Bénin-Témoignages - Page 28
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CITATIONS-1
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MANIFESTE DE LA LIGUE NATIONALE DE LA JEUNESSE PATRIOTIQUE-5
Il en sera surtout ainsi tant que les syndicats de la classe ouvrière dahoméenne continueront de se limiter à des actions épisodiques et purement corporatistes. S’arrêtant là, les syndicats n’ont pas encore clairement diagnostiqué les causes premières et lointaines de notre mal, et ils s’attaquent seulement à ses manifestations symptomatiques et superficielles. Ils ne voient pas encore les causes fondamentalement politiques du mal.
Aujourd’hui où les vielles forces politiques traditionnelles du pays commencent à s’agiter de nouveau pour revenir violer la conscience de nos masses, les travailleurs des villes et des campagnes doivent comprendre que depuis 1958, toute l’activité politique du Dahomey s’est cristallisée autour de trois hommes qui pensent s’identifier chacun à l’une des trois grandes zones géographiques naturelles du Dahomey : le Nord, le Centre et le Sud.
En fait de politique, nous n’avons connu jusqu’à ce jour que le culte idolâtre et fanatique de MM. Maga, Ahomadégbé et Apithy, dans leurs partis qui n’ont eu de programme et de doctrine que le tribalisme, le régionalisme et le népotisme. Et comme tous les faux dieux, aucun de ces démiurges n’a pu apporter le salut ni l’espoir à notre Peuple provisoirement prostré, parce qu’aucun d’eux n’a compris que le peuple Dahoméen était le vrai moteur de notre développement et le vrai producteur de richesse ; aucun d’eux n’a voulu faire confiance au peuple, s’appuyer sur lui, révéler sa conscience nationale et patriotique, et lui proposer un programme clair et une orientation progressiste. Ils ont tous tourné le dos au peuple pour courir se jeter dans les bras de leurs maîtres impérialistes dont ils n’ont cessé de nous chanter les « louanges » et les « bienfaits » ! Et au lieu de faire leur « mea culpa », ils se sont ingéniés à présenter une misère qu’ils ont aggravée, ou créée selon le cas, comme la rançon inévitable de l’accession à l’indépendance juridique. C’est pourquoi ils sont tous morts, bel et bien morts, de leur propre mort, dans la totale indifférence du Peuple. Mais une telle situation a profité avantageusement à l’impérialisme qui, utilisant en cela la stratégie coloniale du colonel Dodds n’hésitera pas à remettre les vieilles idoles sur leurs hôtels d’abjections.
Tout cela doit changer ! Et tout cela ne peut changer que si la jeunesse patriote de notre pays le veut et s’organise en conséquence ; tant il est vrai que la richesse du Dahomey est une richesse humaine : c’est la vitalité de sa jeunesse jusqu’ici inexplorée et inexploitée. Et tout pays dont la jeunesse attend passivement et voit venir les événements sans chercher à les provoquer et les contrôler, est un pays malade et atteint de débilité sénile. Si les vieux ont eu à bâtir le passé il revient aux jeunes de jeter les fondations solides d’un avenir plus beau et d’en être les architectes.
(EXTRAIT DU MANIFESTE DE LA LIGUE NATIONALE DE LA JEUNESSE PATRIOTIQUE LNJP 09 FEVRIER 1968)
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DECLARATION DE DECEMBRE 2012
PARTI SOCIAL DEMOCRATE LE BELIER
(PSD-BELIER)
DECLARATION DU 16 DECEMBRE 2012
COMMUNIQUE DE PRESSE
L’an deux mil douze et le dimanches 16 Décembre s’est tenue la session mensuelle du Bureau Politique du Parti Social Démocrate le Bélier (PSD- BELIER).
Plusieurs points étaient inscrits à l’ordre du jour de cette session en particulier:
L’analyse de la situation politique nationale et la question de la Convention Patriotique des Forces de Gauche.
A l’issue des travaux de la session, le Bureau Politique du PSD-BELIER a décidé de rendre publique la Déclaration que voici.
