu et relu ces prétendues révélations, et j'ai décidé de répondre à Pascal CHABI KAO, puisqu'il prend à témoins les « collaborateurs d'AHOMADEGBE qui sont encore là ».

     

    Dieu merci même si beaucoup sont morts, moi je suis encore vivant pour répondre à Pascal CHABI KAO, avec conviction et passion, dans la vérité et la fidélité à l'histoire.

     

    Mais, pour être clair, je n'adopterai pas la démarche de CHABI KAO. Le texte de sa Conférence que nous avons sous les yeux est un texte confus et incohérent. Il n'est ni composé, ni structuré ; il n'y a aucune suite logique. Il faut démêler cet écheveau d'anachronismes, de fourre-tout, pour voir clair dans ce brouillage de l'histoire délibérément voulu par l'auteur. Je suivrai le fil de l'histoire de cette période telle que l'ont connue les témoins de l'époque. Je distingue donc les deux grands moments où s'inscrit l'exposé de CHABI KAO :

     

    *    1er temps : Mai 1970-Mai 1972 

     

    *    2ème temps : de Mai 1972 au coup d'état du 26 Octobre 1972


    PREMIERE PARTIE

     

    Mai 1970 - Mai 1972

     

    II correspond à la présidence de Maga qui prend fin le 8 Mai 1972 avec l'avènement du Président AHOMADEGBE.

     

    Pendant toute la présidence de MAGA, AHOMADEGBE a été un loyal collaborateur à qui MAGA confiait de grands dossiers : dossier de la décentralisation, dossier Akossombo, beaucoup d'intérim avec des instances à traiter.

     

    Alors, une première question à CHABIKAO : son affirmation solennelle initiale niant l'affaire COVACS et y trouvant un montage politique pour renverser AHOMADEGBE se situe quand ? Dans la première période, c'est-à-dire avant Mai 1972, ou après Mai 1972. Raisonnablement, cela ne pouvait se situer qu'après le 8 Mai 1972. Or, toute la démonstration de CHABI KAO sur le refus d'AHOMADÉGBÉ de renoncer à son tour de présidence nous ramène avant le 8 Mai 1972. CHABI KAO affirme : « Quand le tour du Président AHOMADEGBE approchait, qu'il devait prendre le pouvoir, tous les services de renseignement ont dit partout qu'ils ont raison de croire que le Président AHOMADEGBE, s'il prenait le pouvoir, il y aurait un coup d'état, défaire en sorte qu'il renonce à son tour. » Les informations des services de renseignement ? Un bluff.

     

    La vérité toute simple, c'est que l'équipe de MAGA, et MAGA lui-même en tête, ne voulaient pas partir et céder la place.

     

    Ainsi donc, toute l'équipe de MAGA, et MAGA lui-même, pas de vulgaires comparses, ont entrepris AHOMADEGBE pour lui faire renoncer à son tour de présidence, le considérant, le moins qu'on puisse dire comme un avorton. Deux preuves de cette tentative. La première est la démarche personnelle du Président MAGA auprès de Jacques Foccart (voir Annexe 3). C'est Foccart lui-même qui le dit dans ses mémoires. La deuxième démarche, c'est l'intervention de MAGA auprès du Président BONGO. Entrepris donc par le Président MAGA pour que AHOMADÉGBÉ renonce à son tour, le Président BONGO a décidé d'envoyer son avion chercher AHOMADÉGBÉ. La veille de ce départ pour Libreville, vers 15 heures, le Président AHOMADÉGBÉ a réuni autour de lui, sous la paillote du Petit Palais, quelques amis politiques : les ministres LOZÈS Gabriel, AHOUANSOU Karl, DOSSOU-YOVO Edmond, PAOLETTI Théophile ; Emile POISSON et Gustave GOUDJO ont-ils pris part à cette réunion ? Je ne peux le dire, là, ma mémoire a flanché. J'étais aussi de la partie. L'objet de la réunion n'a été révélé qu'au début de la séance. Tour à tour, les ministres ont pris la parole pour accepter ce déplacement du Président quand bien même deux d'entre eux ont manifesté quelques réserves.

     

    J'étais outré par cette position des ministres. Je bouillonnais littéralement. Alors, le Président AHOMADÉGBÉ me regarda et dit « le jeune homme ne semble pas content. ». Je ne l'ai pas laissé achever, j'ai répondu : « oui Président, pas content, pas du tout content ». Et alors avec force et conviction, comme si j'avais autorité, j'ai dit : « Président, vous n'irez pas à Libreville. C'est non et non. Vous n'irez pas à Libreville pour deux raisons. Qu'irez-vous faire là-bas ? Aller jusque dans le bureau de BONGO lui dire que vous ne renoncerez pas à votre tour ? C'est jouer à la provocation, et ceci, à l'étranger. Et puis on vous envoie un avion où vous serez seul à bord. En a-t-on mesuré tous les risques ? J'ai conclu en martelant, Président, vous n'irez pas à Libreville demain. » Ce fut comme un coup d'État. Il se fit un profond silence. Et le Président trancha. Le « jeune homme » a raison « je n'irai pas à Libreville et j'informe sur-le-champ MAGA »

     

    CHABI KAO évoque la tentative d'une délégation, restée anonyme, qui ayant rencontré le Président AHOMADÉGBÉ lui aurait dit « Si c'est de l'argent que ça rapporte, nous sommes prêts à te donner cet argent là pour que tu renonces. » Je ne sais quelle est cette délégation qui a eu cette impudence et cette indécence de vouloir corrompre AHOMADÉGBÉ. AHOMADÉGBÉ n'est certes pas un dragon de vertu, mais son rapport à l'argent est légendaire ; jamais, il n'a été séduit par l'argent, surtout l'argent sale de la corruption ; AHOMADÉGBÉ est l'homme d'une époque, c'est l'homme d'un idéal pour qui l'argent n'est pas la valeur suprême.

     

    CHABI KAO évoque une autre raison pour expliquer le refus d'AHOMADÉGBÉ de renoncer à son tour de présidence. Il affirme « AHOMADÉGBÉ a refusé. Toute son équipe a refusé parce qu'ils ont dit que les fils d'autres régions ont porté le « grand collier » et qu'il faut aussi qu'un HOUEGBADJAVI porte aussi ce grand collier même s'il doit mourir trois jours après ». Expliquer le refus d'AHOMADÉGBÉ par l'honneur dérisoire et fugace de porter ce grand collier que, du reste un autre HOUEGBADJAVI, le général Christophe SOGLO a déjà porté, expliquer donc le refus d'AHOMADÉGBÉ par le désir de porter ce grand collier, c'est n'avoir rien compris des motivations d'AHOMADÉGBÉ.

     

    Je vais évoquer ces motivations et voudrais le faire sans bégayer, sans aucune restriction mentale, sans crainte d'aucune accusation régionaliste. Deux motivations fondamentales.

     

    *    La première la voici. A la bourse des valeurs politiques, intellectuelles, morales, humaines, qui d'AHOMADEGBE et de MAGA a la côte la plus élevée ? C'est incontestablement AHOMADÉGBÉ. On y verra le parti-pris d'un partisan, d'un zélateur. Mais le Dahoméen d'hier, le Béninois d'aujourd'hui, s'il est de bonne foi, ne me contredira pas. Alors au nom de quelle logique veut-on que le meilleur cède la place au moins bon. Régression ou progrès ? Qu'on me le dise.

     

     

     

    *    La seconde raison tient de l'histoire et de la culture qui ont façonné AHOMADÉGBÉ. Un adage fon dit : « On n 'arrache pas « c 'est à moi » aux enfants ». Oui, AHOMADÉGBÉ est cet enfant, propriétaire d'un bien dont il ne veut pas qu'on le dépouille. Car au commencement, il y avait Tado, du Mono à Kétou ; le commandement appartient aux héritiers de Tado. C 'est leur bien. On ne peut les en dépouiller. Un héritier de Tado, qu'il soit d'Abomey ou de Porto-Novo qui est conscient de son histoire, ne peut se laisser vassaliser, comme ces avortons d'aujourd'hui, qui, oublieux de leur histoire, sans enracinement culturel, s'empressent de saisir la première main qui leur est tendue. Ceux qui seront tentés de contester ces affirmations, qu'ils se rappellent le pouvoir de KÉRÉKOU, comme celui d'aujourd'hui de YAYI Boni. Pourquoi ces hommes au pouvoir recourent-ils tant aux Aboméens, plutôt à la racaille Aboméenne, à ces hommes de pacotille dont le ventre est la donnée principale, pour se donner un semblant d'assise populaire ? AHOMADÉGBÉ n'est pas de cette semence-là. Il sait ce qui fait la grandeur de son pays, et le devoir que cela impose. C'est en me souvenant de beaucoup d'entretiens que j'ai eus avec lui à ce sujet que j'écrivais, dans l'oraison funèbre prononcée le 27 Avril 2002, à Goho, « La merveille réalisée ici sur ce plateau d'Abomey, c'est cette fusion ethnique, culturelle qui fait qu'aujourd'hui encore plus qu'hier, Abomey constitue un peuple uni, parlant une langue une, communiant à une tradition culturelle née d'une histoire une... C'est dans le terreau de la culture aboméenne dont il est pétri qu'il a puisé un certain sens de la grandeur... » Quand une semence a germé sur ce terreau là, elle devient un fruit du genre d'AHOMADÉGBÉ : un sens aigu de la dignité de son peuple, le sentiment profond d'être le témoin d'une histoire partagée avec tous les héritiers de Tado, la certitude humble qu'on « n 'arrache pas « c 'est à moi » aux enfants ».