S’agissant du premier point, le Bureau Politique a noté avec angoisse la détérioration générale de la situation politique, économique et sociale dans le pays. Dans le domaine politique la liberté d’expression n’existe plus dans notre pays aujourd’hui. La HAAC dirigée par Théophile Nata est devenue l’outil de répression des libertés publiques. Nous nous retrouvons dans la même situation qu’en 1989 alors que nous sommes sensés vivre dans un régime de multipartisme. C’est d’autant plus insupportable que ces personnes n’ont jamais participé à aucun combat pour l’émancipation du peuple militant du Bénin.
Dans le domaine économique la situation nationale est caractérisée par l’aggravation de la pauvreté qui frappe très durement les couches populaires du pays. Selon un classement publié dans les médias, le Bénin occupe le dernier rang au sein de la CEDEAO, il a près de sept cents milliards de dettes .Au Bénin le chômage frappe plus de 70% des jeunes. Face à cette situation le gouvernement de Boni Yayi use de subterfuge, de mensonge et de provocation. Boni Yayi n’a aucun respect de la parole donnée.
La situation sociale, elle, est marquée par les mouvements de résistance des travailleurs face à l’oppression et à la provocation. Boni Yayi a commencé à spolier les travailleurs de leurs droits essentiels dont le droit de grève déjà interdit aux douaniers. Quant aux autres travailleurs, ils sont sous la menace de l’interdiction du droit de grève. Les travailleurs ne peuvent pas rester sans réagir face à cette soif effrénée de domination.
S’agissant de la question liée à la Convention Patriotique des Forces de Gauche, il convient de rappeler ce que le Bureau Politique du PSD-BELIER a écrit en 2011.
En effet en 2011, le Bureau Politique du PSD-BELIER a fait le point de l’année électorale marquée par la vaste escroquerie que constitue l’organisation des élections en 2011. Dans la Déclaration de Juillet 2011, le Bureau Politique a indiqué la mission essentielle des Forces de gauche et de progrès à partir de ces élections frauduleuses en ces termes : « La Gauche béninoise et les Forces de Progrès ne peuvent pas baisser les bras face à l’imposture qui s’installe devant nos yeux.
La Gauche béninoise et les Forces de Progrès doivent remplir la mission que leur impose la situation du Pays. Quelle est cette mission ? La mission fondamentale qui s’impose à la Gauche, aux Forces de Progrès et à l’ensemble de notre peuple est d’ORGANISER L’OPPOSITION, la véritable opposition, celle qui doit être capable d’opérer les changements nécessaires pour la jeunesse, pour le Pays, pour ses hommes, pour ses femmes, pour son avenir »
Plus loin le Bureau Politique du PSD-BELIER a écrit : « Le PSD-BELIER est d’ores et déjà prêt à travailler à toute initiative ayant pour objectif de fédérer toutes les Forces de Progrès dans le pays. Il s’agit là du combat le plus important à l’heure actuelle.
Ce combat est aussi le combat de l’ensemble du peuple marginalisé par cette démocratie des riches, une démocratie de tricheurs et de fraudeurs qui enfonce le pays chaque jour un peu plus dans la misère, la pauvreté, l’ignorance, et la maladie. Une démocratie des riches qui développe une politique qui sacrifie l’avenir de notre pays, une politique sans perspective et sans prospective. » Telle est la position du parti exprimée dans la Déclaration de Juillet 2011.
Le 14 Août 2012, trois partis politiques ont fondé la Convention Patriotique des Forces de Gauche. Il s’agit du Parti Communiste du Bénin (PCB) , du Creuset pour le Développement et le Progrès (CDP) et du Parti Social Démocrate le Bélier ( PSD-BELIER) Avec la fondation de la Convention Patriotique des Forces de Gauche, le peuple béninois dispose d’un outil supplémentaire de combat. Par la fondation de la Convention Patriotique des Forces de Gauche, nous avons engagé un processus qui doit contribuer grandement au combat émancipateur du peuple béninois. La fondation de la Convention Patriotique des Forces de Gauche doit sonner le rappel des forces de progrès pour engager le Bénin sur la voie du développement dans l’intérêt du plus grand nombre des Béninois et non dans l’intérêt d’une petite minorité arrogante qui ruine le pays.Jusqu’ici ce sont ceux qui n’ont pas participé aux luttes qui en ont ramassé les fruits. Maintenant, il sera de plus en plus difficile que les victoires des combats des travailleurs et des progressistes soient volées comme ce fut le cas en 1963, en 1965, en 1967, en 1969, en 1972 et en 1989-1990.
Ainsi, grâce au travail du PCB surtout, nous avons pu mettre en place cet outil que nous devons à présent tout faire pour perfectionner et développer. Nous avons donc contribué à la réalisation de la plus importante mission des forces de progrès à l’étape actuelle.
La Convention Patriotique des Forces de Gauche a mis en place une coordination provisoire qui s’est mise au travail. Entre autres activités, elle a rencontré des organisations de travailleurs, de jeunes, d’étudiants, de femmes. Pour faire sa première sortie publique, la Convention Patriotique des Forces de Gauche a décidé d’organiser une marche Pacifique pour réaffirmer la volonté d’émancipation du peuple béninois. Cette marche pacifique s’est bien déroulée le 11 Décembre2012. Voici un extrait de la déclaration des participants à cette marche qui fut une victoire historique, la première victoire de la Convention Patriotique des Forces de Gauche
« A l’initiative de la Convention Patriotique des Forces de Gauche (regroupant le PCB, le PSD-Bélier et le CDP), les organisations de travailleurs, de femmes et de jeunes dont notamment la CSTB, FéSYNTRA-Finances, ODHP, UNSEB, JEP, MFLPP, UNAPEEB, la Coordination des Comités d’Action des usagers des Marchés du Bénin, ALD, Mouvement Chrétien pour Changer le Monde, ont organisé, en commémoration du 11 décembre 1989, une marche pacifique ce jour mardi 11 décembre 2012 afin de réaffirmer le rejet par le peuple de l’autocratie.
Partis de la Place de l’Etoile Rouge, les manifestants, venus des différents secteurs et régions du pays, ont, à travers leurs banderoles, pancartes, slogans et tout au long de leur parcours, exprimé avec émotion leurs inquiétudes en rapport avec les dérives dans la gouvernance du pays faite d’assauts continus contre les libertés d’opinion et de presse avec le concours de la HAAC (Le Béninois Libéré, Bonjour Citoyen, Actu Matin, Nouvelle Tribune, etc.), et l’immixtion de l’Exécutif dans les affaires judiciaires, d’appels aux affrontements régionalistes (cf. message du Chef de l’Etat du 1er août 2012), de disparitions et d’assassinats non élucidés de citoyens, d’organisation d’élections truquées, de vie chère, de chômage pour les jeunes, d’impunité, de corruption et d’arbitraire quotidien au sommet. Mais, ils ont surtout clamé avec ferveur et détermination, leurs revendications relatives à la misère faite aux travailleurs et au peuple ainsi que la réaffirmation de leur rejet de la dictature autocratique qui se réinstaure sur le pays. »
Cette marche a été une grande victoire l’historique pour la Convention et les autres organisations et mouvements qui y ont participé. Cette marche a montré la profondeur de l’oppression politique dans notre pays. En effet aucun média (public ou privé) n’a osé montrer les images de cette marche par crainte d’être massacré par la HAAC devenue l’outil de répression des libertés dans notre pays. Le peuple béninois qui a subi très durement la dictature de Kérékou et des siens et qui a fini par la vaincre ne peut accepter que s’installe une autre dictature de gens qui, dans leur vie n’ont jamais participé à aucun combat pour l’émancipation de note peuple militant. Leur histoire est une histoire morne de jouisseurs impénitents, de tricheurs et d’opportunistes sans vergogne. Leur vie est une honte de notre pays et dans notre pays. Le peuple béninois triomphera à coup sûr de cette nouvelle dictature dans son combat pour l’émancipation.
Et maintenant quelle va être notre tâche pour 2013
Nous devons développer et renforcer le PSD-BELIER afin de mieux contribuer au renforcement de la Convention Patriotique des Forces de Gauche. Celle-ci doit amplifier son combat et porter plus haut le drapeau de l’émancipation du peuple au cours de l’année 2013.C’est pourquoi nous devons travailler à un plus grand ralliement des forces de progrès afin qu’elles adhèrent aux idées de la Convention Patriotique des Forces de Gauche.