     

    Il faut descendre à cette profondeur pour comprendre le refus d'AHOMADÉGBÉ de renoncer à son tour de présidence. Décidément, AHOMADÉGBÉ n'est pas un avorton de politicien. Il n'est pas de la race de ces opportunistes, affamés et prétentieux qui frétillent autour d'un maître dont ils chantent sans pudeur les louanges, pour se plaindre en secret, devant leurs amis, des avanies de leur allégeance au monarque expert en saute d'humeur, en coup de gueule, en voltige politique indécent.

     

    Toutes ces tentatives pour amener le Président AHOMADÉGBÉ à renoncer à son tour de présidence posent un grave problème de morale, d'éthique politique. Les Présidents APITHY, AHOMADÉGBÉ et MAGA ont conclu, à Savè, un accord créant le Conseil Présidentiel. Ils en ont fixé les règles. Alors, mon cher Pascal, l'équipe MAGA, toute l'équipe et MAGA en tête sont-ils fondés à vouloir conserver le pouvoir en demandant à AHOMADÉGBÉ de renoncer à son tour de Présidence ? Pourquoi MAGA et les siens ont-ils délibérément entrepris de violer l'accord conclu et de prendre des libertés vis-à-vis de l'éthique politique ? Car la politique, quand on ne la considère pas comme un passe-temps de voyous et d'arrivistes, quand on la prend au sérieux et elle est sérieuse et du reste cruelle, oui la politique, pour des gens qui se respectent, exige une certaine éthique, c'est-à-dire « un ensemble de valeurs et de normes, véhiculées par les institutions, soutenues par les mœurs nationales, fondées sur une certaine tradition historique ». Quand il rentre en politique, « l'individu moderne se trouve informé par une multitude de références pour sa conduite et son comportement et c'est cela l'éthique. Cette éthique est reçue à travers l'éducation, mais aussi tout bonnement dans l'exercice de la vie commune marquée par des habitudes, des coutumes, des façons de vivre, tout autant que dans les liens tissés par le droit que personne n'a intérêt à ignorer, quelles que soient ses options philosophiques ou religieuses ».

     

    Oui, l'équipe MAGA a ignoré cette éthique, l'a foulée au pied et malheureusement a rouvert cette boîte de Pandore d'où se sont échappés depuis les maux graves qui minent aujourd'hui plus qu'hier notre Pays. Plus aucune éthique aujourd'hui qui régule la vie politique. La conduite de l'équipe MAGA, animée par CHABI KAO a fait école, a élu droit de cité dans la politique aujourd'hui, a fait des émules. On se permet tout aujourd'hui : les trahisons, la falsification du langage, le nomadisme politique baptisé transhumance, le vol à grande échelle de haut en bas de l'échelle sociale. Quel lourd héritage avez-vous laissé à ce Pays, mon cher Pascal ?

     

    Délibérément, je passe sous silence la mutinerie du 13 Février 1972 qui devrait être le coup de grâce servi à AHOMADÉGBE pour l'empêcher de prendre son tour de présidence. Le colonel en retraite, Lucien GBOHAÏDA GLÈLÈ qui a dirigé cette mutinerie s'est expliqué là-dessus. Il n'y a donc plus rien à redire sinon que cette mutinerie, contrairement à l'affirmation de CHABI KAO « Et ça durait plus d'une semaine que le camp militaire a été pris en otage par KOUANDÉTÉ et tous les officiers », cette mutinerie n'a pas duré plus d'une journée. Commencée dans la nuit du 12 au 13 Février, elle s'achevait vers 20 heures le 13 Février, donc le même jour.

     

    Par ailleurs, CHABI KAO évoque une empoignade dans les escaliers de la Présidence entre AHOMADÉGBE et KOUANDÉTÉ. Seul CHABI KAO, faiseur de prodiges, a été témoin de cette scène.

     

    AHOMADÉGBE était toujours accompagné d'un garde-corps. Où était-il ce dernier au moment de cette empoignade et altercation ? Quel crédit accorder à ce fait dont jamais AHOMADÉGBE n'a parlé, ni aucun des garde-corps qui l'accompagnent et que révèle le seul CHABI KAO ?

     

     

     

    DEUXIEME PARTIE

     

    08 Mai 1972 - 26 Octobre 1972

     

    Dans la première partie de notre réponse à Pascal CHABI KAO, nous avons essentiellement parlé des tentatives faites car l'équipe MAGA pour amener le Président AHOMADÉGBE à renoncer à son tour de présidence conformément à la Charte du Conseil Présidentiel. Nous avons mis l'accent sur les preuves de ces tentatives, nous avons mis en lumière la signification du refus d'AHOMADÉGBÉ, et nous avons souligné l'immoralité de toute la démarche de l'équipe MAGA, du moins ceux qui en étaient les auteurs les plus actifs.

     

    Dans la deuxième partie de notre réponse, qui couvre la période allant du 8 Mai 1972 au 26 Octobre 1972, nous allons aborder le reste du contenu de la conférence de Pascal CHABI KAO. Nous n'allons pas suivre la démarche chaotique de l'exposé de CHABI KAO, dans un souci d'ordre et pour éviter, encore une fois, la confusion d'un exposé décousu et incohérent. Car le texte offert à notre lecture par Le Canard Du Nord est un texte qui n'est ni composé, ni structuré. A la décharge du journaliste et de CHABI KAO, il faut reconnaître qu'il s'agit d'un exposé oral, qui repose beaucoup plus sur une association d'idées jaillies au hasard, qu'un ensemble construit, logique avec de la suite dans les idées. De cet ensemble confus et incohérent, retenons quelques points qui alimenteront notre réponse.

     

    *    L'affirmation faite par CHABI KAO, d'entrée de jeu, qu'il n'y a pas d'affaire COVACS et que ce qu'il est convenu d'appeler ainsi n'est qu'un « montage politique que nous avons mis en place pour renverser le Président AHOMADÉGBE (ce qui suppose que le Président AHOMADÉGBE était Président en exercice) » ;

     

    *    La perspective d'une guerre civile entre le Nord et le Sud

     

    La décision d'AHOMADÉGBÉ de faire exécuter les mutins du 13 Février 1972.

     

    *    La rencontre d'AHOMADÉGBÉ avec les « 3A » et la demande qu'AHOMADÉGBÉ a faite de mettre les « KAÏ- KAÏ » hors d'état de nuire.

     

    *    Le coup d'état du 26 Octobre 1972

     

    II y a les faits divers qu'il faut passer sous silence pour ne pas laisser l'accessoire envahir l'essentiel. Ainsi, le témoignage dont parle CHABI KAO d'Albert OUASSA. Ce dernier, à la sortie d'une messe anticipée d'un Samedi de Novembre 2011, nous a dit : « Je n'ai rien entrepris avec CHABI KAO. D'ailleurs, on ne s'est jamais entendu et on se parlait à peine. CHABI KAO est un menteur, traitez-le comme tel. ». En pages 6 et 7 du fameux Canard Du Nord, CHABI KAO affirme : « j'ai dit à OUASSA Albert, il est là, qu'on lui pose la question, ... et j'ai dit à OUASSA de m'accompagner chez KERÉKOU... ». Plus loin à la page 7, CHABI KAO dit : « Le dimanche de Pentecôte, j'ai mis OUASSA à bord de ma voiture. ». Parole d'un mythomane en mal de témoignage.

     

    Une autre affirmation de CHABI KAO qui met au grand jour sa mythomanie. Il dit : «APITHY lui, c'est l'ami des militaires. C'est lui qui est derrière tous les coups d'état militaires. ». Quelle preuve CHABI KAO peut-il apporter de la participation d'APITHY aux coups d'État militaires ? Tout ceci est le fruit de l'imagination débridée de CHABI KAO.

     

    Examinons maintenant les points retenus. Et commençons par celui, qui, pour moi a la charge émotionnelle la plus grande.

     

    L'exécution des mutins

     

    CHABI KAO affirme, « le samedi de Pentecôte (encore la Pentecôte) de l'année 1972, vers 21 heures et quelque, le Président MAGA nous appelle, nous ses ministres, que le Chef de l'État veut qu'on vienne au conseil des ministres... Au cours de ce conseil disons extraordinaire, auquel n'assista pas le Président APITHY, (ni ses ministres) AHOMADÉGBÉ, toujours selon CHABI KAO a révélé cette nuit-là, que « tous les avocats des condamnés à mort ont écrit pour demander la grâce présidentielle, pour commuer la peine de mort en peine temps, c'est-à-dire à perpétuité (soit dit en passant : une peine à temps n 'est pas une peine à perpétuité). Mais de ne pas les exécuter, et que, lui, il a réuni pendant plus de trois jours son staff politique pour dire « qu'est ce qu'on fait ? On gracie ou on exécute ? » Et tous on dit : « on exécute pour donner l'exemple ». Sacré CHABI KAO!!!

     

    On a le souffle coupé en lisant ces propos de CHABI KAO. Non Pascal, c'est trop gros. Jamais mythomanie n'aura atteint ce degré d'affabulation. Je suis, à n'en point douter, du staff d'AHOMADÉGBÉ. Je me vante d'être son collaborateur le plus proche, le plus au fait de tous ses secrets. Je sais ce que lui même a dit un jour à DAGANDJI qui hésitait à lui faire une confidence en ma présence. Il a exactement dit à DAGANDJI, en fon. « Parle sans crainte, ce jeune homme est mon « dôvo », c'est-à-dire mon caleçon, en termes imagés, le détenteur de mes secrets. Eh bien j'affirme solennellement (pas la solennité à la CHABI KAO), que jamais nous n'avons évoqué en quelque staff que ce soit, l'exécution des mutins. Jamais je n'ai participé, surtout pendant trois jours, (tout de même), à des réunions pour parler de l'exécution de ces condamnés. Non, Pascal, comment AHOMADÉGBÉ aurait-il eu la moindre velléité de faire exécuter Lucien GBOHAÏDA GLÈLÈ ? C'est seulement inimaginable. Connais-tu Abomey, ses mœurs, ses coutumes ? Lucien GBOHAÏDA GLÈLÈ est prince d'Abomey, issu du roi GLÈLÈ, fils de GUÉZO, lequel est frère de TOMÈTIN, tous deux fils d'AGONGLO. As-tu jamais entendu un prince exécuter un autre prince ? Les palais d'Abomey sont, comme toutes les cours royales, des lieux d'intrigue. Mais on n'y assassine pas des princes.

     

    Et puis Pascal, tu ne connais certainement pas Joseph GBOHAÏDA GLÈLÈ, oncle de Lucien. C'était le garde-corps d'AHOMADÉGBÉ, tué par lapidation devant l'hôpital de Porto-Novo, à cause d'AHOMADÉGBÉ. Alors ! Pour remercier (outre tombe) Joseph GBOHAÏDA GLÈLÈ du sacrifice de sa vie, pour la cause de l'U.D.D, AHOMADÉGBÉ irait tuer son neveu ? Quelle horreur !

     

    Je vais être très économe de mots sur cette affirmation calomnieuse. Je voudrais même ne pas évoquer cette page triste de l'histoire personnelle de Lucien parce que, une fois encore, je sais, pour l'avoir vécue le 10 Décembre 2011, en l'église Saint Michel de DJÈGBÉ où Lucien rendait grâce à l'occasion du 30ème anniversaire de la mort de son père, oui je sais et j'ai vécu toute la charge émotionnelle de ce jugement qui condamnait à mort Lucien GBOHAÏDA GLÈLÈ. Je n'en dirais pas plus. La politique n'est pas un jeu d'enfant. On ne badine pas avec elle. Oui elle est cruelle, très cruelle par moment.

     

    Et puis Pascal CHABI KAO, un conseil des ministres, ou du moins une concertation entre l'équipe de MAGA et comme tu le dis : «AHOMADÉGBÉ était là aussi avec tous ses ministres et certains gars de son parti politique» au Palais de la République, en l'absence de son cabinet : puisque c'est de toi, pour la première fois que j'ai cette affirmation, non vraiment Pascal, c'est trop gros ce mensonge. Et puis encore, alors qu'AHOMADÉGBÉ est venu pour décider de l'exécution des condamnés, c'est encore toi qui réussis, malgré la présence de tout le staff d'AHOMADÉGBÉ, favorable à l'exécution, comme tu le prétends, à l'ajourner. Tu dois être un personnage extraordinaire pour avoir tant d'influence.

     

    Une autre affirmation de CHABI KAO

     

    « Pendant que KÉRÉKOU, BABA-MOUSSA et moi, on était en train de concocter ce coup d'État, moi je ne savais pas que le Président AHOMADÉGBÉ a appris et il a appelé ASSOGBA, ALLADAYÉ et AÏKPÉ, les « 3A » et il leur dit : « les « KAÏ-KAÏ » veulent me renverser pour mettre MAGA en place. Il faut les prendre de vitesse. Il leur a dit, c'est très simple, ils veulent faire un coup d'Etat, nous allons faire le nôtre, mais ce sera un coup d'Etat de Palais... Vous viendrez au Palais, vous allez nous prendre et vous allez dire que c'est un coup d'Etat de Palais... »

     

    II faut croire que CHABI KAO était témoin de l'entretien secret entre AHOMADÉGBÉ et les « 3A », pour en savoir tant. Ce récit naïf, qui est une médisance, frise la bêtise et c'est encore une preuve de la mythomanie, dont souffre CHABI KAO. A y réfléchir de près, je crois que la mythomanie, CHABI KAO la vit à la manière de Clappique, un personnage du roman de Malraux : La Condition Humaine. Dans ce roman, Clappique est un personnage qui vit de manière permanente dans le mensonge. Il est dit de lui : « Une des principales activités de Clappique consiste à raconter des histoires bizarres, féeriques, aux péripéties étranges... Il vit réellement dans un monde imaginaire et souvent les histoires qu'il raconte le mettent en scène lui-même, ou du moins il s'assimile aux héros qu'il invente ». Comme chez Clappique, à y regarder de près, le mensonge a, chez CHABI KAO, une dimension et une signification métaphysiques. «Sa mythomanie est un moyen de nier la vie, de nier et non pas d'oublier». Oui, CHABI KAO a besoin du mensonge pour exister, pour se faire valoir, pour se donner une image de pureté, tellement sa vie durant, il a pataugé dans la boue. Laissons donc CHABI KAO à ses turpitudes.

     

    Mais nous n'accepterons jamais, oui jamais, qu'il prête à AHOMADÉGBÉ des propos désobligeants comme l'expression « KAÏ-KAÏ ». Pendant plus de 40 ans de compagnonnage avec AHOMADÉGBÉ, je ne l'ai jamais entendu tenir ce genre de propos. Sa proximité, sa familiarité avec les frères du Nord, l'amitié qu'il n'a cessé de leur témoigner, lui interdisent de tels propos. Ils sont combien, quand ils arrivent à Cotonou, à prendre hospitalité chez lui, à être reçus à sa table. Et puis Pascal CHABI KAO a peut-être oublié que le principal collaborateur du Président AHOMADÉGBÉ, un certain Antoine DÉTCHÉNOU est fils de « KAÏ-KAÏ » puisqu'il a pour mère une peulh, une « KAÏ-KAÏ» dont le fils Antoine est en parfaite adéquation avec l'expression « KAÏ-KAÏ », pour avoir mené, déjà à 7 ans en compagnie de ses cousins, au pâturage, les troupeaux de l'oncle AROUNA, comme berger, muni de son bâton avec le cri caractéristique d'où les FONS ont tiré l'expression « KAÏ-KAÏ » onomatopée qui d'ailleurs varie d'une région à l'autre. Nous, derrière notre troupeau, le cri était « KOURLOU-HO ». Tu vois, CHABI KAO, l'ancien berger devenu vieux a encore de la mémoire.

     

    Le rappel de cette expression « KAÏ-KAÏ » répond au réflexe régionaliste de CHABI KAO. Il s'agit d'entretenir chez ses compatriotes cette haine du FON sur laquelle il a fondé toute sa pauvre doctrine politique. A l'analyse, ce passage de l'exposé de CHABI KAO est une grossière invention. J'ajoute que si le prétendu complot « concocté par KÉRÉKOU, Baba Moussa et moi » (CHABI KAO dixit), si ce prétendu complot a été éventé comme le prétend CHABI KAO, AHOMADËGBÉ aurait tout simplement arrêté les comploteurs. Il en avait les moyens. Du reste, un seul groupe militaire, à ce moment, avait les moyens d'organiser un coup d'État. C'était le Groupement d'Appui de Ouidah qui a opéré le 26 Octobre 1972.

     

    Une dernière affirmation de CHABI KAO : L'Affaire Covacs : Un Montage Politique

     

    « Je vous avoue solennellement ce soir, qu'il n'y a pas eu « d'affaire COVACS » avec moi CHABI KAO». Il y a eu le « dossier COVACS » qui est un montage politique que nous avons mis en place pour renverser le Président AHOMADÉGBÉ, parce que nous étions à deux doigts d'une guerre civile entre le Nord et le Sud. Je le révèle aujourd'hui. Vous pouvez demander aux collaborateurs d'AHOMADÉGBÉ qui sont encore là ».

     

    Fausse prémisse d'un argumentaire débridé, mensonger, incohérent, sans aucune valeur historique.