Le Bureau Politique du PSD-BELIER appelle donc tous les militants du parti et tous les sympathisants à renforcer leur combattivité et à s’engager partout dans les combats pour l’émancipation du peuple béninois.
Enfin le Bureau Politique souhaite à tous et à toutes une bonne et heureuse année 2013, une grande année de militantisme au service de la patrie béninoise.
Pour le Bureau Politique du PSD-BELIER Le Président Goras GAGLOZOUN
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MANIFESTE DE LA LIGUE NATIONALE DE LA JEUNESSE PATRIOTIQUE-4
Tout irait certainement mieux si les sociétés d’exploitation capitalistes de la place étaient sérieusement contrôlées et correctement imposées, si une politique conséquente des prix et des loyers était pratiquée et si la nationalisation hardie de certains secteurs d’activités vitaux de la Nation était engagée. Tout irait certainement mieux si les concessionnaires et les fossoyeurs de nos finances publiques étaient châtiés de manière exemplaire, et si les biens scandaleusement mal acquis par ces mauvais citoyens étaient restitués au peuple. Le peuple dahoméen qui est doué d’un génie créateur extraordinaire et qui est capable de très grands sacrifices lorsqu’il sait que ses sacrifices servent réellement sa dignité et sa souveraineté sur tous les plans, sait aussi que tout irait mieux le jour où émergerait de son sein, dans la lutte, d’authentiques dirigeants en mesure de défendre courageusement et jusqu’au bout ses intérêts fondamentaux et légitimes.
Oui ! Notre peuple saura étancher sa soif légitime de dignité de respect de sa souveraineté nationale et internationale. Trop longtemps il a été ulcéré dans sa chair et dans son âme des humiliations et des vexations constantes que certains impérialistes se font aujourd’hui un malin plaisir de lui infliger. Et, au lieu d’une sincère amitié avec notre peuple, l’expérience a démontré plus d’une fois que ses soi disant nos « amis », préfèrent sceller sur notre dos une amitié personnelle avec les valets qu’ils ont hissés au pouvoir. Notre Peuple n’a pas la mémoire courte et il se souviendra qu’aux heures douloureuses de son histoire alors qu’il se débattait dans les difficultés, ses « Amis » (!!) lui ont préféré des individus qu’il à définitivement vomis. Notre peuple saura mettre fin à la vassalisation de sa politique extérieure vis-à-vis de l’étranger, reconnaître ses vrais amis ; il saura faire taire définitivement les sempiternelles jérémiades des valets locaux qui, lorsqu’ils ne sont pas « revenus les mains vides » (!!) de Paris ou de Washington, mais les poches vides, nous ont toujours ravalés, et sans vergogne, au rang de tristes mendiants internationaux il faut que ça change !
En octobre 1963, le peuple Dahoméen s’est dressé comme un seul homme et, armé de simples rameaux, symbole de son pacifisme il a renversé le régime impopulaire anti-national du PDU. Mais très vite les fruits de ce soulèvement populaire lui furent usurpés par une poignée non moins anti-populaire et anti-nationale de la bourgeoisie nationale regroupée dans le PDD. Ce ne pouvait donc être qu’un simple changement d’hommes à la tête de l’Etat, mais non pas d’orientation politique et de méthode de travail.
Tout récemment avec les grandes journées de grèves de Décembre 1967, la victoire incontestable des travailleurs sur le régime militaro- bureaucratique du Général SOGLO, quoique importante, est restée incomplète, et pour cause. Demain, il en sera ainsi tant que l’armée continuera d’être la seule force organisée et disciplinée de ce pays, tant que les masses laborieuses ne mettraient pas sur pied, démocratiquement leur propre organisation pour défendre leurs intérêts et lutter contre les exploiteurs de notre pays. Il en sera surtout ainsi tant que les syndicats de la classe ouvrière dahoméenne continueront de se limiter à des actions épisodiques et purement corporatistes. S’arrêtant là, les syndicats n’ont pas encore clairement diagnostiqué les causes premières et lointaines de notre mal, et ils s’attaquent seulement à ses manifestations symptomatiques et superficielles. Ils ne voient pas encore les causes fondamentalement politiques du mal.
(EXTRAIT DU MANIFESTE DE LA LIGUE NATIONALE DE LA JEUNESSE PATRIOTIQUE LNJP 09 FEVRIER 1968)
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MANIFESTE DE LA LIGUE NATIONALE DE LA JEUNESSE PATRIOTIQUE-3
Les boutiques, les stations d’essence ou autres, ne se sont-elles pas multipliées le long des rues de Cotonou et à travers tout le territoire depuis sept ans ? Et ce, en dépit de l’abattement général des 25% ! C’est là la réalité qu’on veut à tout prix nous cacher.
L’Etat dahoméen est pauvre, et ce à cause de la politique de vassalisation et de démission nationale de ceux qui l’ont dirigé jusqu’à ce jour : soit ! Mais, le Dahomey, notre Patrie, Non ! Au risque de passer pour des « fous » aux yeux de certains, nous osons affirmer aujourd’hui que le Dahomey n’est pas pauvre ! Ses richesses ne profitent pas à ses fils qui les produisent, mais aux puissances étrangères qui nous exploitent : c’est là une réalité qu’on à le devoir de reconnaître. Le reste n’est que pure mythologie.
Le Dahomey est riche ! Il est riche des bras vigoureux et des cerveaux créateurs de ses fils, il est riche de la vitalité de sa jeunesse, pourvu que le peuple ait confiance en lui-même, s’organise et se mobilise dans une lutte à la dimension des temps pour la suivie de la patrie. Le Dahomey est riche de ses terres et de ses eaux qui ne demandent qu’à être exploitées par et pour les Dahoméens. Notre pays est riche d’un potentiel humain, intellectuel et moral insoupçonné qu’aucun régime politique jusqu’ici n’a jamais su mettre en branle dans la voie de la construction nationale. Telle est la vérité !
Mais la vérité aussi, c’est que notre économie est dominée par la mainmise étrangère sur notre commerce par la Chambre de Commerce, les Cies FAO, SCOA, J. WALKDEN, J. HOLT ? G. NEGRE ? CITEC (Boussac), BATA, CCDEE, SOCOPAO, les assurances…le tout solidement encadré et appuyé des Banques étrangères par lesquelles notre argent est pompé et déversé hors de nos frontières. Notre agriculture est aux mains des organismes « d’intervention étrangères » (!!) tels que les SATEC., BDPA, CFDT ? (Boussac) ? CAITA qui se comportent en vrais seigneurs de nos terres, fixent arbitrairement les prix d’achats de nos produits aux paysans impuissants. A ce sujet, un seul exemple entre mille autres non moins révoltants nous édifierait : c’est que, dans un village agricole pilote de Kétou, sur une vente totale de 1 300 000 francs de coton pour la campagne 1967 – 1968, la CFDT prélève 684 000 francs pour les frais d’insecticide et d’engrais ; soit 54,50% du prix de vente total !!! Que resterait-il au paysan producteur après déduction du prix de la main d’œuvre et des frais divers ? Du servage en plein XXe siècle ! Et dans un pays qu’on dit volontiers « essentiellement agricole » (!!) le paysan n’a plus la possibilité d’obtenir un crédit agricole, parce que ses crédits sont réservés de préférence aux organismes « d’intervention » précités. Paradoxe peut être ? Mais toute fois politique conséquente et concertée de l’impérialisme ! Car en fait, on pourrait se demander si les nombreux ingénieurs agronomes, du Génie Rural, des Eaux et forêts et des Travaux Agricoles dont le Dahomey peut aujourd’hui se glorifier, n’ont été formés dans les grandes écoles d’Europe que pour être chez eux claquemurés dans les bureaux moisis et vides où ils s’ennuient et s’enrhument. Ces cadres nationaux, on ne peut plus valables, ne pourraient-ils pas remplacer efficacement les agents de ces fameux organismes « d’intervention » qui interviennent un peu trop dans notre économie ?
Tout irait certainement mieux si les sociétés d’exploitation capitalistes de la place étaient sérieusement contrôlées et correctement imposées, si une politique conséquente des prix et des loyers était pratiquée et si la nationalisation hardie de certains secteurs d’activités vitaux de la Nation était engagée.