     

    Tu prétends, Pascal, qu'une guerre civile était imminente, et ceci sur la foi des services de renseignements. Mais, à partir du 8 Mai 1972, les renseignements généraux dépendaient directement d'AHOMADÉGBÉ. Toutes les fiches de renseignements passaient d'abord par mon bureau. C'est moi qui les recevais, les dépouillais, les analysais pour en faire immédiatement le compte rendu au Président. Aucune fiche n'a parlé de l'imminence d'une guerre civile, d'une rébellion en préparation au Nord. Et pourquoi le Nord se soulèverait-il contre AHOMADÉGBÉ ? Médecin, il a commencé sa carrière à Tchaourou, comme la plupart des cadres du temps : Gabriel LOZÈS : médecin à Natitingou, Michel AHOUANMÈNOU instituteur à Kandi, AHOYO Paulin : instituteur à Parakou, YAHOUÉDÉOU Ignace : instituteur à Guéné (Pays des moustiques), Karl AHOUANSOU, à Savè etc. Oui tous ces jeunes cadres du temps ont fait leurs premières armes dans le Nord, avec une conscience professionnelle tout à leur honneur. Alors est-ce pour avoir servi ses frères du Nord que CHABI KAO en veut à AHOMADÉGBÉ ?

     

    AHOMADÉGBÉ a créé un parti qu'il a voulu creuset de l'Unité Nationale. Ce parti est le seul, disons-le avec fierté, qui ait rassemblé tous les fils du pays du Sud au Nord : Mohamed BATOKO, BOUROU Barthélémy, Saka N'GOBI Frédéric, grand prince Bariba, CHABI Gabi, Roger LAFIA, Rouga SOUAÏBOU, Mahambi BAPOUMI, M'PO Tchena MOUYORE, TIANDO Fidèle, BOULGA Antoine, Adam BURO, bref, des fils du Nord, « vraies pièces d'origine », par opposition aux descendants d'anciens garde-cercles que l'administration coloniale a implantés au Nord. Ce sont eux, ces fils de garde-cercles, n'hésitons pas à le dire, regroupés par le commandant de Cercle, PEPERTI, sous la dénomination : « Groupement ethnique du Nord », ce sont eux qui, plus royalistes que le roi, ont inoculé le virus de la division au Nord pour asseoir leur mainmise sur la région et ont suscité la haine du Fon, la haine du Sudiste. Mais ces fils authentiques du Nord ont résisté au microbe de la division puisqu'ils étaient tous, vivants, et ont répondu présents au congrès de l'U.N.D à Ouidah en Avril 1991. Ils étaient presque tous au praesidium ; c'était le vrai retour des « dinosaures ». Ceux là passaient pour des traîtres aux yeux des nouveaux «Aristocrates » du Nord, fils d'anciens garde-Cercles (voltaiques, sénégalais, etc.).

     

    Non ce n'étaient pas les militants de l'U.D.D qui allumeraient la guerre civile. Au fond, avaient peur de l'arrivée d'AHOMADÉGBÉ tous les malpropres qui savaient qu'ils ne resteraient pas impunis si jamais ils étaient auteurs de malversation. Oui CHABI KAO en évoquant le spectre d'une guerre civile imminente pensait qu'AHOMADEGBÉ allait rééditer le coup du 13 Mars 1964, « lorsque CHABI Marna a allumé le feu de la rage raciste et régionaliste » C'est à ce sujet que la lumière a été faite sur les détournements du régime MAGA. Nous lisons dans un discours du 13 Mars 1964 les informations suivantes:

     

    *    MAGA a détourné sur le fonds routier 3.388.321 francs pour aménager sa villa à Parakou construite avec les matériaux du ministère des travaux Publics. Il s'est fait vendre à Cotonou un terrain sis à la zone résidentielle de 10.250 mètres carrés à 1.780.000 francs au lieu de 12 Millions... 

     

    *    AROUNA Marna a détourné plus de 50 tonnes de ciment et de matériaux sur le compte de l'armée pour construire sa belle villa de Parakou, et a utilisé abusivement l'avion et les camions de l'État pour transporter à Parakou les matériaux de construction. 

     

    Nous passons sous silence d'autres personnalités du Sud et du Nord impliquées dans ces détournements.

     

    CHABI Mama avait prétexté de l'incarcération de MAGA et d'autres fonctionnaires impliqués dans ces détournements pour déclencher le 12 Mars 1964 un vaste mouvement de subversion contre la sûreté de l'État, contre l'autorité de l'État, menant une guerre fratricide et tribale. Ainsi, les Dahoméens originaires du Sud et résidant à Parakou sont molestés, blessés et pillés....»     CHABI KAO pensait-il rééditer la révolte de CHABI Marna ? Alors évidement il doit craindre et haïr AHOMADÉGBÉ.

     

    Une idée me vient à l'esprit en rappelant ce passé. CHABI KAO dit dans son exposé : « A plusieurs reprises, trois fois de suite, il m'a apporté 100 millions de F CFA. Je lui ai dit non. Je lui ai dit que moi je suis du Nord. Je ne mange pas ce pain là. On ne m'achète pas ». Je ne voudrais pas polémiquer. Mais je voudrais simplement dire que CHABI KAO, en faisant de telles affirmations, est si peu crédible qu'on a plutôt envie de rire. Le Nord n'a pas le monopole de la vertu. Les exemples cités plus haut et d'autres qu'on aurait pu évoquer ici sont assez éloquents. La corruption est de tous les temps, de toutes les régions, de toutes les ethnies. Elle n'épargne personne et il faut beaucoup de vigilance pour ne pas être atteint par ce virus et surtout pour ne pas l'inoculer à l'autre. Et cela, parce que l'homme, sous tous les cieux, est un être de péché, faible et précaire, il reste toujours « homme » petit « h », s'il ne fait pas l'effort de s'élever ; il ne sera Homme, avec grand « H », que s'il se laisse transformé par la grâce irradiante du Ressuscité.

     

    Alors Pascal, ta guerre civile, encore une illustration de ta mythomanie.

     

    Mais je voudrais ici me permettre une digression. Pascal, peux-tu me faire un compte des Dahoméens, des Béninois qui sont le fruit d'une union d'un sudiste et d'une Nordiste ? C'est ce « métissage » ethnique dont le plateau d'Abomey a été la plus belle illustration qui a été réédité. Oui, Pascal, mène une enquête dans toutes les familles princières ou pas d'Abomey, va à Covè, va à Ouidah et enquête dans les grandes familles (QUENUM, AGBO, DOSSOU-YOVO, ADJOVI), pour ne citer que celles-là ; prolonge à Porto-Novo et fais tes comptes. Puis retourne à Parakou. Peux-tu me donner un seul exemple d'un couple bariba-somba ? Dis-moi, comment expliques-tu ce phénomène ? Ce mépris du bariba pour le somba est atavique. Cela explique peut-être pourquoi tes relations ne sont pas bonnes avec OUASSA. Tu sais, tu es un homme comme tous les hommes. Sais-tu à quel niveau, à quelle profondeur se situe, dans notre subconscient, la nappe d'images et de sentiments d'où jaillissent nos moindres réactions, même les plus anodines ? Alors, Pascal CHABI KAO au lieu de vouloir susciter une guerre civile entre le Nord et le Sud, va plutôt demander aux baribas de se réconcilier avec les Sombas.

     

    Je finis en revenant à l'affaire COVACS. Je répondrais pour dire simplement que ce que le journaliste appelle pompeusement « des troublantes révélations », n'est, à l'analyse, qu'un tissu de contre-vérités, d'anachronisme, de grandes confusions, avec cet art du faux dans lequel excelle CHABI KAO. La vérité c'est que Pascal CHABI KAO a voulu se donner une certaine virginité, au soir de sa vie, il a voulu se laver d'un opprobre qui a entaché sa vie et qui, qu'il le veuille ou non l'accompagnera jusque dans sa tombe. On ne refait pas l'histoire mon cher Pascal. Le fait historique est unique, inédit ; nous l'avons appris en classe de philosophie. On ne refait pas une histoire comme l'affaire COVACS, au cœur de laquelle se trouve Pascal CHABI KAO. Ce dernier affirme sans pudeur, et il le dit avec gravité « Je vous avoue solennellement ce soir, qu'il n'y a pas d'affaire COVACS avec moi CHABI KAO. Il y a eu le dossier COVACS qui est un montage politique que nous avons mis en place pour renverser le Président AHOMADÉGBÉ, parce que nous étions à deux doigts d'une guerre entre le Nord et le Sud ».

     

    J'ai eu honte en lisant cette déclaration mensongère, honte qu'un homme de mon âge que je croyais respectable, malgré tout ce que je savais de lui, oui honte qu'un vieil homme comme moi ait pu sortir une telle énormité, car qui peut, raisonnablement, nier dans ce pays l'existence d'une affaire COVACS pour laquelle CHABI KAO a passé 3650 jours de détention. L'affaire COVACS n'a jamais été un montage politique, œuvre de CHABI KAO. L'affaire COVACS est une escroquerie et une prévarication au centre de laquelle se trouve le Ministre des Finances de l'époque : Pascal CHABI KAO et une autre personnalité souvent citée dans le document de CHABI KAO. Pour s'en convaincre, il suffit seulement de se référer à l'important rapport écrit de l'Inspecteur des Finances du temps : Nicéphore SOGLO. Il y a aussi les « conclusions » de maître Adrien HOUNGBÉDJI, avocat de maître Bertin BORNA. Ce sont les deux documents qui établissent la réalité de l'affaire COVACS. CHABI KAO ne refera pas l'histoire. Quel est donc ce montage politique dont l'auteur est la victime, puisque CHABI KAO, encore une fois, passera dix ans de sa vie sous les verrous. CHABI KAO est-il masochiste à ce point pour monter une affaire qui le fera souffrir et au bout de laquelle, contraint, il donne sa démission de Ministre des Finances. De cette démission présentée le 26 Octobre 1972, en Conseil des Ministres, CHABI KAO n'a jamais rien dit. Nous publions cette lettre de démission qui coupe court à toutes les élucubrations de CHABI KAO. Aussi, nous ne nous attarderons pas à démontrer le mensonge grossier de CHABI KAO. De même nous rendons public un rapport inédit en date du 25 Octobre 1972, établi par le Directeur de Cabinet d'AHOMADÉGBÉ, de retour d'une mission à Abidjan auprès du Président Houphouët-BOIGNY.

     

    Et je laisse ici CHABI pour pousser une lamentation. Quand j'ai découvert, il y a un mois dans les archives du Président AHOMADÉGBÉ, cette lettre de démission de CHABI KAO dans la même chemise que le rapport que je lui ai fait de ma mission, le 25 Octobre 1972, et dont je ne me souvenais plus, je fus bouleversé et perclus de douleur et de chagrin, non pas pour CHABI KAO, mais pour Michel, Michel AÏKPÉ. En revivant toute cette époque, j'ai mis en sourdine l'accusation que, dans notre milieu nous avons toujours portée sur lui : le traître. En vérité, il a trahi. Mais savait-il où cela le conduisait ? Il tenait à ce que le Président AHOMADÉGBÉ renvoyât CHABI KAO du gouvernement. Il lui avait dépêché pour cela le 26 Septembre 1972 son ami AGBANNON Barnabé pour faire pression. Il était impatient de voir partir CHABI KAO, dont la présence au gouvernement polluait l'ambiance politique et paralysait l'action gouvernementale. Oui, comment expliquer que le jour même où enfin CHABI KAO démissionnait, lui et ses camarades ASSOGBA et ALLADAYÉ aient réalisé leur coup d'État, et que le malheur les conduisit à désigner KÉRÉKOU à leur tête. La suite de cette histoire, nous la savons tous.

     

    Oui, Michel, j'ai simplement compris que tu préparais ta rencontre avec le Destin, et c'est criblé de 40 impacts de balles que cette nuit du vendredi 20 Juin 1975, à 20 heures, tu allas frapper à la porte du Destin.

     

    « Si je savais » c'est le dernier cri à travers les âges. Oui, Michel, si tu savais que le coup du 26 Octobre te conduirait là, l'aurais-tu réalisé ?

     

    Me vient à l'esprit ce commentaire d'un chroniqueur de R.F.I, après la mort de KADHAFI, commentaire ponctué de ce leitmotiv :

     

    Tout ça pour ça... !

     

     

     

    Lettre de Démission de Pascal Chabi Kao

     

    Cotonou, le 26 Octobre 1972

     

     

     

    Pascal Chabi Kao

     

    Ministre des Finances B.P.. ..COTONOU

     

    A

     

    Monsieur le PRÉSIDENT Du Conseil Présidentiel

     

    A

     

    Messieurs Les MEMBRES Du Conseil Présidentiel

     

    Monsieur Le PRESIDENT du Conseil Présidentiel,

     

    Messieurs Les MEMBRES du Conseil Présidentiel

     

    Je viens par la présente vous donner ma démission du Gouvernement que vous dirigez pour compter de ce jour 26 Octobre 1972.

     

    Mon départ volontaire de l'équipe gouvernementale actuelle n'est nullement motivé par une fuite devant mes responsabilités encore moins par une capitulation face à l'adversité, bien au contraire.

     

    Je quitte le gouvernement pour vous permettre à vous et au pays tout entier de découvrir les véritables ennemis du Conseil Présidentiel et de la Nation. Je démissionne également pour être plus libre et plus disponible pour la lutte que chaque Dahoméen devra mener sans répit pour la stabilité politique et la promotion économique de notre pays. Je quitte enfin parce que je commence par me sentir un peu fatigué et suffisamment blessé.

     

    Comme vous le constatez donc, Messieurs les Présidents, ma démission ne résulte d'aucune pression extérieure quelle qu'elle soit ni d'où qu'elle vienne.

     

    Ma résolution de partir du gouvernement ne date pas d'aujourd'hui et je l'avais déjà laissé entrevoir dans ma conférence de presse quand, en réponse à un journaliste, je disais que j'étais le seul juge de ce que j'aurais à faire et du moment où je devrais le faire..

     

    Pour finir, je voudrais vous assurer, Messieurs Les Présidents du Conseil Présidentiel, vous et le Gouvernement tout entier, que, bien que démissionnaire, je suis et je reste mobilisé avec vous pour la défense des intérêts supérieurs du Dahomey.

     

    Avec toutes mes considérations déférentes.

     

    Pascal CHABI KAO

     

     

     

    Cotonou le 25 Octobre 1972

     

    RAPPORT DE MISSION : UN MESSAGE DU PRÉSIDENT HOUPHOUËT

     

    J'ai cru bon de remettre au propre les propos du Président HOUPHOUËT que j'ai recueillis. Je vous propose de relire à tête reposée, dans la plus grande quiétude, ces propos qui sont l'expression d'une affection certaine et d'une amitié authentique.

     

    Lire et réfléchir avant de prendre les décisions qui s'imposent. Je me propose de vous faire quelques suggestions dans l'immédiat.

     

    - Quelques notes prises pendant la conversation avec le Président HOUPHOUËT

     

    Premier Entretien

     

    Sur position du Président MAGA.

     

    §  Volonté délibérée de compromettre le Président AHOMADÉGBÉ

     

    §  Affaire du prêt Ivoirien ;

     

    §  Fait de n'avoir pas jugé les conjurés pendant son mandat

     

    Tout ceci est fait pour condamner AHOMADÉGBÉ et montrer ainsi son incapacité à gouverner. Il s'agit de salir la mémoire d'AHOMADÉGBÉ, parce qu'AHOMADÉGBÉ est installé au milieu de la pourriture.

     

    Il faut qu'il ose ou alors qu'il se retire

     

    §  Proximité de l'arrivée de POMPIDOU. . Tout est en lui-même. Dans la mesure où il accepte de se battre, le concours matériel et moral peut lui parvenir.

     

    « On ne confie pas la garde des vaches à celui qui ne peut pas garder une poule » Proverbe

     

    *    A propos du départ de CHABIKAO.

     

    Si MAGA refuse, il se condamnerait. Donc l'occasion est bonne de demander que la mesure s'étende à tous les corrompus. A l'extérieur, on ne connaît que le chef du gouvernement, on connaît un régime. C'est AHOMADÉGBÉ le chef; s'il dit : « Je ne commande pas » il se condamne.

     

    Il faut qu'il soit ferme et redresser la situation avec une équipe qui inspire confiance.

     

    Il est au bord du gouffre ; la plus petite hésitation peut conduire à la catastrophe (Rappel de ce que disait le Président AHOMADÉGBÉ en invitant le Président HOUPHQUET à sortir de sa réserve pour intervenir dans la situation politique Dahoméenne).

     

    Fort de cet appel, renouvelé par votre arrivée providentielle, je lui dis qu'il n'y a pas une minute à perdre. Il faut oser. Je lui dis : « Si tu n'arrives pas, tu te retires dans la dignité, mais dans la satisfaction du devoir qu'on t'a empêché d'accomplir. Et tout le monde te respectera et tu pourras être un recours, ne serait-ce que sur le plan des conseils. Les ministres n'ont pas ta confiance et tu n'as pas la leur, parce que vous n'évoluez pas sur le même terrain, parce que, eux, ils veulent anémier l'Etat... »

     

    Le pouvoir n'est pas une fin, mais un moyen de servir. Si on est privé de moyens, le pouvoir ne sert plus à rien.

     

    Deuxième entretien

     

    II faut que nous aidions notre ami à se retrouver tel qu'il est ; aujourd'hui, il n'est plus tel qu'il est : il pratique une politique de soumission. Il ne faut pas qu'il devienne une boîte à lettres.

     

    II ne faut pas décevoir le Dahomey et ses amis de l'extérieur dont je suis.

     

    Aucun concours ne peut être bénéfique sans un assainissement de la situation, si la situation politique devrait changer peu après.

     

    Il faut tenir le taureau par les cornes

     

    C'est le moment plus que jamais, à l'approche de l'arrivée de POMPIDOU, d'avoir la situation en main. Aujourd'hui, je ne peux pas dire au Président POMPIDOU que c'est un régime solide qu'il faut soutenir. Les renseignements venant de Paris disent que tout le régime est instable et on parle d'un retour de ZINSOU.

     

    Il faut mettre fin à tout cela et c'est l'occasion d'être ferme.