(EXTRAIT DU MANIFESTE DE LA LIGUE NATIONALE DE LA JEUNESSE PATRIOTIQUE LNJP 09 FEVRIER 1968)
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MANIFESTE DE LA LIGUE NATIONALE DE LA JEUNESSE PATRIOTIQUE
Cette méfiance existe encore et elle traduit la peur que l’impérialisme et particulièrement l’impérialisme français, a devant notre historique esprit de révolte contre la domination étrangère ; les impérialistes savent que notre Peuple est vraiment capable de prendre en main sa destinée et de faire du Dahomey un Etat réellement souverain et prospère. Aussi s’évertuent-ils à nous retarder par les moyens les plus sournoisement pernicieux.
On nous décourage et on ne cesse de nous rebattre les oreilles par la prétendue « pauvreté du Dahomey » ! On en a d’abord convaincu nos différents gouvernements qui, avec les grands moyens d’information à leur disposition, tentent désespérément d’en persuader le peuple. Aussi, le Dahoméen moyen est-il porté à croire, voire répéter comme un catéchisme que le Dahomey est condamné à la pauvreté et qu’il ne saurait, à moins d’une rédemption « messianique » de l’étranger, bâtir sa prospérité économique en comptant sur ses propres forces. Et on lui a imposé le culte idolâtre de cet étranger généreux et bon, seul sauveur du Dahomey. On est allé même jusqu’à vouloir faire croire au Peuple que les maux dont il souffre étaient inhérents à son accession à l’indépendance, et lui faire regretter « le bon vieux temps colonial » (!!) de la loi Lamine Guèye, des rappels de solde, cet âge d’or sans abattement de 25%. Autrement dit, le peuple dahoméen se bat aujourd’hui dans la misère parce que l’étoile qui nous guidait naguère ne brille plus dans nos cieux, et qu’avec l’indépendance de 1960, la fée généreuse, effarouchée, s’est enfuie emportant sa corne d’abondance. Mythologie des mythologies, et tout cela n’est que mythologie !
Mais le peuple Dahoméen doit savoir, doit voir que, que dans notre pays « pauvre », ce « damné de la terre », les compagnies et entreprises étrangères prospèrent sans entrave ; la courbe de leur chiffre d’affaires particulièrement depuis 1960 reste constamment ascendante malgré l’abaissement général du pouvoir d’achat de la population. Les boutiques, les stations d’essence ou autres, ne se sont-elles pas multipliées le long des rues de Cotonou et à travers tout le territoire depuis sept ans ? Et ce, en dépit de l’abattement général des 25% ! C’est là la réalité qu’on veut à tout prix nous cacher.
(EXTRAIT DU MANIFESTE DE LA LIGUE NATIONALE DE LA JEUNESSE PATRIOTIQUE LNJP 09 FEVRIER 1968)
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MANIFESTE DE LA LIGUE NATIONALE DE LA JEUNESSE PATRIOTIQUE
MANIFESTE
Notre Dahomey est une voix d’accès et de rayonnement dans l’Afrique de l’Ouest par le Golfe du Bénin. Ce pays, après une héroïque résistance à la pénétration coloniale française dirigée par les grands patriotes BEHANZIN, BIO GUERRA et autres, n’est tombé au pouvoir de l’envahisseur étranger en 1894 qu’à la faveur de contradictions savamment exploitées entre le roi de Porto-Novo et celui d’Abomey. Après soixante six ans de domination coloniale française, nous devions grâce au courant irrésistible de libération nationale et à la lutte du peuple Dahoméen, reconquérir notre indépendance juridique le 1er Août 1960. Mais en faite, le pays ne jouit pas de tous ses droits souverains politiques, économiques, sociaux et culturels. Il est encore sous la roulette du néocolonialisme. Et la même stratégie qui a permit au colonel Dodds de s’introduire chez nous, continue d’être pratiquée avec un art consommé par les impérialistes pour dominer et contrôler la vie politique, économique, sociale et culturelle de notre pays. Et cela, presque impunément, avec la bénédiction et l’appui même de certains « enfants » (!!) du Dahomey.rte que tout doucement, la grande majorité des Dahoméens a été vaincue par l’opium de la flagornerie et du découragement qui leur était insidieusement inoculé avec l’aide ! même de leurs « frères » !!. Et quelle fraternité ! Celle de Caïn et d’Abel ! Ainsi nous nous sommes volontiers laissé emprisonner dans les carcans dorés de mythes et d’idolâtries politico-économiques que les Jeunes doivent avoir aujourd’hui le courage de briser pour se libérer définitivement.