     

    Il faut convoquer MAGA et APITHY et leur dire : « Je veux remanier le gouvernement, je me propose de changer les miens.

     

    On ne peut pas abattre l'entourage sans atteindre le chef.

     

    (Exemple : TSIRANANA, on lui demandait de changer ses ministres. Son refus entraîna sa chute.)

     

    L'union n'existe pas entre les trois Présidents ; il n'y a pas une politique du régime. La situation du Président AHOMADÉGBÉ est celle d'un chargé d'expédition des affaires courantes, et quelles affaires ? De sales affaires.

     

    Non, ce costume ne lui va pas.

     

    Se ressaisir. Ce n'est pas l'entourage, c'est le responsable qui doit se demander « Est-ce que je réponds à l'intérêt du Pays. Est-ce que je dois devenir complice d'une politique de corruption et de démission ?

     

    J'attends sa réponse dans la semaine. C'est des choses que je voulais lui faire connaître et votre venue est très opportune. Cela doit déboucher sur quelque chose. On peut l'aider à rester à la tête, mais ce n'est pas tout ; il faut que cela s'insère dans un ensemble.

     

    En se débarrassant de tous les corrompus, il restera l'homme honnête qu'il est ; en ce moment l'aide peut lui servir.

     

    CHABIKAO a dit : « Qui peut lui jeter la pierre ? » Cela veut dire que tout le monde est corrompu. Il faut qu'AHOMADÉGBÉ démontre qu'il n'a pas changé. Qu'il dise : « Depuis Mai, j'ai respecté mes engagements vis-à-vis du régime ; mais la situation oblige à opérer un changement ».

     

    Demander au peuple, s'il veut un changement et lui demander le pouvoir de le faire. Le destin donne une occasion. C'est une chance qu'il faut saisir. MAGA est obligé de lâcher son ministre ou de se perdre avec lui.

     

    S'il n'y a pas de changement, on va faire la conjugaison des condamnés.

     

    Vider l'abcès : battre le fer quand il est chaud

     

    1- Remanier le gouvernement

     

    2- Pratiquer une politique d'austérité

     

    3- Renoncer aux fonds secrets (on lui apportera l'aide qui lui permettra de renoncer à cela).

     

    Antoine Robert DÉTCHÉNOU

     

    Extrait des Mémoires de Jacques FOCCART

     

    MAGA n'avait pas quitté la place de gaîté de cœur. Il avait demandé à HOUPHOUËT de l'aider à se maintenir au pouvoir. Sans succès. À la fin de mars, il a fait la même démarche auprès de moi. Je lui ai répondu très fermement qu'il était hors de question que la France soutînt un tel coup de force. «Alors, avait-il conclu, je m'effacerai, mais AHOMADÉGBÉ n'en aura pas pour longtemps. » Le pronostic était exact, mais on aurait pu le faire aussi bien pour MAGA s'il était resté.»

     

    Jacques FOCCART parle

     

    Entretiens avec Philippe GAILLARD, (Tome II), Page 202

     

    Antoine Robert Détchénou

     


     

     

     

  • L’école dans l’errance

     

     Bénin : l’école dans l’errance

     

    Les gesticulations ou mises en scène observées ça et là ne sauraient venir à bout d’une l’école en déclin. L’on se risquerait à une inflation de publications si l’objectif était de faire l’inventaire des causes et manifestations de la baisse de forme de l’école béninoise. Je me propose de partir de certains événements pour  peindre le tableau sombre de cette institution, avec en pensée que l’image de l’école projetée finirait par susciter pitié et émouvoir ceux qui en ont la charge.  

     

    1-Le jeudi 3 mai 2012, la chaîne de télévision Canal 3 projeta les images d’un mouvement de protestation des apprenants du lycée technique agricole (Lta) de Kika. Les apprenants se sont mis en grève au motif que pendant 27 mois, leur formation s’est déroulée sans que le corps enseignant eût besoin d’équipements didactiques pour la maîtrise et l’approfondissement des connaissances. Ils déclaraient n’avoir utilisé pendant toute la période, que des boîtes de tomate perforées en guise d’arrosoirs. Le directeur qui n’a pas rejeté ces récriminations a argué de ce que les équipements didactiques étaient en instance de commande ; il a déclaré ensuite que même si les équipements étaient utilisés au cours de la formation, très peu d’apprenants pourraient avoir les moyens d’en acquérir au sortir du centre.

     

    2-Le jeudi 24 mai 2012,  il y eut sur la chaîne Golfe TV, le reportage d’une situation insolite au collège d’enseignement général de Anavié, dans la municipalité de Porto-novo. En effet, le terrain de sports a été transformé en un théâtre de jeux par des inconnus. Ces jeux attractifs mobilisent des personnes extérieures à l’établissement et des élèves qui désertent les cours. Le collège est devenu un no man’s land. Interrogé sur son indifférence face à une cohabitation jugée encombrante et nuisible aux activités pédagogiques, le directeur a pu déclarer : « aller intervenir pour ces genres de chose, je ne sais pas ce que ça peut donner. Nous allons écrire à la mairie pour voir ce qu’on peut faire ».

     

    Voilà deux situations qui ne sauraient laisser aucune personne sensée indifférente, d’autant que ce qui en cause, c’est la formation et l’éducation de la jeunesse. Kika et Anavié renseignent par ailleurs sur le management et la qualité des hommes aux commandes dans la plupart de nos administrations. Au demeurant, ils sont révélateurs des limites touchant la rigueur et le sérieux dans les modalités de désignation des responsables des structures administratives.

     

     Les propos de ces directeurs véhiculent enfin un enseignement : savoir parler, parler bien ou se taire, car l’homme ne doit pas parler, parce qu’il a une bouche. Plus de quarante années après la riche expérience des collèges d’enseignement moderne agricole (Cema), le Bénin mérite mieux que le Lta de Kika. Kika inspire en outre les analyses suivantes: i- la question de la formation ne semble pas être un enjeu majeur, parce qu’il est d’une évidence absolue que l’apprenant qui a vécu dans les conditions de formation décrites ci-dessus ne peut être compétitif, pas plus qu’il ne peut acquérir des compétences pour l’exercice d’une bonne carrière ; ii-les raisons qui président à l’ouverture d’un centre de formation au Bénin ne prennent pas forcément en compte un profil de sortie qui valorise la qualité des ressources humaines  iii- pour l’administration du lycée, l’utilisation des équipements didactiques n’est pas indispensable dans l’apprentissage, les conditions matérielles des apprenants étant un facteur déterminant de la qualité de la formation ; iv- l’enseignant qui accepte de diriger un établissement dans les conditions décrites ci-dessus, croit assurément au miracle. Il ne bénéficierait d’aucune situation atténuante si le miracle ne venait pas au rendez-vous; v-le Lta de Kika apparaît comme un creuset qui élargit le fossé entre la formation et l’emploi; vi- aucune raison ne peut justifier la mise en service du Lta de Kika dans  l’état qui est décrit.

     

    A quoi servent les milliards que le gouvernement engloutit dans le secteur de l’enseignement tous les ans  si les choses devraient en rester là ? On a plus de raisons de s’interroger sur la qualité des dépenses engagées. De toute évidence, la chanson des milliards fredonnée fréquemment tel un refrain ne saurait dédouaner le gouvernement de son indisponibilité à ambitionner et à mettre en oeuvre une politique cohérente qui favorise l’éclosion d’un système éducatif performant. L’école est un chantier complexe et difficile dont l’étendue des besoins est sans limite ; c’est l’école qui forme à la vie et pour la vie. L’économie ne saurait être un prétexte pour freiner sa marche.

     

     Les situations à Anavié comme à Kika mettent à mal l’efficacité du processus de l’enseignement/apprentissage/évaluation. Le directeur de Anavié qui se laisse faire devant l’anarchie qui se répand dans son établissement renvoie à une relecture de la mission du chef d’établissement scolaire et de l’école. On ne serait pas étonné qu’une situation comme celle-là se passât dans l’indifférence quasi totale de ceux qui sont chargés de réguler le fonctionnement du monde scolaire.  

     

    C’est à l’Etat qui a l’obligation constitutionnelle de «  garantir l’éducation des enfants et de créer des conditions favorables à cette fin » de s’assumer. En effet, depuis 1990, les différentes politiques disent faire de l’éducation la première priorité de l’Etat. Cette profession de foi n’a véritablement été accompagnée d’actes de grande ampleur, et les actions accomplies sur le chemin de l’école défient l’entendement. Le vide autour de cet engagement, additionné aux actes impromptus fait subir à l’école le poids de l’irrationnel. Kika en est une illustration. Pour s’être invitée dans le champ de la propagande, l’école s’est écartée de sa mission. Les recrutements massifs d’enseignants sans qualification professionnelle à la veille des consultations électorales de 2011 sont à cette fin et nous renvoient à plus de trente années en arrière avec le phénomène de jeunes instituteurs révolutionnaires. Depuis 1982, on avait pensé à tort que le Bénin avait mis un terme au recrutement sans formation de base des titulaires du bepc et du baccalauréat en qualité d’enseignants du primaire et du secondaire. Près de vingt cinq ans après, les décideurs rebroussèrent chemin en faisant l’option des contractuels locaux. Le recrutement de cette catégorie d’agents qui a supplanté l’entrée dans la fonction publique par voie de concours, enregistre déjà des cas de faux diplômes. De plus, les contractuels locaux constituent un problème pour le système : les séquelles engendrées par cette génération spontanée d’enseignants déteindront sur le devenir du Bénin et de la jeunesse. En somme, l’enseignement est devenu un pis-aller pour la plupart des diplômés sans emploi. La solution de replâtrage ou de rafistolage permanente est la preuve que les gouvernements successifs peinent à faire de l’école la première priorité. A l’instar de Sisyphe, voici notre école condamnée à un perpétuel recommencement.

     

    L’enseignement supérieur ne semble pas être à l’abri des valses. Le Bénin avec ses deux grandes universités et les faiblesses liées aux conditions d’études,  se targue d’avoir en projection pour 2015, la création de 22 centres universitaires. Le saupoudrage du territoire de centres universitaires aux conditions d’études et de formation exécrables est en soi un échec de la politique de l’éducation. Il y a à douter que l’université de Parakou qui peine à trouver ses marques, soit en mesure de rayonner sur des centres relevant de sa juridiction. Peine perdue pour qui prétend, dans sa position accroupie et courbée, porter l’enfant sur ses jambes, dit un adage béninois. Les résultats qui découleraient de la politique de création touts azimuts de centres universitaires sont prévisibles. Quel genre d’espoir pourrait par exemple susciter l’école nationale des sciences et techniques agronomiques (Ensta) de Kétou si au terme de trois années d’existence, l’état des lieux est ainsi qu’il suit : l’Ensta ne dispose pas d’infrastructures propres. Elle loge dans les locaux de la maison des jeunes et du palais royal : pas de centre de documentation et d’information ; la connexion au réseau internet wifi n’a été effective qu’en juin 2012. Entre-temps, les thèmes de recherche répartis par groupes d’étudiants, faisaient l’objet de business pour ceux  des étudiants dont les téléphones portables sont connectés à l’internet ; pas de personnel enseignant affecté, etc. Avouons que c’est trop. Et pourtant, ce n’est pas ainsi que les choses fonctionnent  dans les pays du nord auxquels nous aimons à nous identifier.  La surpopulation de l’université d’Abomey-calavi justifie la création de nouvelles universités et de nouveaux centres universitaires. Faute de satisfaire aux conditions minima, ces créations qui sortent de terre comme des champignons risquent de ne pas atteindre leur objectif principal à savoir, former des ressources humaines de qualité. C’est pourquoi, l’université qui est censée être un  haut lieu du savoir, ne devrait pas s’accommoder des options qui mettent à mal le développement. Il y a des raisons de s’inquiéter lorsque l’élite intellectuelle devient permissive à tout. La rigueur qui est l’une des caractéristiques de l’homme de science semble s’échapper de l’univers des pays pauvres très endettés.

     

    Que retenir de tout cela ? Sinon que l’école béninoise est malade. Elle est malade de ce qu’elle tend à devenir un lieu de formation d’ignorants ou de diplômés sans compétence. Elle est malade des décisions et comportements de ses dirigeants qui l’assomment chaque fois et la fourvoient. Elle est malade de l’absence d’une assistance de qualité. Je voudrais à ce sujet trouver grâce auprès de ces hommes aussi rares que les larmes de chien, dévoués à la cause de l’école, qu’on retrouve heureusement au niveau du corps de contrôle et d’encadrement, des chercheurs et professeurs qui font des choses remarquables. Leur engagement pour la qualité de l’école mérite admiration et considération. Car l’école malade, c’est le rendez-vous du développement qui est compromis. C’est pourquoi l’école doit rester debout en permanence et s’illustrer comme un véritable lieu de formation, un centre du savoir. Il serait superflu de penser y avoir suffisamment investi à un moment où tout semble à refaire. Encore que chaque  dépense engagée au profit de l’école doit être justifiée à travers sa pertinence L’acte de naissance d’une école n’est pas une condition suffisante de son développement et de sa promotion. Il faut en faire un creuset de la science et de la culture. Des acquis existent et pourraient contribuer à l’érection de ce boulevard. Le combat pour l’école est digne d’intérêt. Par conséquent, il mérite d’être mené ici et maintenant. Penons-y toute notre part pour la renaissance de l’école.

     

     

     

                                                                                      Paul C. ABITAN

     

  • CEP, examen national?

    Aujourd’hui le gouvernement organise  le certificat  d’études primaires (CEP)  au niveau  national. Je témoigne que c’est une honte .Ce sont les cadres gourmands du ministère    chargé  de l’enseignement  primaire  qui font faire à notre pays des dépenses inutiles. Tous ces  millions de francs  dépensés  le sont exclusivement  pour les poches des cadres  du ministère  parce que le CEP  peut très bien être organisé au niveau des circonscriptions scolaires. Il n’y a que des  attardés mentaux qui pensent que le CEP est encore et toujours important.  Personne ne veut dire combien cet examen coûte au budget national. Personne ne veut  dire  surtout ce qui va directement  dans la poche du Ministre et des membres de  son cabinet. Personne ne veut réfléchir  à la situation du pays et surtout aux effets de nos comportements  sur l’avenir des jeunes et de l’ensemble du pays. Il faut que  nos ministres et les cadres  de nos ministères   soient   plus sobres et qu’ils pensent un  peu plus au BENIN. Il est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de place pour le pays  quand on a besoin de cent millions pour se marier. La façon dont sont organisés les examens est une violence qu’on exerce sur nous  et contre laquelle nous  n’avons aucune possibilité de riposte. Or nous devons réfléchir à la riposte.

  • GOUVERNEMENT D'UNION NATIONLE?

     
    Depuis quelques temps, des bruits de plus en plus persistants font état de la mise en place d'un gouvernement d'union nationale qui comprendrait des ministres PRD, de l'UN, et naturellement de la RB et des FCBE. Quel est l'objectif d'un tel attelage gouvernemental? Il y a seulement un an la Cour Constitutionnelle a, dans le sillage de la CENA, proclamé Boni Yayi gagnant par KO. Aujourd'hui quel genre de difficulté accable donc Boni Yayi pour qu’il soit contraint d’appeler tout le monde au secours. J'ose espérer que cet attelage pourra l’aider à se sortir desdites difficultés. Boni Yayi se promène partout. Il va dans les pays qui sont en plein dans l’austérité, des pays où les travailleurs et l’ensemble des populations sont soumis à des violences intolérables. Dites à Boni Yayi que ce qu’il mijote dans sa tête ne marchera pas ici avec ou sans l’attelage envisagé

     

  • XWLAKOJI N’EST PAS A VENDRE !

    Je publie ce document parce qu'il exprime mes points de vue sur le vol organisé qui se déroule devant nos yeux.On vole les biens des populations et on leur demande de rester tranquilles pour sauvegarder la paix indispensable à la jouissance des fruits de la rapine des brigands. Cette paix n'est pas notre paix c'est notre guerre et on ne peut pas continuer ainsi.


    XWLAKOJI N’EST PAS A VENDRE !


    LA CITE HISTORIQUE NE DOIT PAS DISPARAITRE !