On nous flatte bassement pour mieux nous isoler des autres peuples africains, pour mieux nous opposer les uns aux autres et perpétuer tranquillement l’exploitation de notre pays. C’est ainsi que l’on se plaît aujourd’hui encore à nous prêter des attributs aussi séduisants que vains tels que : « Quartier latin d’Afrique » ! « Chantier de l’intelligence africaine » !
Mais le peuple Dahoméen dans sa grande majorité sait que, dans le même temps, le colonisateur rendu méfiant par notre génie créateur et notre volonté émancipatrice, a implanté son infrastructure scolaire et universitaire partout ailleurs dans l’ex-AOF… sauf dans le prétendu « Quartier latin », sauf sur le « Chantier de l’intelligence africaine »
Cette méfiance existe encore et elle traduit la peur que l’impérialisme et particulièrement l’impérialisme français, a devant notre historique esprit de révolte contre la domination étrangère ; les impérialistes savent que notre Peuple est vraiment capable de prendre en main sa destinée et de faire du Dahomey un Etat réellement souverain et prospère. Aussi s’évertuent-ils à nous retarder par les moyens les plus sournoisement pernicieux.
(EXTRAIT DU MANIFESTE DE LA LIGUE NATIONALE DE LA JEUNESSE PATRIOTIQUE LNJP09 FEVRIER 1968)
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ECONOMIE
Mission de l’Union Européenne sur la campagne cotonnière : Des dizaines de milliards de déficit révélées
Il y a quelques jours, il a été dit en filigrane dans une de nos récentes parutions, que le prix de revient du coton issu de la campagne 2012-2013 serait largement au dessus de son prix de vente. Des experts de l’Union Européenne viennent de confirmer la chose. Le Trésor public va perdre des dizaines de milliards de francs Cfa à l’issu du processus de la campagne cotonnière 2012-2013.
A l’entame, il faut rappeler que suite aux dysfonctionnements constatés dans la filière au cours de la campagne 2011/2012, le Gouvernement a pris la décision de suspendre l’Accord Cadre signé avec l’AIC et de faire gérer, à titre exceptionnel, la campagne 2012/2013 par les Institutions d’Etat, la Sonapra, l’ONS, le CeRPA, les CeCPA et l’ensemble de l’Administration Centrale. Il faut ajouter aussi que dans le cadre des différents appuis que l’Union Européenne apporte au Bénin, il existe un projet d’appui à la filière coton. Une mission d’évaluation dudit projet effectuée courant octobre-novembre 2012, a produit un rapport qui répond à de nombreuses interrogations.
Grâce à cette mission de l’Union européenne, on apprend par exemple qu’en tout et pour tout c’est 336.603 ha qui ont été ensemencés cette année grâce à la distribution de 8.915 tonnes de semences dont 4.894 tonnes fournies par AIC. La mission de l’Union Européenne après avoir écouté les égreneurs privés sur le taux que leur propose le gouvernement et le taux auquel ils réalisent d’ordinaire le travail d’égrenage, conclut que « …Si la négociation aboutissait à un forfait inférieur, la prise en compte de ce dernier dans le bilan de la campagne augmenterait d’autant le résultat global de la filière, mais pourrait pénaliser à terme les industriels… ».
Dans le même rapport d’évaluation, il est dit d’une part que le coût du coton sur le marché international est plus que dépressif, que compte tenu de la forte baisse anticipée des importations chinoises, les perspectives pour le reste du monde en 2012/13 sont fortement baissières. D’autre part on apprend que les provisions actuelles de la Chine grosse importatrice du coton sont telles que son arrivée sur le marché est plus qu’hypothétique.
Un extrait qui en dit long
Mais au-delà de toutes les données (non exhaustives) révélées plus haut le plus intéressant pour le béninois est de savoir ce que rapporte finalement le coton issu de la campagne 2012-2013 aux caisses de l’Etat. A ce propos le rapport de la mission d’évaluation est arrivé à la conclusion qu’on est face d’ « un bilande campagne 2012/2013 particulièrement déficitaire pour les finances de l’Etat. ».