    Telle est la revendication principale des populations de Xwlakoji. Le pouvoir de Yayi Boni reste sourd et insensible à cette exigence. Indifférents aux souffrances des sinistrés des destructions qu’ils ont engagées, des représentants du Gouvernement Béninois, Le Ministre de l’Environnement Ahanhanzo Glèlè Blaise en tête, viennent se pavaner sur les ruines des maisons détruites comme pour narguer leurs victimes en compagnie d’opérateurs économiques étrangers. Les populations les ont accueillis avec des huées de protestations aux cris de Hélou éé. Les pouvoirs publics (Gouvernement et Mairie de Cotonou) doivent comprendre que les populations de Xwlakoji n’entendent pas se laisser sacrifier sur l’autel de la spéculation foncière. Elles sont déterminées à défendre, avec des moyens de lutte divers, leur cité qui est non seulement le berceau identitaire des peuples Xwla et Xwela mais également un village fondateur de Cotonou. Des acquéreurs éventuels doivent savoir qu’ils vont acheter un bien litigieux dont ils ne profiteront pas longtemps.
    Des rumeurs diverses sont répandues et entretenues par les ennemis de Xwlakoji visant à divertir les populations, les démobiliser, les disperser pour faciliter l’application des plans diaboliques de destruction de la cité. 1°) Ces rumeurs prétendent que les populations ont été dédommagées mais refusent de partir et se maintiennent en « squatters » sur les lieux. Faux ! répondent les populations. Tant que les pouvoirs publics n’apporteront pas le moindre début de preuve crédible (liste de bénéficiaires, conditions, dates et lieu des opérations), ces affabulations resteront des procédés méprisables. 2°) Ces rumeurs prétendent également que de hauts cadres Xwla et Xwela, amis et proches du pouvoir de Yayi Boni, s’activeraient dans l’ombre pour négocier des « solutions » aux problèmes des populations. De qui tiennent-ils ce mandat ? Pour éviter des compromis boiteux sur leur dos, les populations veulent rester actrices des négociations et savoir les revendications que portent tous ceux qui veulent bien participer à la recherche des solutions acceptables retenues en concertation avec elles. Autant elles sollicitent toutes les bonnes volontés, autant elles ne sont pas à la recherche de messies. 3°) Enfin, on prétend agir au nom de la modernité, et on ajoute qu’on ne peut faire des omelettes sans casser des œufs. C’est ignorer que le monde regorge de cœurs de villes, de véritables sites historiques et touristiques préservés au sein de nombreuses grandes villes. Certains cœurs de villes sont même interdits à la circulation automobile et réservés aux vélos, cyclomoteurs et piétons. En tout cas, au nom des services rendus à la Nation, au nom des épreuves et sacrifices subis par les peuples Xwla et Xwela, tout au long du processus qui a abouti au Port Autonome de Cotonou, actuel poumon de l’économie nationale, au nom de cette longue histoire, les œufs Xwla et Xwela ne sont pas à casser. Il n’est pas acceptable que l’on tente d’effacer la trace, la signature de ces deux peuples de l’histoire de la capitale économique du pays.
    Pour mener à bien leur lutte, les populations veulent se mobiliser autour d’objectifs de combats clairs et précis. Il est évident que les corrupteurs sont à l’œuvre sur le terrain et qu’il y a des corrompus au sein de la population. La vigilance doit être de mise sans perdre de vue l’essentiel. L’enjeu de l’heure est de sauver la maison Xwlakodji de l’incendie qui menace de la détruire et qui requiert la plus grande unité possible dans le combat. Deux structures ont fait leur apparition sur le terrain : a) Le Comité de Défense de Xwlakoji dont voici la deuxième prise de position et qui entend prendre part activement à cette lutte aux côtés de la population ; b) Le Comité de Représentation de la Population de Xwlakoji regroupant des représentants de Nonvitcha, de Nonvizan, de l’Association de Développement et autres, ainsi que les Elus locaux (Chef d’Arrondissement et les deux chefs de quartier) qui y disposent d’un statut de Conseillers ; ce Comité proclame sa volonté de travailler en étroite concertation avec la population.
    L’existence des deux structures n’est pas un obstacle en soi. Le plus important est qu’elles se mettent au service des aspirations de la population consistant à ne pas vouloir faire son bonheur sans elle et à se conformer à ce que nous indiquions dans notre première prise de position à savoir : «la nécessité de participer aux délégations qui négocient avec les pouvoirs publics avec compte rendu après chaque rencontre à toute la population qui est plus que toutes autres structures, compétente pour fixer les revendications, apprécier les résultats et adapter ses exigences en fonction de l’évolution des négociations. C’est la seule garantie de résister à la corruption qui gangrène tout et qui risque de dévoyer la lutte ».
    La pression doit être constamment maintenue sur les pouvoirs publics jusqu’à la satisfaction des revendications principales dont la première, l’incontournable et indispensable est l’abandon par le Gouvernement et la Mairie de Cotonou de tout projet de destruction de Xwlakoji. Cette exigence n’est pas un obstacle à l’aménagement et l’assainissement nécessaires des berges lagunaires et côtières. La pression prendra des formes diverses : Marches de protestations, Sit-in au Ministère de l’Environnement et/ou à la Mairie de Cotonou, Banderoles, Points de Presse, Affiches, Campagnes de solidarité avec et au profit des sinistrés, etc.
    Non à la destruction de Xwlakoji !
    Xwlakoji n’est pas à vendre !
    Cotonou, le 15 juin 2012.
    Le Comité de défense de XWLAKOJI.
     

  • EXTRADITION DE REFUGIES IVOIRIENS:Honte au gouvernement togolais

    Je publie la présente déclaration sur mon blog parce qu'elle exprime mon point de vue sur la question des refugiés ivoiriens.

     

     

    ORGANISATION POUR LA DEFENSE DES DROITS
    DE L’HOMME ET DES PEUPLES (O.D.H.P.)

    02 BP 1670 Cotonou (Rép. du Bénin)

    Tél : (229) : 21 03 23 98 / 97 88 84 18 / 97 98 82 18

     

     

     

    L’EXTRADITION DE REFUGIES IVOIRIENS EN AFRIQUE DE L’OUEST

     

    VERS LA CÔTE D’IVOIRE EST UN ABUS DE POUVOIR

     

    Monsieur Moïse Lida KOUASSI, réfugié ivoirien au Togo où il s’est exilé depuis plus d’un an, a été arrêté le mercredi 6 juin 2012 et a été extradé par les autorités togolaises en Côte d’Ivoire le même jour. On peut lire dans les colonnes du journal béninois  « La Nation » qu’il « était ministre de la Défense en septembre 2002 lors du coup d’Etat manqué de rebelles venus du Nord ivoirien contre M. GBAGBO. Il s’était fait discret depuis plusieurs années, et n’a pas occupé les avant-postes dans le camp GBAGBO durant la crise de 2010-2011 ».

     

    Les autorités togolaises sont dans un embarras évident pour expliquer leur acte :

     

    a.       Un responsable  de la Gendarmerie a expliqué que M. Lida Kouassi a été arrêté ce mercredi 6 juin 2012 "suite à un mandat d’arrêt international lancé contre lui en juin 2011" ; c’est typiquement le même genre de mandat d’arrêt qui visait au Bénin treize (13) réfugiés ivoiriens avec les mêmes chefs d’accusation :

     

    o   vol en réunion, à mains armées, commis avec violences et effraction ;

     

    o   détournements de deniers publics et complicités ;

     

    o   concussion et complicités ;

     

    o   atteinte à l’économie publique et complicités ;

     

    o   pillages et complicités ;

     

    b.      Le Colonel togolais Matieyendou Mompion a indiqué dans un communiqué qu’il lisait à la télévision nationale togolaise que "la perquisition effectuée à son domicile a permis la saisie de certains documents révélant l’existence d’activités subversives tendant à la déstabilisation du régime en place en Côte d’Ivoire".

     

    c.       Le Colonel Mompion a également expliqué : "En application des accords de coopération policière existant entre nos deux pays, il (M. Lida Kouassi) a été remis pour les suites de l’enquête à une délégation de l’interpol Côte d’Ivoire venue à cet effet".

     

    Pure coïncidence ou résultat d’une mise en scène, le Président Alassane OUATTARA était également présent à Lomé à l’occasion d’une réunion de l’UEMOA. Preuve s’il en est d’une complicité entre les gouvernants ouest-africains sur la base de parjures. Aujourd’hui, sur la base de pressions évidentes, le Togo procède à une extradition de réfugié ivoirien, pour donner l’exemple aux autres gouvernants ouest-africains. Le prétexte d’une perquisition ne visant qu’à se donner bonne conscience sur fond d’atteinte à la liberté d’opinion.

     

    En effet, selon la Convention de Genève (du 28 juillet 1951 relative au statut des Réfugiés), Article 33 - Défense d’expulsion et de refoulement : « 1.  Aucun des Etats contractants n’expulsera ou ne refoulera, de quelque manière que ce soit, un réfugié sur les frontières des territoires où sa vie ou sa liberté serait menacée en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques. (...) » ;« l’extradition d’un réfugié sur son pays d’origine ou de persécution constituerait la négation même du principe fondamental de non-refoulement (…) ». Dans le cas où un demandeur d’asile, même si le statut de réfugié lui a été refusé, fait l’objet d’une mesure d’éloignement du territoire, le choix de la frontière doit lui être laissé ; la remise aux autorités de son pays d’origine de toute personne se trouvant dans cette situation, n’est pas acceptable et constitue un abus de pouvoir. 

     

    L’ODHP dénonce l’attaque frontale des droits des réfugiés par les autorités togolaises comme partie intégrante d’un complot des gouvernants ouest-africains (en ce moment où les Présidents Boni YAYI et Alassane OUATTARA sont présidents en exercice respectivement de l’UA et de la CEDEAO) contre les libertés publiques et la Convention relative au statut des Réfugiés. En tout état de cause, l’ODHP met en garde le Gouvernement béninois contre toute extradition de réfugiés ivoiriens au Bénin vers la Côte d’Ivoire.

     

    Fait à Cotonou, le 11 juin 2012,

     

    Pour le Bureau Exécutif National de l’ODHP

     

    Le Président

     

    Signature illisible

     

    Gustave ANATO

     

  • La question des armes nucléaires

    Quand on écoute les pouvoirs occidentaux et leur manie de distribuer des qualificatifs aux autres en disant tel estun voyou, tel autre  incarne le mal, on est un peu perplexe. Il y a en effet  quelque chose de louche et de malsain dans cette histoire lorsque ceux qui disposent déjà des armes nucléaires, qui les développent chaque jour, veulent nous faire comprendre que ceux qui veulent disposer des mêmes armes sont des agents du mal.Mon cerveau n'arrive pas à suivre cette logique.J'ai toujours tenté de faire l'effort de ne pas donner ma voix au cerveau d'autrui.