Voici les explications contenues dans l’extrait ci-dessous.
« … La prise en compte de ces diverses hypothèses permet d’attendre un résultat négatif qui dans le meilleur des cas atteindra 9.1 milliards de f CFA et dans le pire des cas 19.7 milliards f CFA. Mais à ce déficit d’exploitation il conviendra d’ajouter les subventions intrants (9.4 milliards) et perspectives de gap lié au remboursement partiel des produits de traitement (4.5 milliards) portant le déficit de campagne respectivement à 29.4 milliards dans le meilleur des cas et 39.7milliards dans le pire des cas (cf. annexe 15). Ces hypothèses sont bâties sur un taux de change €/$ de 1,30. Il convient enfin de préciser que ces hypothèses ne prennent pas en compte :
a. Le cout des agents du Ministère qui ont été mobilisés pour 80% de leur temps depuis mars 2012 à ce jour. Le budget du Ministère étant de 51 milliards, on peut estimer de manière très grossière que 40 milliards ont servi la filière coton.
b. Au cours de la mission, sont arrivés les engrais initialement commandés par le Gouvernement pour la campagne 2012/2013 mais qui ne pouvaient arriver à temps. S’ils sont imputés sur la campagne 2013/2014, il va sans dire qu’en trésorerie, ils doivent être réglés, dans le meilleur des cas, avant fin décembre 2012 sinon avant, suivant les termes des contrats. Cela peut représenter 24 milliards à débourser en plus.
c. Pour la campagne 2013/2014, le cout de ces engrais devra tenir compte des charges de stockage sur 6 mois.
14. Une analyse différente de celle présentée par l’ONS. La perspective d’un résultat positif de 8 milliards de f CFA présentée par l’ONS est difficile à expliquer mais peut provenir d’un certain nombre d’éléments que l’on peut imaginer sans pour autant pouvoir certifier qu’ils peuvent justifier cette différence, n’ayant eu aucune explication sur le mode calcul:
a. La non prise en compte des 20 f /kg de fonctions critiques en considérant que la Recherche dispose d’un budget, que les semences ont été préparées par l’AIC, que l’encadrement par les CeCPA et le cout des nouveaux moniteurs sont pris en charge dans le budget de l’Etat etc. Ces fonctions critiques représentent 8 milliards f CFA
b. Une négociation avec les égreneurs qui ne prend pas en compte les charges fixes. Suivant le déroulement des négociations entreprises entre le Gouvernement et les égreneurs, il semble que le remboursement des charges fixes d’égrenage pose un problème et n’était pas envisagé au niveau attendu par les égreneurs. La suppression de ce remboursement dégagerait certes 4 milliards f cfa mais poserait un grave problème de confiance pour l’avenir. Comment imaginer qu’un futur investisseur puisse envisager intervenir dans la filière dans ce contexte de mauvaise appréciation de ses couts.
c. La suppression des frais généraux de structure en considérant que les activités menées par SONAPRA et l’ONS en substitution des égreneurs ne génèrent aucun frais généraux. Cela représente 6 milliards f CFA. Même en prenant en compte ces écarts, le résultat est toujours négatif et doit par ailleurs intégrer la subvention engrais et le non remboursement à 100% des crédits, retenu comme hypothèse de base.
15. Des options de transformation locale pour éviter la chute des cours internationaux. Lors de la mission, certains des interlocuteurs ont émis l’hypothèse de faire transformer partie de la fibre produite par les industries nationales. Cette hypothèse fort intéressante à priori risque malheureusement de ne pouvoir avoir d’impact significatif sur le résultat pour deux raisons :
a. Sur les 8 unités industrielles recensées, 5 sont actuellement fermée avec arrêt d’activité et sur les 3 résiduelles, une seule semble être en pleine activité et deux tournent au ralenti.
b. Les contrats passés avec les égreneurs, pour ce qui est de la détermination des prix de cession de la fibre, se réfèrent au cours international moins les frais non exposés, ce qui signifie que cette option ne se dégage pas de la tendance à la baisse des cours internationaux.
Francis Z. OKOYA